Commerces fermés passé minuit : quelles sont les pistes de solutions

ÉCONOMIE. Finissant son quart de travail à la caserne à minuit lundi de la semaine dernière, le pompier latuquois Simon Pageau rencontre un couple avec un enfant qui arrive de Chapais. Le couple signale avec ses phares qu’il cherche un endroit pour s’arrêter le temps de faire le plein d’essence, pour y trouver quelque chose à boire avant de reprendre la route.

M. Pageau se désole : il n’a pas d’endroit à suggérer aux voyageurs, vu que plus rien n’est ouvert à cette heure. Il leur demande s’il peut leur fournir quelque chose pour les accommoder. Le couple, s’il n’a pas assez d’essence pour gagner Shawinigan, doit loger à l’hôtel.

Traditionnellement, le hibou qui pique un clin d’œil du Couche-Tard est associé à une bannière qui ne dort jamais, mais ce n’est plus le cas à La Tuque. Le dépanneur avec une station-service doit fermer ses portes la nuit. Même le Tim Hortons, situé tout juste à côté, n’est plus en mesure d’ouvrir 24 heures durant.

La raison ? La pénurie de main d’œuvre chasse les travailleurs de ces endroits pourtant essentiels autant pour les clients locaux que pour les voyageurs.

Les dépanneurs, les stations-service, qui recherchent de la main d’œuvre sont nombreux à publier des offres d’emploi.

«Couche-Tard s’engage à maintenir ses magasins en activité, car nous savons que nos clients comptent plus que jamais sur nous pour s’approvisionner en carburant et en marchandise durant cette crise. Toutefois, nous avons dû réduire les heures d’ouverture de la succursale située au 1044, boulevard Ducharme à La Tuque en raison d’un manque d’employés. Aussitôt les postes comblés, les heures d’ouverture reviendront à la normale», assure Kateryne Lortie gestionnaire marketing chez Couche-tard inc. Selon cette dernière, La Tuque n’est pas le seul emplacement où la bannière doit cesser temporairement ses opérations la nuit en raison du manque de main-d’oeuvre.

Il faut savoir que Lac-Bouchette est située à 110 km de La Tuque et Shawinigan, à 125 km. Impossible de chercher de l’essence entre les deux. Et malheureusement, la pénurie de main-d’œuvre ne se limite pas qu’à ces seuls secteurs d’activités. Parlez-en aux épiciers, aux restaurateurs, aux garagistes.

«C’est terrible. On est dans une impasse au niveau de la main-d’œuvre. On a mis sur pied dernièrement un comité de veille commerciale, avec la SADC et le SDÉF», confie Karine Rochette, directrice générale de la chambre de commerce et d’industrie du Haut-Saint-Maurice.

Ce comité, piloté par la conseillère au développement économique au SDÉF, Julie Boulet, explorera des pistes de solutions pour contrer la pénurie de main-d’œuvre dont les effets s’accentuent de plus en plus. Il est difficile, pour les petites entreprises, pourtant essentielles, de concurrencer avec les conditions d’emploi qu’offrent les plus grandes.

«On a ciblé les problématiques urgentes qu’on retrouve chez nous, les fermetures potentielles par manque de main-d’œuvre. On veut rejoindre directement les entreprises et les aider concrètement, rapidement, pour éviter des fermetures», signale la directrice générale de la CCIHSM. Selon elle, la PCU n’a pas aidé le sort des entrepreneurs, qui ont eu plus de misère, l’été dernier, à compter sur la main-d’œuvre étudiante.

Le comité s’intéressera aussi à l’urgente question de la relève entrepreneuriale, pour les gens d’affaires qui désirent prendre leur retraite et qui recherchent une relève.

«Il faut que le milieu s’aide» – Pierre-David Tremblay

Une cellule qui veille aux intérêts du commerce local