Menaces de tarifs de Trump: «oeil pour oeil, dent pour dent», dit la FTQ
MONTRÉAL — Face aux menaces de tarifs de Donald Trump contre le Canada, ce dernier doit y aller «oeil pour oeil, dent pour dent» et ne pas se mettre en position de faiblesse face à lui, en évitant de répondre à chacune de ses affirmations «farfelues», plaide la présidente de la FTQ, Magali Picard.
À l’occasion de sa traditionnelle conférence de début d’année, la présidente de la FTQ a fait état de la crainte de ses grands syndicats affiliés et de leurs membres face aux menaces de tarifs de 25 % lancées par le président élu des États-Unis.
Des emplois sont en jeu. Les Métallos, Unifor et les Teamsters, tous de grands affiliés de la FTQ, seraient particulièrement touchés par ces éventuels tarifs américains, puisqu’ils sont très présents dans les mines, la métallurgie, le bois, la forêt et le transport.
«Faut lui faire mal; il veut nous faire mal; il veut nous impressionner» en jouant à «ce jeu dangereux», s’est exclamée Mme Picard.
Elle note que, comme syndicaliste, «il faut toujours bien analyser avec qui on négocie». Et avec Donald Trump, c’est l’exercice du rapport de forces qui marche, soutient-elle.
«Je ne pense pas qu’essayer de négocier avec une personne qui n’est pas saine d’esprit va nous mener quelque part.»
Elle souhaite donc l’établissement d’un «front commun» avec les entreprises et les chefs politiques pour que le pays se tienne debout face aux menaces de Donald Trump. Il faut lui montrer que lui aussi a besoin du Québec et du Canada, plaide-t-elle.
Syndicats américains
La FTQ est dans une position privilégiée, parce que ses grands syndicats affiliés ont des liens avec les syndicats américains et internationaux, qui pourraient devenir, soit des alliés pour les emplois, soit des obstacles, dans ce débat, s’ils adhéraient aux thèses protectionnistes de Donald Trump.
Elle souligne que ces grands syndicats de la FTQ ayant des liens avec les syndicats américains «ont été capables, au fil des années, de faire rayonner, de faire respecter leurs travailleurs et leurs travailleuses au Québec, au Canada».
Quant aux syndicats américains ayant un pendant québécois, «on n’a pas cette inquiétude-là; on n’a pas de signaux nous disant que ces syndicats-là, avec des sièges sociaux internationaux, veulent embarquer dans ce délire-là», a rapporté Mme Picard.
Inquiète de Poilievre
Par ailleurs, l’arrivée possible, à la tête du gouvernement canadien, du chef conservateur Pierre Poilievre semble «extrêmement préoccupante pour les travailleurs, les travailleuses et la classe moyenne», soutient Mme Picard.
Elle dépeint un Parti conservateur qui s’est toujours opposé aux droits des travailleurs et des syndicats. Elle cite «les 19 fois où un projet de loi anti-briseurs de grève a été déposé» au fil des ans et auxquels les conservateurs se sont toujours opposés, jusqu’à l’an dernier.
«Tout d’un coup, on nous dit que Pierre Poilievre a changé, qu’il est devenu prosyndical.»
Mais elle croit que «c’est un gars dangereux» pour les droits des travailleurs, l’âge de la pension de vieillesse, l’assurance-emploi et les crédits d’impôt pour les fonds de travailleurs.
«Les fonds de travailleurs, il n’y croit pas. Alors, il y a 800 000 actionnaires du Fonds de solidarité au Québec qui ont toutes les raisons du monde d’être inquiets.de voir arriver Pierre Poilievre au pouvoir», a conclu Mme Picard.