Quand le hockey prévient le décrochage scolaire
PERSÉVÉRANCE SCOLAIRE. Nick Fugère et Adam Jourdain, deux résidants de Wemotaci, ont peut-être déniché la formule pour contrer le décrochage scolaire dans cette communauté.
Fervents de hockey, les deux jeunes hommes ont décidé de s’investir dans un projet visant une quarantaine de jeunes de cette communauté, qui touche environ 25 % de la clientèle scolaire de niveau fin primaire et secondaire. Un projet qui ressemble à une formule sport études, remanié afin qu’il se prête aux besoins des jeunes de Wemotaci. Ils ne sont pas enseignants, mais leur implication permettra par ricochet de raccrocher des jeunes à l’école.
Le but : s’attaquer au décrochage scolaire par le sport. «À «Weymont», un jeune sur deux a un bâton dans les mains. À Sept-Iles, tu ne vois pas autant de jeunes jouer au hockey», observe Adam Jourdain, qui occupe le poste de directeur adjoint de la corporation de développement économique Nikanik de Wemotaci. Puisque le hockey est une passion chez les jeunes Atikamekws, pourquoi ne pas s’en servir pour atteindre des objectifs scolaires, via l’esprit d’équipe ?
Les jeunes sont classés en deux catégories. Les cadets, de sixième année à secondaire trois et les juvéniles, de secondaire trois à cinq. Les jeunes de secondaire trois peuvent appartenir à l’une ou l’autre des catégories. « Il y a autant de gars que de filles», relate avec fierté M. Jourdain. Malgré le fait qu’il a été mis en branle tout récemment, soit en décembre, le programme suscite énormément d’intérêt.
Les deux hommes incarnent les entraîneurs d’équipes de hockey formées par tous ces jeunes. Leurs pratiques ont lieu les soirs. Les fins de semaine, il leur arrive de rencontrer des équipes du RSEQ, à St-Pierre-les-Becquets et St-Louis-de-France. Pour des jeunes d’une communauté de 1200 habitants, le fait de se mesurer à de plus gros marchés et d’aller y chercher des victoires, demeure une motivation incroyable pour les jeunes. « Ce qui leur manque souvent, c’est de l’encadrement. Avec ce programme- là, on les encadre parce qu’il y a une bonne discipline» poursuit Adam Jourdain.
Les critères
Pour demeurer dans le programme, il y a des règles à observer. Pour y demeurer, le taux d’absentéisme de chaque élève ne doit pas dépasser 5 % pour tous les cours académiques. Si aucun objectif n’a été fixé quant aux résultats scolaires pour cette année, les élèves doivent démontrer une bonne participation dans leur classe ainsi que le bon comportement. La semaine scolaire se passe donc tout à fait normalement et le sport n’interfère pas avec les horaires de cours.
Il ne cache pas que son inspiration est venue de l’ancien joueur de hockey Joé Juneau qui a établi un programme sport-études en hockey dans des villages inuits du Nord québécois, pour prévenir le décrochage scolaire et la criminalité ainsi que pour promouvoir une saine alimentation et l’activité physique chez ces jeunes.
C’est davantage à la fin de l’année scolaire qu’on saura plus ce qu’il en est au niveau des résultats de cette première année de programmes. Quel sera l’impact sur le taux de décrochage des jeunes ? Qu’en sera-t-il également au niveau du rendement académique ?
Déjà, Adam Jourdain dit constater de beaux résultats parmi les jeunes. « C’est certain que c’est tout récent. Mais en deux mois et demi, j’ai constaté des changements importants chez certains jeunes. C’est motivant quand on observe l’absentéisme à l’école diminuer. On explique aux jeunes qu’ils doivent motiver leurs absences à l’école et on travaille beaucoup avec les parents».