«Je suis plus que fière d’être une jeune des Premières Nations!»

«Dernièrement, une élève de l’école Nikanik de Wemotaci m’a demandé de lire son texte. Je l’ai trouvé touchant et j’ai décidé, avec son approbation, de le partager.» – Joane Desaulniers

«Je me présente, je me nomme Mathilda Vollant. J’ai 16 ans et je suis en deuxième secondaire. Je suis née sur la Côte-Nord, et plus précisément, à Sept-Îles. Je suis Innue de Mani-Utenam (Maliotenam) et cela fait un an et demi que je demeure à Wemotaci auprès des Atikamekw.

Je retourne chez moi aux deux mois et c’est toujours un immense plaisir de revenir sur la Côte-Nord. J’adore ma communauté et les gens qui y habitent. J’apprécie notre belle plage, j’adore la pêche aux saumons et faire des randonnées en 4 roues avec mes amis. Mais avant tout, j’admire mon petit coin de pays pour ses fruits de mer bien frais !

J’adore aussi mon deuxième village ici à Wemotaci. Les Atikamekw sont très accueillants et bienveillants. Les adultes ont toujours des histoires à me raconter lors de leur passage sur la Côte-Nord et je suis toujours très émerveillée et heureuse d’entendre ce qu’ils  disent de ma communauté ! C’est vrai qu’habiter ici n’est pas toujours facile sans ma famille, mais par chance, j’ai un amoureux et des amies formidables !

Les cultures innues et atikamekw se ressemblent beaucoup. Le principal animal de notre culture est le caribou (atik). Il nous fournit de la nourriture, des vêtements, des matériaux et des outils ! Le tambour (teueikan)  est un objet de pouvoir qui est présent à tous les moments importants de la vie. D’autres aspects de notre culture sont la tente à suer (matutishan tshuap), la pêche (kaikusseth), la cueillette de petits fruits que j’aime beaucoup faire. La cueillette de chicoutais est l’un de mes projets que j’aimerais réaliser cet été avec ma grand-maman.  Ma mère profite de  ses congés pour faire de l’artisanat. Je l’admire tellement ! Ma mère fait vraiment du beau travail et elle a des doigts de fée ! D’après moi, elle doit retenir ce talent de mon grand-oncle. Il a une boutique artisanale située à Mashteuiasht, la boutique Eshkan. Je me sens vraiment chanceuse d’avoir aussi quelqu’un dans ma famille qui est une spécialiste de la broderie, ma grand-mère ! Cela fait de beaux cadeaux chaque année à Noel avec son magnifique artisanat. Comme par exemple, elle fabrique des mitaines (ashtish), des mocassins (pishakanissan) et des chapeaux (akunishkueun).

À Maliotenam, nous avons le festival Innu Nikamu qui est un événement important de notre culture. Ce festival a été créé afin de mettre fin aux suicides qui ont lieu à cause du pensionnat. C’était pour changer les idées de ceux qui ont vécu dans les pensionnats. Cette année sera la 35ème édition et j’y participe depuis plusieurs années. Plusieurs membres des Premières Nations prennent la route de très loin pour venir voir et participer à notre magnifique festival !

Je dois vous avouer que ma plus grande peur est de perdre ma langue maternelle (innu aimun), mais aussi de perdre ma culture. Les jeunes d’aujourd’hui ne sont pas comme ceux que j’ai connus lors de mon enfance. Ils ne sont plus aussi déterminés que moi à connaître la vie que nos ancêtres ont menée. Habiter près de la ville n’aide aucunement, mais avec énormément d’efforts, nous allons arriver à reparler notre si belle langue. J’ai la foi que ma nièce et mon neveu parleront l’innu et je l’espère fortement pour tous les autres enfants de la communauté.

Pour ma part, je crois à la réconciliation entre les Autochtones et les Allochtones. Il ne faut pas mettre tous les gens dans le même canot, ceci dit, ce n’est pas tous les Blancs qui sont racistes envers nous. Vivre avec les Allochtones sur le même territoire est faisable, tout ce qu’on demande c’est le respect. Chez moi, nous avons un entraîneur professionnel qui se nomme Roger Vachon et cet homme encourage les jeunes Innus à participer au marathon du Défi Pierre Lavoie. Cette année, les jeunes Autochtones et Allochtones y ont participé ensemble, wow ! Nous pouvons voir la preuve que la réconciliation pourra avoir lieu un jour. Pour mettre fin aux jugements des gens qui pensent du mal de nous, je leur suggère de venir nous rendre visite dans nos réserves, comme ça ils verront que nous sommes des êtres très accueillants et drôles. Comme ma mère le dirait si bien : ‘’nous les Autochtones, nous avons un grand sens de l’humour’’ !

Je crois fortement que si le gouvernement n’avait pas amené de force nos ancêtres dans les pensionnats, la souffrance ne serait pas dans nos communautés autochtones. L’alcoolisme, les dépendances aux drogues ou les suicides, il y en aurait beaucoup moins dans les réserves. J’affirme même qu’on a détruit une partie de notre culture, de notre langue et de notre histoire !

Pour moi, être Amérindienne est une immense fierté. Nous avons aussi des défauts comme tous les gens, mais nos valeurs ancestrales participent à un monde meilleur.

Moi, Mathilda Vollant, Innue de Mani-Utenam, je suis plus que fière d’être une jeune des Premières Nations!»