Utilité du Bloc: Poilievre «méprise» les Québécois et la démocratie, accuse Trudeau
OTTAWA — Le chef conservateur Pierre Poilievre démontre un «mépris profond pour la démocratie et les Québécois» lorsqu’il demande «à quoi sert le Bloc québécois», s’est indigné mercredi le premier ministre Justin Trudeau.
«Même si je suis en désaccord avec le Bloc québécois et leur désir de toujours chercher des chicanes, les Québécois ont voté dans bien des comtés pour les députés du Bloc québécois qui font leur travail, ici, dans cette Chambre des communes», a d’abord répondu M. Trudeau.
Selon lui, les propos de M. Poilievre sont un autre exemple qu’il est «continuellement» méprisant, lui qui a qualifié le mois dernier les maires de Québec et de Montréal, Bruno Marchand et Valérie Plante, d’«incompétents».
À peine avait-il terminé son envolée que M. Poilievre, tout sourire, s’en est moqué. «De toute beauté! Wow! Un nouveau mariage libéral-bloquiste. Le premier ministre donne des compliments au Bloc. Le Bloc applaudit le premier ministre», a-t-il ironisé.
La question de M. Poilievre sur l’utilité du Bloc québécois est en fait la même que celle qu’a posée la semaine dernière le premier ministre du Québec, François Legault, au chef péquiste, Paul St-Pierre Plamondon.
«À quoi ça sert le Bloc québécois à Ottawa? Ça sert à quoi? Ça sert à quoi?», avait-il tonné au Salon bleu de l’Assemblée nationale.
Le chef bloquiste, Yves-François Blanchet, avait par la suite soutenu que M. Legault s’était visiblement enflammé durant la période des questions dans un «moment d’impulsivité», mais qu’en fait «personne ne doute de l’utilité» de sa formation politique.
Le Bloc, avait-il plaidé, a obtenu des motions unanimes sur l’immigration, sur la langue, sur la reconnaissance de la nation québécoise. Selon lui, les dossiers importants pour Québec «ne sont portés que par le Bloc québécois».
Lors de la joute de mercredi, Pierre Poilievre s’est justifié en affirmant qu’il pose «simplement la même question» que M. Legault, et que la réponse est simple: «ça sert au premier ministre».
Il a énuméré des reproches à l’égard du Bloc, notamment d’avoir appuyé le financement de l’application ArriveCan – qu’il a rebaptisée «ArriveScam» et qui fait l’objet de critiques pour des dépassements de coûts importants – à travers des fonds destinés à la lutte contre la pandémie de COVID-19.
Les conservateurs utilisent ces jours-ci une déclaration du leader parlementaire du Bloc québécois, Alain Therrien, qui a expliqué le vote de sa formation en disant qu’il ne «va pas scruter tout ce qui est dépensé» par le gouvernement.
Après que M. Poilievre eut dans un deuxième temps demandé à quoi sert «le mariage libéral-bloquiste», le premier ministre Trudeau a répliqué qu’il s’agit d’un autre exemple de mépris de la démocratie et que cela «devrait inquiéter les Québécois et tous les Canadiens».
«J’ai passé ma carrière politique à lutter pour le fédéralisme au Québec et pour un Canada uni contre bien souvent le Bloc québécois, a-t-il déclaré. Mais j’ai toujours eu un respect profond pour quiconque se présente pour servir ses concitoyens et pour être élu à cette Chambre des communes.»
Ces attaques surviennent alors qu’un récent sondage Léger suggère que les appuis aux conservateurs de Pierre Poilievre sont forte en progression au Québec
Bien que le Bloc québécois reste premier dans les intentions de vote dans la province à 32%, les conservateurs suivent à 29%, en hausse de six points en un mois par rapport à un coup de sonde comparable, soit exactement la perte qu’encaissent les libéraux qui se retrouvent à 21%. Le NPD est à 11%.
À l’échelle nationale, les conservateurs dominent à 41%. Ils sont suivis des libéraux à 25% et des néo-démocrates à 18%. Les résultats de ce coup de sonde suivent une tendance qui avait débuté en juillet de l’an dernier, lorsque les conservateurs ont devancé les libéraux dans les intentions de vote des Canadiens.
Le sondage a été mené au courant de la fin de semaine auprès de 1554 Canadiens, dont 326 Québécois. Il est impossible d’attribuer une marge d’erreur à un sondage réalisé en ligne, comme dans le cas présent, puisque la méthode d’échantillonnage est non probabiliste.