Rencontre avec Jean Boulet: renforcez les lois du travail, disent les centrales
MONTRÉAL — Les quatre centrales syndicales du Québec ont rencontré le ministre du Travail, Jean Boulet, vendredi, pour lui demander de «rééquilibrer le rapport de forces» entre employeurs et travailleurs, et de renforcer des lois du travail qu’elles jugent désuètes.
La CSD, la CSN, la FTQ et la CSQ rencontrent régulièrement le ministre du Travail pour traiter avec lui de différents sujets.
Cette fois, la rencontre en visioconférence a eu lieu alors que le géant Amazon vient d’annoncer la fermeture de ses entrepôts au Québec. Or, un des entrepôts d’Amazon avait obtenu son accréditation syndicale l’an dernier et l’affaire s’était retrouvée devant les tribunaux.
Au fédéral, en invoquant le Code canadien du travail, le ministre Steven MacKinnon est intervenu dans des conflits de travail dans le rail, dans des ports et aux Postes. Et juste avant Noël, lors d’une entrevue, le ministre Boulet a dit réfléchir à une façon de modifier le Code du travail du Québec pour faciliter à son tour une forme de règlement des conflits qui perdurent ou sont enlisés.
En entrevue à l’issue de la rencontre, le président de la Centrale des syndicats démocratiques (CSD), Luc Vachon, a rapporté que les syndicats constatent que les lois du travail, conçues à l’origine pour protéger les droits des travailleurs, n’ont plus leur effet. Ils soutiennent qu’il y a plutôt un déséquilibre dans le rapport de forces, à l’avantage des employeurs.
«Quand arrive une situation de conflit, le soi-disant équilibre qui est supposé se maintenir, il est totalement théorique, il est illusoire. Parce que, dans le fond, c’est devenu très facile de contourner les lois et c’est dur à faire appliquer», a opiné M. Vachon.
La CSD a elle-même un conflit de travail de longue durée, au Saguenay, avec Brandt Tractor, qui s’est retrouvé devant les tribunaux.
Luc Vachon aimerait, par exemple, que le fardeau de la preuve soit inversé, lorsqu’il y a une fermeture d’entreprise, et qu’il appartienne alors à l’employeur de démontrer qu’il éprouve des difficultés financières ou bien que sa fermeture n’est pas due à une simple motivation antisyndicale.
Et si une fermeture a pour cause une stricte motivation antisyndicale, «à ce moment-là, les sanctions, les pénalités devraient être élevées, puis elles devraient être proportionnelles à l’impact» et à la taille de l’entreprise, a plaidé M. Vachon.