Une plateforme pour comprendre le vieillissement et agir avec bienveillance

MONTRÉAL — Les cheveux blanchissent, la peau se plisse, ces signes ne trompent pas lorsque l’on regarde un proche vieillir. Ce que l’œil ne voit pas, toutefois, c’est que le cerveau aussi est affecté par le passage du temps. Afin de mieux comprendre ce processus, l’Ordre des psychologues du Québec (OPQ) lance une nouvelle plateforme numérique.

Ce portail web appelé «Au fil du temps» contient des capsules vidéo et des balados animés par la présidente de l’OPQ, la Dre Christine Grou.

Par cette initiative, l’ordre souhaite contrer la maltraitance psychologique envers les aînés. On explique que plusieurs comportements insidieux peuvent se développer lorsque l’on comprend mal le fonctionnement du cerveau des personnes âgées.

«La maltraitance physique ou financière, ce n’est pas une maltraitance qui s’ignore», souligne d’abord la Dre Grou, elle-même psychologue. Elle ajoute cependant que bien des gens peuvent être maltraitants sur le plan psychologique sans le savoir et même croire à tort qu’ils agissent avec bienveillance.

Cette maladresse s’explique par «une méconnaissance de ce qui se passe dans le cerveau d’une personne vieillissante», explique la présidente de l’OPQ, «surtout quand il y a un vieillissement pathologique ou ce qu’on appelle communément une démence».

À titre d’exemple, on parle d’une personne forcée de laisser sa maison pour aller dans un centre de soins de longue durée à laquelle on répète que «c’est pour le mieux» et que «ça va bien aller». Cette personne vit un deuil et elle sait qu’elle n’évolue pas nécessairement vers un avenir meilleur. Selon la Dre Grou, il faut surtout démontrer de l’empathie.

Dans un autre cas, une personne atteinte d’aphasie qui ne comprend pas parfaitement du premier coup lorsqu’on lui parle se fait répéter le même message de plus en plus fort jusqu’à crier. Cette personne pourrait avoir une réaction agressive et avec raison. Si elle ne parvient pas à décoder le message, elle est parfaitement en mesure de détecter qu’on l’agresse en criant.

Par ailleurs, la Dre Grou rappelle qu’il faut éviter d’infantiliser les aînés ou de prendre des décisions à leur place. 

«Il faut essayer de comprendre qui elle était avant de devenir une personne vieillissante, précise-t-elle. On ne reconnaît pas à quel point c’est difficile de perdre l’autonomie décisionnelle.»

Cinq thèmes sont abordés dans le contenu mis en ligne, soit le vieillissement du cerveau; les troubles neurocognitifs; comment aider; quitter sa maison; et prendre soin de soi.

La plateforme s’adresse à tout le monde, puisque vieillir est inévitable. Elle devrait aussi intéresser plus particulièrement les proches aidants ainsi que le personnel soignant qui côtoie des patients âgés.

«On va tous arriver-là, à un moment ou à un autre, que ce soit avec un cerveau sain ou avec un cerveau qui a un problème de santé, alors je pense qu’on a tout avantage à s’y intéresser», insiste Christine Grou.

L’ordre a reçu le soutien du ministère de la Santé et des Services sociaux pour développer cette plateforme dont le contenu devrait être bonifié au cours des cinq prochaines années.

«Dans un monde idéal, on aurait toujours une bonne évaluation de la personne et accès à un professionnel qui expliquerait comment intervenir, mais on n’a pas ça souvent. Alors, on espère que ça va aider le plus de gens possible», conclut la Dre Grou.

La plateforme est accessible à l’adresse aufildutemps.quebec. On peut aussi retrouver les balados sur la plupart des plateformes dédiées à ce médium.

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