Une vive déception pour les anciens joueurs

FOOTBALL. Pendant deux décennies de football à La Tuque, pas moins de cinq footballeurs ont percé pour atteindre le niveau universitaire, ce n’est pas rien. Si on fait la comparaison avec le hockey pour la même période, trois Latuquois ont atteint ce niveau : Anthony Quessy, Tommy Tremblay et Olivier Mantha. Comment les footballeurs latuquois réagissent-ils alors que leur sport favori n’est plus pratiqué à l’école Champagnat?

L’Écho a fait le tour de table de 4 des 5 joueurs universitaires : plus récemment Zachary Tellier, Mathieu Proteau et Jacob Ricard, et les deux frères Guillaume et Thommy Bourassa. D’ailleurs, pour ces deux derniers, c’est l’Écho qui leur a appris la fin du programme de football depuis l’automne 2018.

Guillaume G. Bourassa

Parmi les cinq Latuquois, Guillaume est sans doute celui qui a percé au plus haut échelon. Non seulement il a pu goûter à la joie de remporter des Coupes Vanier avec le Rouge et Or de l’Université Laval, mais il a même été repêché au niveau professionnel par les Lions de la Colombie-Britannique dans la Ligue canadienne de football.

Aujourd’hui, son parcours l’a emmené à une carrière d’entraîneur à temps plein en étant responsable des unités spéciales et de l’entraînement à l’Université Concordia.

Ce n’est pas un secret, sans le football au secondaire, jamais Guillaume n’aurait décroché un diplôme universitaire, lui qui aimait plus ou moins l’école. «C’est spécial de ne plus voir de football. Quand je regarde mes années, on était beaucoup de monde même si on est une petite ville. Ça me rentre dedans! La ville pourrait bénéficier du football, parce que les activités ne débordent pas à La Tuque. Ce sport apportait un engouement pas juste pour les jeunes, mais pour la ville. Le football m’a apporté beaucoup. Si je n’avais pas eux ça, j’aurais sûrement pris une autre route. Je ne pensais pas me rendre au niveau universitaire et encore moins pro, mais quand j’ai vu mon frère Nicolas Bisaillon repêché dans la ligue canadienne, j’ai dit pourquoi pas moi.»

Pour Guillaume, Patrick Morin a été au cœur de sa réussite, lui qui l’a toujours poussé à se dépasser. «Le football n’était pas juste une passion, ça m’a apporté des valeurs dont je vais me servir toute ma vie! La discipline, la rigueur… Ça m’a aidé au niveau scolaire, développer des méthodes de travail. Si je ne vais à au niveau collégial à Lennoxville pour étudier en anglais, je doute aujourd’hui que je sois entraîneur dans une université anglophone.»

L’entraîneur ajoute que si la direction de l’école cogne à sa porte, il se fera un plaisir de partager son expérience aux jeunes ainsi qu’à leurs parents. «L’idéal est de prendre les jeunes de 5e et 6e année pour les préparer avec la base pour leur donner le goût de jouer et leur apprendre les bonnes techniques. Ça prépare le terrain pour les benjamins, ensuite le cadet, puis juvénile.»

Thommy Bourassa

«Ce que je retiens le plus de mon parcours de football, ce sont les amitiés qui ont été créées. Mes meilleurs chums c’est des gens avec qui j’ai évolué au football. J’avais quand même de la facilité à l’école, alors je serai certainement allé à l’université quand même. Mais j’ai été témoin de beaucoup de monde qui a persévéré à l’école à cause du football, surtout à l’université. Pour des gars turbulents, ça permet de se défouler. C’est une grosse perte dans une communauté de ne plus avoir de programme de football. Je crois qu’à La Tuque, il y a des gens qui connaissent assez bien le football pour s’impliquer si le programme recommence.»

Zachary Tellier

Le Latuquois a été recruté par Guillaume Bourassa pour s’aligner avec les Stingers de Concordia. «Dans mes années au secondaire, le football commençait à tirer de la patte en Mauricie. À ma dernière année juvénile, on était 25 et c’était du football à 8. Mais jamais je ne m’attendais à voir la fin du programme à La Tuque. Je suis vraiment déçu qu’il n’y ait plus de football. Je suis encore attaché aux Vikings. Ça m’a permis d’avoir une bonne gang de chums, l’habitude de faire de l’activité physique, et des fois ça fait du bien de relâcher la pression de l’école sur le terrain. Je serai sans doute à l’université sans le football, mais pas à l’Université Concordia. Il y a des avantages à étudier en anglais. Aussi, après l’université, je veux revenir travailler à La Tuque. Un entraîneur peut vraiment avoir un impact positif, surtout pour les plus jeunes. Je serai prêt à m’impliquer comme entraîneur lorsque je vais revenir. J’aimerais ça coacher les Vikings, pour ce que ça m’a apporté, ça serait la moindre des choses à redonner à la communauté.»

Zachary Tellier et Tristan Gaudreault

Mathieu Proteau

Est-ce que Mathieu Proteau qui évoluera au niveau universitaire la prochaine saison se rend compte qu’il est l’un des derniers d’une lignée? «C’est plate à dire, mais c’est dommage qu’il n’y ait plus de football à La Tuque. J’espère qu’un jour le programme va repartir. C’est un sport qui m’a permis de me faire des amis, de me développer physiquement et d’apprendre la discipline. Ça instaure un mode de vie incroyable, et ça peut être bon pour n’importe quel jeune d’avoir ça dans sa vie parce que ça permet de te tenir loin des mauvaises affaires. J’ai tripé sur mon parcours secondaire, et je n’aurais pas changé pour aucune autre école secondaire avec le sentiment d’appartenance qu’on retrouve. On était performant malgré notre nombre peu élevé. Je dois beaucoup à Patrick Morin, il m’a apporté beaucoup. C’est sans doute la première personne que j’aurais appelée pour lui dire que j’ai signé avec le Rouge et Or. Il n’a jamais douté de moi!»

Mathieu Proteau

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