Une mobilisation de 4500 km des Premières nations à motoneige

Une vaste expédition de motoneige «First nations 2022», la plus importante en distance jamais réalisée dans le monde, aura lieu l’hiver prochain du 18 février au 4 mars 2022.

Formée d’une quarantaine de motoneigistes, l’expédition leur fera parcourir 4500 km à travers une quinzaine de communautés, à partir de Maliotenam en passant par un vaste territoire nordique qui les conduira jusqu’à Manawan.

«Ce n’est pas une course, c’est une expédition, insiste M. Flamand.

Une solide équipe est derrière le projet, puisqu’il existe des facteurs qu’on ne peut contrôler comme la température par exemple. Les participants seront tous des motoneigistes expérimentés qui n’ont pas peur d’affronter des conditions hors-piste. «Il y a bien des secteurs qui sont inexplorés», indique Christian Flamand. Par exemple, le groupe va traverser une zone déconnectée, soit de Maliotenam jusqu’à Schefferville et puis jusqu’à Kuujjuaq.

Après avoir visité les secteurs lointains de la Baie-James, les motoneigistes vont se rendre vers le Centre-du-Québec, Wemotaci, Opitciwan, avant d’atteindre Manawan.

La cause d’abord

Derrière la vaste randonnée de motoneiges, il y a la cause du racisme, de la discrimination et des femmes autochtones. C’est même le but ultime voyage. Qu’on pense à Idle no more, les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées ou, plus récemment, l’affaire Joyce Echaquan, les Premières nations veulent se faire entendre. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Manawan est la destination finale étant donné qu’elle était le lieu de résidence de Joyce Echaquan. La discrimination, le racisme sont autant de points que veulent mettre en évidence les participants.

«Ce sont des sujets d’actualité qui sont presque au point mort, car on en entend presque plus parler», s’inquiète Christian Flamand, un des responsables de la randonnée.

«On pourrait aller manifester devant le Parlement avec des pancartes, souffle Christian Flamand. Mais nous, on le fait avec nos outils autochtones, au cœur de notre territoire ancestral. On va tendre la main à notre nation d’être solidaire à cette cause-là. On le fait aussi pour créer des liens entre les allochtones et toutes les autres communautés».

Des Atikamekw, des Innus, des Mohawks, des Naskapis, des Inuits et des non-autochtones enfourcheront leurs motoneiges : «C’est un projet qui fait foi de solidarité».

Une organisation hors de l’ordinaire

Organisateur né, M. Flamand est familier avec les technicalités et détails auxquels on doit penser avant le grand départ. Mais il avoue qu’une expédition comme celle-là représente un défi magistral. Il s’est assuré de compter sur des gens dans chacune des communautés qui connaissent cet immense territoire. Chacun des participants doit amener avec lui tout ce dont il aura besoin : tente, sac de couchage, nourriture, bidons d’essence.

«L’équipement représente 95% de l’aspect de la santé psychologique lors d’une expédition», dit Christian Flamand qui ne néglige donc rien, autant sur l’équipement motorisé que sur les campements pour que tout fonctionne rondement au cours de l’expédition.

Aussi, dans chacune des communautés qui seront visitées, il faudra prévoir de l’hébergement, du ravitaillement et de la nourriture pour les participants. «Les communautés sont en train de créer des comités pour nous accueillir, pour manger, pour le macochan». Il y aura aussi les règles de la santé publique à respecter.

«On est en train de travailler la logistique, ça représente beaucoup de travail», confie M. Flamand. Par exemple, l’approvisionnement en essence dans des secteurs plus éloignés devra être fait par hélicoptère. On va se fier au savoir des habitants des communautés qui connaissent le terrain, mais aussi à la technologie du GPS.

Il s’attend à une visibilité internationale : des médias télévisés suivront eux aussi le parcours, que les internautes pourront eux aussi voir sur un site web.

L’organisateur voit plusieurs aspects à l’expédition, comme celui d’inciter les prochaines générations à continuer de protéger la nature. «Le projet a 80% de volet humain, 10% de volet sportif et 10% de volet culturel».