Pierre Slusarek : avoir la course dans l’ADN

COURSE. Le Latuquois Pierre Slusarek se prépare à courir un important marathon, qui sera présenté à Tokyo le 26 février. Ce sera le 5e d’une série de 6 événements sportifs majeurs qui font partie d’un défi personnel.

«Je courais au cégep, car c’était obligatoire en éducation physique. Mais je n’ai jamais fait de sports d’équipe, car j’ai été élevé en campagne, sur une terre agricole. Quand les voisins sont à un kilomètre de chez vous, on n’a pas accès aux sports d’équipe», confie-t-il.

Devant choisir un sport au Cégep, il opte donc pour le jogging. Aucune notion? Qu’à cela ne tienne! Ses temps sont excellents. «J’avais tout un potentiel, mais je n’ai jamais pu l’exploiter parce que je travaillais les soirs et les fins de semaine et je ne pouvais pas aller aux compétitions. Après, comme bien des jeunes, c’est tombé dans l’oubli. Par contre, ce qui m’est bien entré dans la tête, c’est qu’un jour, j’allais faire un marathon», évoque-t-il.

Il ne pouvait trop se figurer, du haut de ses 18 ans, ce que pouvait représenter un marathon: aussi, il percevait ceux qui accomplissaient ces exploits comme des surhumains.

C’est en 2010 que l’étincelle est revenue.

À 44 ans, Pierre Slusarek se prépare à prouver qu’il n’y a définitivement pas d’âge pour revenir à la forme et aux performances sportives. «C’est là que je me suis dit: je veux faire un marathon.»

Avant, ç’aurait été difficile, de son propre aveu, surtout quand on élève une famille, à travers les devoirs, le travail à temps plein.

Question de santé, il se remet à la bonne forme physique. «Je me suis dit: je vais essayer le jogging. Je me souvenais de la forme que j’avais à l’école et je souhaitais m’en rapprocher. Honnêtement, aujourd’hui, je me sens beaucoup plus en forme que dans le temps du cégep.»

Héréditaire, cette forme physique ?

Son passé d’agriculteur et le style de vie plus physique que ça impose ne doivent pas nuire. Jeune, il passait des journées de 12 à 16 heures debout, à cueillir des tomates, à désherber des champs, à marcher dans la terre familiale d’un kilomètre de long. Il est convaincu d’y avoir puisé toute l’endurance physique qui le caractérise aujourd’hui. « Dans les antécédents de nombreux coureurs, ils ont tous travaillé fort physiquement.»

Il a aussi lu une quarantaine de livres traitant du jogging et de l’entraînement.

Des six gros marathons au monde qu’il s’est fixé comme objectif, quatre sont déjà accomplis. En plus de celui de Tokyo, il courra celui de Berlin, le 24 septembre.

Il ne le cache pas: Tokyo va représenter un stress différent: «Je me suis fixé un objectif, soit celui de faire les six plus gros marathons au monde en bas de 2h40 chaque. À date, ma moyenne est de 2h37. Mais un ami coureur m’a dit que je serais un des rares au monde à faire cela. J’ai regardé les statistiques et il y a à peu près trois personnes au monde qui ont fait les six marathons majeurs en bas de 2h40». Il s’agirait de coureurs dans la trentaine et la quarantaine.

Confiant, il se sait capable d’y parvenir. «À Tokyo, ce qui peut être problématique, c’est au niveau de l’entraînement, l’hiver. On ne peut pas courir à la même vitesse, quand on est sur la glace sur la neige ou quand il fait -30°, versus l’été. Ce qui fait que je cours un peu moins vite.» Par contre, son récent voyage de deux semaines en Floride où il a pris part à une compétition (à laquelle il est arrivé 2e sur 2076 coureurs) peut renverser cet état de fait. Il devra aussi composer avec le décalage horaire. À Tokyo, il a été choisi pour courir comme «semi-élite» dans le programme «RUN as ONE». 200 coureurs dans le monde ont été choisis dans cette catégorie.

Et après les six ?

La question est inévitable: que va-t-il se produire une fois les six marathons réalisés? «J’ai dit à ma femme: après cela, je vais prendre ça relaxe. Je veux arrêter de me défoncer. Mais comme ma nature est faite, je pense que je n’en serai pas capable», raconte-t-il, déclenchant le rire.

Puis il cite un marathon sur un chemin en poussière de roches mis sur pied par un ami coureur qui porte le nom de Petit train du nord, qui va de Val David à St-Jérôme, en octobre. Autant lui que son épouse, Chantal Guay, trouvaient qu’il ne pouvait pas laisser passer l’occasion. «Finalement, je me suis inscrit», souffle-t-il. Ce sera quatre semaines après le marathon de Berlin.

Un combiné de courses, à Disney et le Outback Marathon, en Australie, l’intéressent également. Chassez le naturel et il reviendra… au pas de course !