Tempête Fiona: une personne secourue après avoir été emportée dans l’océan

HALIFAX — Fiona, l’une des plus puissantes tempêtes à avoir frappé l’est du Canada, se dirige vers l’ouest de Terre-Neuve après avoir laissé derrière elle un sillage de destruction.

La tempête était concentrée sur l’est du golfe du Saint-Laurent samedi soir et devait se diriger vers le nord-est, atteignant la Basse-Côte-Nord du Québec et le sud-est du Labrador dans la nuit. Des vents violents, de grandes vagues et des ondes de tempête se sont poursuivis sur certaines parties de l’est de la Nouvelle-Écosse, du golfe du Saint-Laurent et de l’ouest de Terre-Neuve.

Les autorités policières ont fait état de deux résidentes de Port-aux-Basques, à Terre-Neuve-et-Labrador, qui auraient été emportées par les vents après l’effondrement de leur maison respective. La caporale Jolene Garland de la GRC a indiqué que l’une de deux femmes avait été secourue par des voisins et récupérerait bien après avoir reçu des soins médicaux.

«On nous a aussi signalé une autre femme qui aurait été emportée dans l’océan. Elle était dans un sous-sol, a raconté Mme Garland. Nous n’avons pu vérifier le sort de cette femme.» La policière a expliqué que les conditions météorologiques étaient trop dangereuses pour mener une enquête sur le terrain.

Plusieurs villes de l’île du Cap-Breton et au moins une municipalité de Terre-Neuve ont décrété l’état d’urgence sur leur territoire.

Le premier ministre fédéral Justin Trudeau a indiqué que son gouvernement était prêt à venir en aide aux provinces.

Dans un gazouillis publié vers 5 h 00 sur Twitter, le Centre canadien de prévision des ouragans (ECCC) a indiqué qu’«avec une pression non officielle enregistrée à Hart Island de 931,6 mb, cela fait la tempête la plus basse jamais enregistrée au Canada».

«La pression d’une tempête est une très bonne indication de son intensité – de la force et de l’intensité des vents, a déclaré le météorologue Ian Hubbard. Plus la pression est élevée, plus elle sera intense.»

Bob Robichaud, météorologue de la préparation aux avertissements du centre des ouragans, a indiqué lors d’une conférence de presse que les régions les plus durement touchées du sud-ouest de Terre-Neuve se trouvaient sur la trajectoire des vents les plus forts au bord de la tempête.

«Les mêmes vents qui ont traversé le Cap-Breton aux premières heures du matin traversent maintenant la région de Port aux Basques. Cela, ajouté au fait qu’ils sont largement ouverts aux vagues entrantes et aux vagues de tempête, c’est ce qui explique ce que vous voyez maintenant», a déclaré M. Robichaud.

Importants dommages 

D’autres responsables de la Nouvelle-Écosse ont décrit les effets vertigineux de la tempête, qui a fait voler des débris, brisé des poteaux électriques et des arbres sur les routes, et coupé le courant aux trois quarts des habitants de la province dès samedi après-midi.

Brian Button, le maire de Port-aux-Basques, a indiqué que certaines maisons ont été emportées par les vents violents et la montée des eaux. Sur une vidéo diffusée samedi matin sur Facebook Live, il a aussi exhorté la population à ne pas s’aventurer à l’extérieur et recommandé aux résidants les plus menacés de se réfugier dans des zones plus élevées.

«Tous ceux à qui on a dit de quitter leur maison, faites-le! Il n’y a pas de si ou de mais, vous devez partir.»

Il a prévenu que ceux qui tenteraient de rester chez eux risqueraient de se trouver isolés.

«On peut remplacer une maison, mais pas vous. Vous devez vous en aller. Déjà, des maisons ont été emportées, alors vous devez vous en aller, maintenant.»

Plus tard dans la journée de samedi, il a conseillé aux gens de se réfugier dans une école primaire, alors que les prévisions annoncent de nouvelles ondes de tempête.

La GRC a publié un message similaire. «Plusieurs incendies électriques, résidences inondées et routes emportées par les eaux occupent les premiers intervenants. Obéissez aux ordres d’évacuation et trouvez un endroit sûr pour affronter la tempête», a-t-elle déclaré sur Twitter.

René Roy, le rédacteur-en-chef de l’hebdomadaire local, dit que neuf immeubles, dont un édifice de deux étages, ont été emportés après une puissante onde de tempête et des vagues atteignant 25 mètres. «Ces maisons n’existent plus. Elles sont dans la rue.», a-t-il lancé.

Fiona est arrivée avec des vents soufflant à environ 150 km/h lorsqu’elle a touché terre vers 4 h 00 , heure locale, à l’extrémité est de la Nouvelle-Écosse, entre Canso et Guysborough. La violente tempête a coupé l’électricité à plus de 500 000 foyers et entreprises dans les provinces maritimes.

Dans sa mise à jour de 8 h 30, l’ECC a indiqué que «Fiona continuera de se déplacer vers le nord-est aujourd’hui et causera des vents, des vagues et des ondes de tempête dommageables». 

Le centre indique que des rafales de 90 à 120 kilomètres à l’heure ont été signalées en Nouvelle-Écosse, à l’Île-du-Prince-Édouard, aux Îles-de-la-Madeleine et dans le sud-ouest de Terre-Neuve, avec des rafales atteignant 161 km/h sur l’île Beaver, en Nouvelle-Écosse. 

L’aéroport international Stanfield d’Halifax a signalé des rafales de 109 km/h à 3h. Une rafale a même atteint 135 km/h dans l’embouchure du port d’Halifax. Quelque 160 personnes ont été évacuées de deux immeubles à logements sévèrement endommagés. Le toit de l’un d’eux s’était effondré.

L’aide de l’armée requise 

Le premier ministre de la Nouvelle-Écosse, Tim Houston, a requis l’aide de l’armée et de l’Ontario, en vertu d’un accord d’aide mutuel. La province tente de rétablir de façon urgente le courant, les services téléphoniques et d’internet.

À Sydney, en Nouvelle-Écosse, la plus grande ville du Cap-Breton, le vent, qui a atteint 141 km/h à 3h,  a causé de graves dommages à certaines maisons, forçant les familles à fuir. 

Une porte-parole de la région, Christina Lamey, a confirmé des dommages à des structures, tout en précisant que personne n’a été blessé. Elle a dit qu’on ne savait pas combien de maisons avaient été endommagées, qu’il y a eu des signalements de murs effondrés et des toits manquants. 

«Les intervenants de première ligne sont partout. Nous souhaitons que les gens évitent les routes, a-t-elle dit. La plupart des routes sont présentement dangereuses. Plusieurs arbres et des lignes de courant sont tombés.»

Plusieurs dizaines de personnes ont trouvé refuge à l’aréna Centre 200 à Sydney. 

«Nous avons entendu un grand bruit à l’extérieur. Nous avons ensuite réalisé que des murs se lézardaient. Nous avons regardé à l’extérieur et vu des arbres qui tombaient, a raconté l’une d’entre elles, Arlene Grafilo. Nous étions emprisonnés et nous ne pouvions même pas ouvrir les portes et les fenêtres. Nous avons donc décidé d’appeler le 911. Les enfants avaient peur.»

Les conditions n’étaient guère mieux sur l’Île-du-Prince-Édouard. On y a enregistré des vents de 110 km/h vers 14h30.

Le premier ministre Dennis King a indiqué qu’une onde de tempête de deux mètres avait frappé le littoral, causant des inondations à plusieurs endroits et abattant des poteaux de ligne électrique. Environ 95 pour cent de la population serait privée de courant.

M. King a félicité les Insulaires pour avoir tenu compte des avertissements de rester à l’intérieur, soulignant que les autorités n’ont reçu aucun rapport de blessés.

Mais s’il a déclaré qu’il était encore trop tôt pour évaluer pleinement l’étendue des dégâts à travers l’île. Il a déclaré que les premières indications montraient déjà clairement que Fiona avait porté un coup sans précédent.

«Il semble que peu de collectivités, petites ou grandes, ont été épargnées», a déclaré M. King.

À Charlottetown, capitale de l’Île-du-Prince-Édouard, la ville a exhorté les habitants à rester hors des rues. Fiona a laissé une foule de débris, a abattu des lignes électriques en plus de déraciner et briser des arbres. Des pompes à essence ont été arrachées de leurs fondations, des lignes électriques tordues et tombées et des boîtes aux lettres renversées.

Lena Caseley, une résidente de Charlottetown qui vit dans le quartier de Parkdale depuis 1993, a déclaré qu’elle n’avait jamais rien vu de comparable à la fureur et à la destruction de Fiona.

Samedi après-midi, Mme Caseley a inspecté les dégâts dans sa rue. «Il va falloir beaucoup de temps pour s’en remettre», a-t-elle déclaré.

Steve Clements, qui a passé la nuit au Jack Blanchard Hall, l’un des abris temporaires de Charlottetown, s’est dit reconnaissant d’être «à l’abri des éléments». Il a dit que c’était bruyant et difficile de dormir, mais «c’est mieux que l’alternative. C’est mieux que d’être dehors».

Des parties de l’est de la Nouvelle-Écosse et de l’Île-du-Prince-Édouard ont déjà enregistré de 75 à 150 millimètres de pluie. 

Selon le Centre canadien de prévention des ouragans, Fiona se déplace vers le nord-est à travers le golfe du Saint-Laurent alors que des rafales de vent de force ouragan se poursuivent sur certaines parties du sud-ouest de Terre-Neuve. Elle pourrait toucher de nouveau terre au Labrador, dimanche matin.