Sur la rivière et dans la vie : un couple à l’épreuve de la Classique
CANOT À Trois-Rivières, Jean-Philippe Dumas et Ariane St-Onge se préparent à replonger, pagaie en main, dans l’aventure de la Classique internationale de canots de la Mauricie. Pour ce couple, la 92e édition représente bien plus qu’une compétition : c’est un défi physique, mental… et de couple.
Leur parcours vers le canot marathon est relativement récent. Pendant cinq ans, ils ont partagé le bateau-dragon, un sport d’équipe explosif où vingt rameurs s’alignent sur de courtes distances. Mais à force de répétitions, le défi s’essouffle.
“On avait atteint le maximum dans la catégorie non-compétitive, raconte Jean-Philippe. On a voulu essayer autre chose.” Ariane renchérit. “En bateau-dragon, on fait du sprint. Je voulais tester du long parcours… Finalement, ce n’est pas juste la distance qui change, mais toute la technique.”
En 2024, ils se lancent en canot marathon, mais ce n’est pas leur tout premier contact avec la Classique. Entre leur période en bateau-dragon et cette nouvelle discipline, ils ont goûté à la course en rabaska, un équipage de neuf pagayeurs.
Le passage au canot marathon reste un choc: embarcation étroite, équilibre précaire, absence de barreur. Tout repose sur eux. Leur initiation se fait dans l’eau froide d’avril, sans combinaison thermique, sous le regard interloqué des habitués. “On était timides et on a appris pas mal au feeling”, se souvient Ariane.
Avant leur première Classique en duo, ils n’avaient jamais parcouru d’aussi longues distances. L’épreuve commence fort avec les 90 km entre La Tuque et Saint-Roch-de-Mékinac. “Après 40 km, j’étais prête à jeter le canot à la vidange”, admet Ariane. La deuxième journée est marquée par un déluge et des vagues de trois pieds. La troisième, plus technique, se déroule sur leurs eaux connues, à Trois-Rivières, et redonne le moral.
Au-delà de l’endurance, la course met leur complicité à l’épreuve. “Si ton couple survit à ta première Classique, il va survivre à tout”, lance Jean-Philippe en riant. Disputes éclairs dans les rapides, communication parfois brouillée, mais aucune rancune. “On sait qu’on est juste fatigués”, précise Ariane.
L’édition 2024 n’étant pas officielle : la Classique ayant fait faillite, les canotiers avaient organisé une descente amicale. Cette année, l’événement retrouve son envergure avec une organisation complète, du public et des feux d’artifice. Un contexte qui motive le duo à revenir, avec l’objectif d’améliorer leur temps. “On a moins ramé que l’an dernier, mais on se sent plus prêts”, affirme Jean-Philippe.
Leur progression est encouragée par la communauté de canot marathon, qui les a adoptés. Conseils techniques, entraînements communs, amitiés avec des équipes de calibre similaire. “Ils nous aident à devenir meilleurs”, souligne Ariane.
S’ils ont terminé derniers en cumulatif l’an dernier, ils savourent chaque amélioration. “Mon but, ce n’est pas d’être la meilleure, c’est de finir la course”, insiste Ariane. Et leur conseil aux recrues ? “Parlez aux autres, ramez avec eux. C’est un sport d’expérience.”
Pour ces deux Trifluviens, la 92e Classique est plus qu’une course. C’est un rendez-vous avec eux-mêmes, avec la rivière… et avec leur capacité à pagayer, côte à côte, jusqu’au bout.
