Une famille canadienne bloquée au Liban attend son vol avec impatience

TORONTO — Jalal Tabaja et plus d’une douzaine de membres de sa famille élargie, la plupart Canadiens, se sentaient en sécurité au Liban jusqu’à récemment.

Bien que les forces israéliennes aient échangé des tirs avec les militants du Hezbollah de l’autre côté de la frontière israélo-libanaise depuis près d’un an, leurs villages du sud du pays et les quartiers suds de Beyrouth étaient relativement calmes.

Maintenant, ces zones sont la cible de frappes aériennes massives. La région connaît une escalade marquée des hostilités à l’approche de l’anniversaire de l’attaque brutale du Hamas contre Israël le 7 octobre qui a fait exploser la guerre dans la bande de Gaza.

Une tragédie a fait comprendre aux Tabaja à quel point le danger était réel. Une frappe aérienne israélienne a tué les parents de Jalal, tous deux Canadiens, la semaine dernière.

Ils font partie des plus de 1600 personnes décédées ces dernières semaines, selon les données rapportées jeudi par l’Organisation internationale pour les migrations des Nations Unies. Quelque 6000 autres personnes ont été blessées.

En partant à la recherche de ses parents, M. Tabaja a déclaré que le carnage qu’il a observé, en passant devant les corps des victimes dans les décombres, était la chose la plus horrible qu’il ait jamais vue.

«Ce qui arrive aux civils libanais est inacceptable, a déclaré M. Tabaja lors d’une entrevue téléphonique, s’exprimant depuis la capitale libanaise. C’est totalement inhumain».

Le reste de la famille de M. Tabaja a décidé de fuir.

Son frère et sa nièce ont pu réserver un vol commercial au départ de Beyrouth. Mais M. Tabaja, sa sœur et leurs familles demandent l’aide d’Ottawa pour partir.

Un responsable leur a dit qu’ils pouvaient espérer des places sur un vol partant dimanche, a-t-il indiqué, mais il n’y a pas encore eu de confirmation. En attendant, ils attendent dans un hôtel au nord de Beyrouth, où les choses sont un peu plus calmes – même si, selon lui, des explosions peuvent être entendues dans toute la ville.

Même là-bas, la situation est «en fait assez mauvaise, pour être honnête, a déclaré M. Tabaja. Plus on est proche de Beyrouth, plus c’est dangereux», a-t-il expliqué.

Quitter le pays

Affaires mondiales Canada exhortait les Canadiens à quitter le pays depuis des mois, bien avant la crise actuelle.

Le ministère a déclaré cette semaine qu’il continue d’aider les Canadiens, les résidents permanents et les membres de leur famille immédiate à fuir alors que le conflit entre Israël et le Hezbollah, établi au Liban, s’intensifie.

Près de 25 000 Canadiens se trouveraient actuellement au Liban, environ 5000 d’entre eux ont demandé de l’aide et les autorités ont contacté plus de 2300 personnes pour leur proposer des options de vol organisées par le gouvernement fédéral, a-t-il indiqué.

«Comme les options commerciales continuent d’être affectées par la situation, les Canadiens au Liban doivent partir maintenant et prendre le premier siège offert», a pressé Affaires mondiales Canada dans un communiqué publié jeudi.

«La situation pourrait s’aggraver à tout moment et rendre très difficile le départ par des moyens commerciaux. Des fermetures d’espaces aériens et des annulations ou des déroutements de vols sont probables.»

Des pays comme l’Allemagne, le Japon, la France et les États-Unis évacuaient leurs citoyens sur des vols nolisés.

Deux vols ouverts aux Canadiens ont décollé jeudi avec 275 passagers, soit moins de la moitié de la capacité des avions, a indiqué le ministère. Parmi les personnes évacuées figuraient des gens issus de «pays partageant les mêmes idées, comme l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Danemark et les États-Unis», a indiqué Affaires mondiales.

Le ministère a ajouté que d’autres vols plus tôt cette semaine ont permis de mettre en sécurité plus de 300 Canadiens et que près de 900 sièges seraient disponibles sur les vols partant entre vendredi et dimanche.

Un conflit meurtrier

L’armée israélienne a déclaré avoir tué 250 membres du Hezbollah au Liban depuis le début de son incursion terrestre lundi soir. Israël a affirmé que la plupart des neuf soldats israéliens tués sont morts dans des combats rapprochés avec des combattants du Hezbollah.

Le gouvernement libanais a déclaré que jusqu’à un million de personnes ont fui leurs foyers dans le pays et que plus de 185 000 se sont rendues en Syrie voisine. Une frappe aérienne israélienne a coupé une autoroute importante reliant les deux pays vendredi.

M. Tabaja, qui a vécu à Ottawa pendant près d’une décennie et qui est titulaire d’un diplôme d’ingénieur de l’Université Carleton, a déclaré qu’il était reconnaissant envers le gouvernement canadien pour sa réponse.

Il a noté que le ministère canadien des Affaires étrangères était en communication directe avec sa famille depuis le décès de ses parents.

«Ils ont essayé d’aider, a-t-il indiqué. Je suis presque sûr qu’ils font de leur mieux.»

Mais il a dit qu’il aurait aimé que le gouvernement soit mieux préparé à une évacuation et qu’il fasse plus d’efforts pour s’assurer que les Canadiens dans le pays prennent leurs avertissements au sérieux.

«Je pense qu’ils auraient dû faire un meilleur travail ou au moins essayer de tendre la main aux gens de différentes manières», a-t-il déclaré.

M. Tabaja a annoncé que lui et sa famille envisageaient de rester au Qatar ou à Bahreïn une fois qu’ils auraient réussi à quitter le Liban, afin de demeurer plus près de leurs maisons et de leurs emplois. Il y a encore de l’espoir que la violence s’atténue et qu’ils puissent rentrer, a-t-dit.