Maude L’Heureux remporte l’or aux Olympiques spéciaux

La Latuquoise Maude L’Heureux a décroché la médaille d’or en golf lors des Olympiques spéciaux qui se tenaient à Pointe-Claire du 4 au 7 juillet dernier. Une autre distinction pour Maude qui avait aussi remporté l’or en 2012.

L’an dernier, l’organisation des Olympiques spéciaux avait tenté l’expérience d’un championnat provincial pour savoir s’ils intégreraient cette discipline. Maude avait participé et s’était classée bonne première. «Je suis bonne au golf. J’aime ça», déclare-t-elle toute souriante. «Maude a commencé à suivre des cours de golf il y a quatre ou cinq ans avec Jean-Marie. Elle s’en tire bien», mentionne son père Alain L’Heureux.

Sa mère Danielle Lavoie agissait à titre d’entraîneur lors des deux parcours de neuf trous. «Je ne pouvais pas lui parler pour lui dire quel bâton prendre. Ils n’ont pas droit aux caddies. Elle a donc fait le parcours seule. Elle a fait preuve de beaucoup d’autonomie», déclare-t-elle fièrement. Et Maude compte bien y retourner à la prochaine occasion. «Ça, c’est certain!», laisse-t-elle tomber. «Il faut être positif plutôt que négatif».

Et du positif, Maude en a dans sa vie. Elle pratique avec succès le ski, le kayak, la baignade, elle adore le milieu du spectacle, la chanson est sa passion, elle est fan des artistes et Marie-Chantal Toupin l’a même invitée à monter sur scène. «Je suis montée sur scène pour Maudit Bordel», mentionne-t-elle heureuse.

Tous ceux qui l’ont vu en spectacle savent qu’elle s’anime lorsqu’on lui donne un micro. «À Trois-Rivières, dans le cadre d’activités pour la Semaine de la déficience intellectuelle, Maude avait fait une présentation interactive. Les gens avaient vraiment apprécié l’entendre et échanger avec elle», souligne son père. «J’avais parlé trop longtemps, mais je ne savais pas qu’il fallait que j’arrête», complète Maude en riant.

Les parents de Maude lui ont offert de faire des compétitions de ski. Elle n’a pas voulu. «J’ai trop peur de tomber encore», mentionne-t-elle sérieuse. C’est que Maude a déjà fait une grosse chute à ski. «J’avais de la neige dans les yeux, dans les poches de mon manteau. Mon père m’a dit: es-tu correcte Maude? J’ai dit : oui, oui. Mon père m’a toujours dit : C’est pas grave, on se lève et on recommence», précise-t-elle en regardant son père avec affection.

Une nouvelle étape

Bien connue des Latuquois, Maude a habitué les gens à des performances. Atteinte de Trisomie 21, elle a tout d’une battante. À sept reprises, elle a participé à Secondaire en spectacle. À sept reprises elle a épaté les gens par ses performances sur scène et a reçu des ovations. elle a participé au spectacle Il était une fois La Tuque. «On dirait que je suis née sur une scène. Je suis à l’aise», mentionne-t-elle avec aplomb.

Touchante Maude qui avoue avoir beaucoup pleuré lorsque sa scolarisation a pris fin. Mais elle a vite séché ses larmes à l’idée de préparer son bal de finissante. «Je me suis préparé avec ma sœur Claudia. Elle est enseignante, elle est belle et elle est la meilleure professeure», dit-elle avec admiration. «On a acheté ma robe ensemble, mais c’est moi qui a choisi. J’ai arrangé mes cheveux. J’étais belle comme une princesse», explique-t-elle avec enthousiasme.

Maude participe activement aux ateliers de La Source. Finalement, elle est maintenant bien contente d’avoir fini l’école. «J’ai hâte de travailler», dit-elle. Cet été, à La Source, cinq jours semaine, Maude prépare un spectacle avec ses amis. «On va se baigner, on magasine ou fait du bricolage et on prépare un spectacle». «C’est en quelque sorte un camp de jour. C’est très important pour Maude d’être en contact avec d’autres», souligne sa mère.

Maude a fait un stage en hébergement au Centre de santé et des Services sociaux du Haut-Saint-Maurice. «Elle a tout de suite aimé ça. Maude est très sensible aux autres. Elle le sait tout de suite lorsqu’une personne ne va pas bien», souligne sa mère. «Je faisais la lecture, des casse-tête, je jouais au Skip Bo, je mettais du «cutex». Je voudrais que ma grand-mère voie ça. Elle est morte». Émouvante Maude qui se lève pour aller serrer son père dans ses bras. Sa mère avoue qu’elle aimerait bien que l’expérience se répète au centre hospitalier, car Maude a des affinités avec ces gens. «L’interaction est excellente», souligne-t-elle.

Maude et ses parents déménageront bientôt en ville, eux qui demeurent au lac Chat. «On fait le choix de revenir en ville pour Maude. On embarque dans un gros cycle, celui de l’autonomie», précise Danielle. «Parce que les parents ne sont pas éternels», ajoute Alain. «Petit à petit», rajoute Maude.

Généreuse Maude qui veut remercier la gang de l’école, sa famille, ses amis. «C’est moi qui a la plus belle famille au monde. Aussi je veux dire merci à Dominique Gouin. C’est avec elle que j’ai fait toutes les choses», dit-elle. Touchante Maude qui explique tout simplement sa naissance. «Ils ne savaient pas que j’étais trisomique. Mes parents avaient un vœu: de m’entendre parler. Leur vœu est réalisé», déclare-t-elle toute souriante.

Et moi, après cette rencontre, je sais que dans la vie, certaines personnes nous sont envoyées pour nous rappeler que la vie est simple au fond. Merci Maude pour ta sagesse, merci ma belle bouddha!