Le parc d’observation des avions de Montréal, lieu de prédilection pour les oiseaux?

MONTRÉAL — L’aéroport international Montréal-Trudeau sévit contre les pique-niqueurs dans son parc d’observation, craignant que des oiseaux alléchés par les restes de nourriture n’entrent en collision avec des avions à l’atterrissage ou au décollage.

Le principal aéroport de Montréal est le seul au Canada à posséder son propre parc d’observation, a rappelé lundi Anne-Sophie Hamel, porte-parole de l’aéroport. Mais le parc Jacques-de-Lesseps est devenu victime de sa popularité, a-t-elle ajouté.

Au grand désarroi des autorités aéroportuaires et des amateurs de repérage d’avions, un nombre croissant de personnes ont commencé à organiser des pique-niques dans le parc, qui sont strictement interdits,  car ils peuvent attirer les oiseaux.

«Avec cette popularité croissante, nous remarquons certains comportements qui pourraient être dangereux pour nous», a dit Mme Hamel en entrevue.

L’aéroport a lancé une campagne — en installant des panneaux de signalisation et en publiant sur les réseaux sociaux — expliquant à quel point les pique-niques peuvent être dangereux. Les constables spéciaux de la patrouille de l’aéroport, qui peuvent distribuer des amendes, ont également renforcé la surveillance.

Risque de collision

«Tout le monde n’est pas capable de faire le lien entre avoir de la nourriture et ce que nous appelons les impacts d’oiseaux — le risque de collision entre un avion et un oiseau», a-t-elle expliqué.

Selon Mme Hamel, le risque d’impacts d’oiseaux est sérieux. En 2009, un vol d’US Airways a été forcé d’effectuer un amerrissage d’urgence sur la rivière Hudson à New York après que ses deux moteurs aient été endommagés lors de collisions avec des oiseaux.

Le risque lié aux oiseaux est le plus élevé lors du décollage et de l’atterrissage, a expliqué Mme Hamel, ce qui rend l’emplacement du parc le long de la piste particulièrement dangereux pour les collisions.

«C’est vraiment une question de sécurité. Malheureusement, il y a eu un certain nombre de cas ces dernières années où il y a eu des collisions entre des avions et des oiseaux qui ont été vraiment tragiques et même mortels dans certains cas», a-t-elle déclaré.

Les impacts d’oiseaux ont été liés à plusieurs accidents au Canada, dont une collision en 2020 qui a tué un membre de l’équipe de démonstration des Snowbirds de l’Aviation royale canadienne. En avril, un Boeing 737 MAX 8 de Flair Airlines a été contraint de retourner à l’aéroport de Calgary après plusieurs impacts d’oiseaux.

Fermeture du parc possible

Mme Hamel a dit que l’aéroport avait connu une amélioration depuis le début de la campagne au début du printemps, mais elle a averti que si la situation s’aggravait, l’aéroport envisagerait de fermer le parc.

«Si le parc devenait éventuellement un danger, l’une des mesures qui pourraient être mises en place pour atténuer ce risque serait, malheureusement, de le fermer», a-t-elle déclaré.

Au parc dimanche, certaines personnes ne semblaient pas comprendre la règle.

Jeremy Cameron a affirmé que le parc était un endroit idéal pour un pique-nique.

«Personne n’abuse du parc, j’ai vu des gens être toujours respectueux ici, donc je ne vois pas le problème de manger, a-t-il témoigné. Il y a des poubelles autour. Je ne vois rien au sol, juste des familles et des couples qui regardent les avions décoller.»

Claude Gravel, qui regardait les avions décoller, a soutenu que la règle avait du sens.

«Je pense que c’est la bonne chose à faire, c’est une question de sécurité», a-t-il déclaré.

M. Gravel, qui visite habituellement le parc une fin de semaine sur deux, a affirmé que les nouveaux panneaux constituaient une amélioration par rapport à la signalisation précédente.

«Il y a trop de gens qui viennent dans le parc et qui laissent leurs sacs McDonald’s et tout ça, et cela attire les oiseaux — un oiseau voit McDonald’s, il y va, tout comme nous», a-t-il dit.