Les premiers ministres canadiens sont «préoccupés» par le dernier budget fédéral

Les premiers ministres canadiens se disent «préoccupés» par le dernier budget fédéral. Dans une lettre adressée à Justin Trudeau, ils unissent leur voix pour demander à Ottawa de «s’abstenir d’empiéter» dans leur champ de compétences et réclament plus de collaboration.

Les premiers ministres indiquent que le dernier budget fédéral aura des «répercussions directes» sur leur propre budget. «Les investissements du gouvernement fédéral devraient être complémentaires à ceux que font déjà les (provinces et territoires), dans les secteurs relevant de leurs compétences, afin d’offrir un maximum d’avantages aux Canadiens», peut-on lire dans une lettre adressée à Justin Trudeau et signée par le président du Conseil de la fédération et premier ministre de la Nouvelle-Écosse, Tim Houston, au nom de tous ses homologues provinciaux et territoriaux. 

Le gouvernement Trudeau a déposé mardi un budget dépensier avec une augmentation de 8 % des dépenses, pas de plan de retour à l’équilibre budgétaire et un déficit de 40 milliards $. 

«Les premiers ministres des provinces et des territoires sont préoccupés par le fait que les coûts de nouveaux programmes fédéraux, créés sans engagement de financement à long terme, ne soient finalement assumés en totalité par les provinces et les territoires, augmentant ainsi la pression financière sur leurs contribuables», écrit-on dans la lettre. 

«Le gouvernement fédéral doit soutenir les provinces et les territoires en tenant compte de leurs besoins et de leurs responsabilités respectifs dans des domaines tels que les infrastructures, le logement, l’atténuation des catastrophes et les interventions d’urgence, ainsi que la formation professionnelle», ajoute-t-on.

La lettre demande au fédéral de «s’abstenir d’empiéter» dans leurs champs de compétences, comme la santé, l’éducation et le logement. «Chaque gouvernement devrait avoir le droit de recevoir une compensation financière continue représentant sa juste part. Cela comprend les provinces et les territoires qui se réservent le droit de demander un financement fédéral inconditionnel», ajoute-t-on

Les premiers ministres disent reconnaître l’attention portée par le fédéral à la crise du logement. «Cependant, le gouvernement fédéral doit tenir compte des impacts découlant de la croissance de la population sur la demande en logements, notamment en agissant sur le nombre considérable de demandeurs d’asile dans certaines provinces et certains territoires.»

Trudeau en remet

Appelé à réagir quelques heures plus tard lors d’une conférence de presse à Victoria, en Colombie-Britannique, M. Trudeau s’est dit convaincu d’agir de la bonne manière malgré que «des provinces conservatrices (…) résistent et repoussent» l’aide fédérale.

«Quand j’entends les provinces s’énerver parce que nous signons des accords avec les grandes villes, que nous mettons de l’argent dans les coffres des villes pour qu’elles puissent augmenter la densité, afin qu’elles puissent construire plus de logements plus rapidement, investir dans l’abordabilité, je sais que c’est ce qui doit se produire», a-t-il dit.

M. Trudeau a réitéré qu’il «préfère» travailler en collaboration avec les provinces, mais que «si nous le devons, je les contournerai» pour aider la population.

«Je fais toujours dans le respect de la constitution, mais ma responsabilité première, c’est de s’assurer que tous les Canadiens ont un bel avenir», a-t-il affirmé.

Le gouvernement de François Legault n’a cessé de dénoncer ce qu’il considère comme de l’ingérence dans ses champs de compétences lorsque le fédéral faisait ses annonces prébudgétaires qui concernaient principalement le logement.

La Coalition avenir Québec martèle qu’Ottawa est l’architecte de la crise du logement en raison du nombre trop important de demandeurs d’asile dans sa province.