Wemotaci souhaite créer une communauté urbaine à La Tuque

La Première nation de Wemotaci explore actuellement la possibilité de créer une communauté urbaine à La Tuque. Celle-ci aurait pour objectif d’offrir des services de proximité aux autochtones qui vivent en milieu urbain.

Il y a de plus en plus d’autochtones et en particulier d’Atikamekw dans la Ville de La Tuque.

Conseiller au conseil des atikamekw de Wemotaci (CAW), Guy Laloche fait remarquer que dans un certain temps, les autochtones pourraient éventuellement constituer jusqu’à 50 % de la population de l’agglomération de La Tuque, eux qui comptent pour 30% de la population actuellement.

«On a intérêt à être ensemble», maintient-il.

«De nombreuses familles, incluant de jeunes enfants sont maintenant scolarisés dans ce milieu urbain loin de leur communauté. Cette réalité crée de nouveaux défis en matière de maintien de la langue maternelle atikamekw», dit le conseil.

C’est avec des services de santé, sociaux et éducatifs de proximité qu’on souhaite protéger la langue et Atikamekw en secteur urbain.

«La communauté urbaine pourra aussi servir d’assises à la création d’un espace économique dynamique qui bénéficiera à l’ensemble de la communauté, incluant aux non-autochtones».

Prendre leur place

La présence atikamekw dans les décideurs s’impose de plus en plus, estime le conseiller Laloche, avec tous les dossiers qui marquent 2021, les pensionnats, l’affaire Joyce Echaquan, le racisme systémique.

Il estime que pour les Atikamekw que doivent compter sur un meilleur réseau routier forestier entre les communautés : «On a besoin de sécurité. On est les oubliés du territoire ancestral».

Il estime qu’il y a des ponts à rebâtir pour combler ce «déficit démocratique».

«Il nous faut des pouvoirs et des moyens pour relever les défis à Wemotaci, de rebâtir une collectivité dynamique. Si ça va bien à Wemotaci, ça va aller mieux dans la région»

La communauté urbaine, qui serait un satellite de Wemotaci, estime-t-il, mènera une plus grande sécurité au niveau de la langue. Ce sera plus facile de la préserver, pense le conseiller qui rapporte qu’il existe déjà des communautés urbaines au Manitoba.

M. Laloche pense que des autochtones d’autres endroits pourraient même venir s’établir à cette communauté urbaine à La Tuque, attirés par les services offerts.

Des sièges atikamekw au conseil municipal de La Tuque ?

S’inscrivant dans le principe de la réconciliation, le conseil des Atikamekw de Wemotaci suggère la création de deux sièges atikamekw du conseil municipal de La Tuque.

Un des sièges serait occupé pour les Atikamekw vivant en milieu urbain tandis que l’autre toucherait ceux de Wemotaci.

Le conseil Laloche insiste : ils souhaitent faire partie du débat de la prochaine campagne électorale municipale, à l’heure où à l’intérieur de la notion de réconciliation, Wemotaci croit qu’il faut repenser les structures de gouvernance municipale pour qu’un véritable dialogue s’installe entre les communautés.

«Une représentation atikamekw au sein du conseil municipal serait un pas important pour s’assurer que les décisions prises par Ville de La Tuque sont le fruit d’une concertation fondée sur le principe de la réconciliation», peut-on lire dans le communiqué émis plus tôt ce lundi par le CAW.

Peu de gens de Wemotaci exercent leur droit de vote aux élections municipales, une tendance qui peut se renverser en incluant des enjeux autochtones à la prochaine campagne. «On a un rattrapage socio-économique (à faire)». Dans un récent entretien avec L’Écho, Guy Laloche a dit souhaiter que les électeurs se rendent aux urnes. «Moi, je dis qu’on doit voter. Plus ça va aller, plus il y va y avoir des Atikamekw ici. On doit avoir des voix partout. À l’hôtel de ville, même, ça serait intéressant, un jour, qu’on ait des candidats atikamekw», lance le conseiller, qui souhaite en voir se pointer aussi tôt qu’à l’élection de novembre.

La Tuque est prête à rencontrer Wemotaci