Le clan de Callum Smith cherche une controverse où il n’y en a pas

QUÉBEC — Le clan du Liverpuldien Callum Smith a tenté de semer la controverse à quelques jours de son combat d’unification contre le triple champion Artur Beterbiev, au Centre Vidéotron.

Son promoteur, Eddie Hearn, de Matchroom, a ramené sur le plancher un test antidopage «atypique» subi par Beterbiev le 6 décembre dernier.

Hearn a indiqué que les résultats des tests d’urine et sanguin effectués par la Voluntary Anti-Doping Agency (VADA) alors subis par le Montréalais d’origine russe démontraient des taux plus élevés d’hormones de croissance humaines et d’androstanédiol. Un test atypique ne constitue toutefois pas un test antidopage positif. Mais Hearn, un promoteur d’expérience qui a vu neiger, cherchait de toute évidence à déstabiliser le clan Beterbiev.

D’abord rapportée par le journaliste Keven Iole sur son site (keviniole.com) mercredi, l’histoire n’a pas évolué davantage puisque Beterbiev a depuis subi quatre autres tests, deux sanguins et deux tests d’urine — Iole cite trois documents de la VADA au sujet de tests subis les 15 et 21 décembre, ainsi que le 3 janvier — qui ont démontré hors de tout doute que le champion de l’International Boxing Federation (IBF), du World Boxing Council (WBC) et de la World Boxing Organization (WBO) est propre.

Hearn souhaiterait que les journalistes sur place à Québec posent davantage de questions à Top Rank et Eye of the Tiger Management, copromoteurs de l’événement avec Matchroom.

«Comme promoteur d’un boxeur dans l’autre coin, c’est inquiétant, a dit Hearn. Nous avons demandé à la VADA comment c’est possible et comment expliquer ces résultats. On veut savoir. Nous ne sommes pas des scientifiques. Mais nous ne pouvons rien faire, car il ne s’agit pas d’un test positif.

«À mes yeux, il n’y a que deux résultats possibles: le test est complètement négatif, ou il est positif. Mais quand vous voyez cela, vous êtes inquiet. Mais j’insiste: nous n’accusons pas Artur Beterbiev de dopage. Mais je ne ferais pas mon travail de promoteur si je ne posais pas les questions ou ne venais pas à sa défense. (…) J’aurais préféré que l’information sorte plus tôt afin que nous puissions avoir une discussion franche sur ce sujet.»

Camille Estephan, président d’EOTTM, estime quant à lui qu’il s’agit d’une stratégie de la part du clan Smith.

«Nous avons immédiatement contacté la VADA, qui nous a dit qu’elle devait mener d’autres tests. Ils sont tous revenus négatifs, a souligné Estephan. Je pense que leur plan, c’est de faire une tempête dans un verre d’eau.

«Le gars est négatif, il n’a rien fait de mal. Quatre tests sont venus confirmer qu’il est négatif. La VADA nous a fait parvenir des lettres à toutes les personnes impliquées indiquant que les deux boxeurs sont ‘cleans’ et que le combat peut aller de l’avant: c’est une tempête dans un verre d’eau.»

Confiance

Quoi qu’il en soit, Hearn n’a jamais eu l’intention de retirer son pugiliste de ce combat de championnat. Smith (29-1, 21 K.-O.) tentera alors de mettre fin au règne de Beterbiev (19-0, 19 K.-O.) chez les mi-lourds.

La commande s’annonce ardue, mais les Britanniques sont confiants de repartir de Québec avec les trois ceintures dans leurs bagages. Hearn estime que Beterbiev n’est plus aussi dangereux qu’il l’a déjà été et qu’il «voit plusieurs façons pour [Smith] de remporter ce combat».

«Je suis ici parce que nous suivons Callum Smith depuis qu’il est chez les professionnels et parce que nous croyons qu’il va l’emporter», a lancé Hearn aux nombreux médias réunis dans le lobby du domicile des Remparts. 

«Artur Beterbiev est un grand champion, très dangereux. Mais il est aussi vieillissant. Je pense que Callum Smith va gagner ce combat, mais ce sera un très bon combat, un combat excitant.

«Callum a la puissance pour vous passer le K.-O. d’un coup de poing, a poursuivi Hearn. À 168 livres, il était complètement vidé par la coupe de poids. Maintenant, à 175, ses deux adversaires — qui n’étaient pas Artur Beterbiev, j’en conviens — se sont fait terrasser. Si Callum réussit à atteindre Artur de façon claire et précise, il va lui passer le K.-O.»

Si le clan Smith est confiant, on peut affirmer sans se tromper que le clan Beterbiev n’est pas impressionné. Si Hearn ne voit pas comment le combat pourrait dépasser neuf rounds, il se pourrait bien que ce ne soit pas en faveur de son poulain.

«C’est un bon boxeur et tous les boxeurs apportent un défi différent, a pour sa part indiqué l’entraîneur de Beterbiev, Marc Ramsay, au sujet de Smith. Certains sont un peu plus complets; le défi n’est pas le même. Il faut simplement se rasseoir à la table à dessin et planifier le tout, croire en ses moyens et foncer. Il n’y a rien de sorcier. 

«On pourra en discuter après le combat si c’est le plus grand défi de sa carrière. On le respecte beaucoup, mais on a bien l’intention de leur enfoncer ça dans la gorge», a-t-il ajouté sans hésiter.

Ce combat d’unification se voudra un point d’exclamation à ce qui promet d’être une grande carte de boxe, comprenant notamment deux combats de championnat du monde.

L’Australien Jason Moloney (26-2, 19 K.-O.) tentera de défendre pour la première fois son titre des poids coqs de la WBO face à l’Américain Saul Sanchez (20-2, 12 K.-O.). En demi-finale, l’explosif Christian Mbilli (25-0, 21 K.-O.), aspirant no 1 au WBC et à la WBA, no 3 à l’IBF et no 5 à la WBO, mettra ses ceintures WBC Continentale des Amériques et WBA Internationale des super-moyens en jeu contre l’Australien Rohan Murdock (27-2, 19 K.-O.).

En tout, neuf combats seront présentés à compter de 17h30. Le choc Beterbiev-Smith devrait être présenté autour de 23h. On attend plus de 10 000 spectateurs au Centre Vidéotron. Ceux qui ne pourront pas assister sur place à l’événement pourront se le procurer sur PunchingGrace.com.