Camille Estephan veut attirer de 20 à 30 000 amateurs de boxe au Stade olympique

MONTRÉAL — Camille Estephan et Eye of the Tiger Management ont de grandes ambitions. Très grandes même: le promoteur de boxe veut attirer de 20 à 30 000 amateurs pour un gigantesque gala au Stade olympique.

C’est ce qu’il a déclaré mercredi, lors de la pesée en vue du gala mettant aux prises son protégé, Erik Bazinyan, à l’Américain Alantez Fox.

Estephan croit avoir les bons chevaux pour mener à terme son projet, même s’il admet que les étoiles devront s’aligner.

«C’est notre plan. On a le droit de rêver, mais il faut travailler pour accomplir nos rêves, a-t-il noté. On a des boxeurs qui peuvent livrer des combats de championnat du monde bientôt. Christian Mbilli en tête, Arslanbek Makhmudov pas très loin derrière. Erik Bazinyan, Mary Spencer revient, Simon Kean…

«Imaginez une carte avec un championnat du monde chez les poids lourds peut-être? Ils disent que Tyson Fury serait près de la retraite; son titre deviendrait vacant. Ou avec Mbilli, possiblement avec un titre laissé vacant par Canelo Alvarez. On est patient, mais on a l’écurie qu’il faut pour arriver à nos fins et on va le faire un gala à 30 000 personnes au Stade olympique. C’est notre objectif.»

Chez les super-moyens, Mbilli (23-0, 20 K.-O.) est deuxième aspirant au World Boxing Council (WBC), cinquième à la World Boxing Association (WBA) et 13e à la World Boxing Organization (WBO), tandis que Bazinyan est dans le top-10 des quatre associations: deuxième à la WBA, quatrième au WBC, troisième à la WBO et neuvième à l’International Boxing Federation (IBF).

Chez les lourds, avec les rumeurs entourant l’avenir de Fury, le titre du WBC pourrait se retrouver vacant. Comme Makhmudov est le quatrième aspirant à la ceinture (il est aussi cinquième à la WBA et 15e à la WBO), Estephan se croit en bonne posture pour un combat avec à la clé le titre vacant.

Ajoutez à cette liste Spencer (7-1, 5 K.-O.), qui vient de s’incliner en championnat du monde, et Yves Ulysse fils (22-2, 15 K.-O.), qui assurera la demi-finale du gala de jeudi au Casino de Montréal, en plus de l’association entre EOTTM et Top Rank, qui donne accès au réseau ESPN+, et Estephan croit avoir la recette parfaite pour attirer une telle foule.

«On pense qu’il y a 7 à 8000 amateurs purs et durs de boxe au Québec, qui suivent les combats de quatre et six rounds, a expliqué Estephan. Mais un ‘happening’, ça peut attirer des amateurs différents. Ce sont ceux-là qu’on veut attirer. Quand on y pense, 30 000 personnes, c’est environ 0,3% de la population du Québec. On pense pouvoir le faire. Il faut être travaillant et optimiste».

Évidemment, admet le promoteur, tous ces boxeurs doivent continuer de gagner. Il sait trop bien que du sable peut rapidement s’insérer dans l’engrenage. Mais, ajoute Estephan, de le dire publiquement fait en sorte qu’il devra maintenant livrer la marchandise.

«Si on le dit à tous, on doit le faire. Je me suis mis dans cette position, a-t-il évoqué. On ne peut peut-être pas attirer 80 000 ou 50 000 fans comme en Angleterre, mais 30 000, on peut le faire.»

À Bazinyan de jouer

Bazinyan (28-0, 21 K.-O.) et Fox (28-3-1, 13 K.-O.) en découdront pour les titres de la North American Boxing Association (NABA) et de la North American Boxing Federation (NABF) du Québécois.

Avec sa fiche immaculée et ses deux ceintures, Bazinyan est peut-être le secret le mieux gardé de la boxe québécoise. À lui maintenant de profiter de la fenêtre qui lui est offerte par la présentation de ce combat sur les ondes d’ESPN+ aux États-Unis, de TVA Sports au Québec et de PunchingGrace.com ailleurs dans le monde.

«C’est un combat extrêmement important pour moi, car ensuite, plusieurs portes vont s’ouvrir», a admis le Lavallois de 27 ans avant d’aller prendre une bouchée.

«En 2023, c’est le moment où Erik doit faire briller son talent, a ajouté Estephan. Je pense qu’il est prêt, mais Fox, c’est un vrai: on va le savoir (jeudi). Marc (Ramsay, son entraîneur) m’a dit que tout ce qu’il voulait voir de lui, il l’a vu à l’entraînement. Maintenant, c’est le temps de le faire dans le ring.»

Ulysse affrontera quant à lui le Mexicain Gabriel Gollaz Valenzuela (25-3-1, 15 K.-O.) en demi-finale. Ulysse a maugréé tout au long de la semaine, comme s’il n’appréciait pas de jouer les seconds violons.

«Quand il est ‘bougonneux’, je suis bien heureux, car c’est là qu’Yves donne ses meilleures performances. On a beaucoup de profondeur, ce n’est pas tout le monde qui peut faire la finale. On a décidé que jeudi, c’était à Erik de la faire», a dit Estephan au sujet de ce gala de sept combats au total.

D’abord prévu pour huit, EOTTM a dû annuler l’affrontement entre Raphaël Courchesne et Diego Garduna Reyes. Courchesne s’est blessé à la main jeudi matin et la Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJ) a exigé qu’il subisse un examen médical, lequel a démontré que des tendons ont été touchés. La RACJ lui a alors interdit de monter dans le ring.

Le «ralentissement» de Beterbiev

Les propos du clan de Jean Pascal au sujet d’un possible ralentissement ou vieillissement d’Artur Beterbiev dans son combat face à Anthony Yarde ont fait couler beaucoup d’encre, lundi. Ils sont encore venus s’insérer dans l’actualité mercredi.

Au moment de croiser les journalistes à son arrivée au Casino de Montréal, Ramsay a répondu à une boutade sur le sujet par une flèche bien sentie.

«En parlant de ralentissement, quand on suit un peu la boxe internationale, on se rend compte que c’est le promoteur (de Jean Pascal) Lou DiBella qui a bien ralenti dernièrement. Tu peux l’écrire», a-t-il lancé, sans mâcher ses mots.

C’est chose faite.