Le Canada vit actuellement sa «pire saison des incendies de forêt» du 21e siècle

Le Canada vit actuellement sa «pire saison des incendies de forêt» depuis le début du 21e siècle, selon le ministre de la Protection civile, Bill Blair, alors que les flammes continuent de faire rage d’un océan à l’autre et empêchent toujours plus de 30 000 personnes de rentrer chez elles.

En date de lundi après-midi, 431 feux de forêt étaient toujours actifs au Canada, dont plus de 200 étaient considérés comme étant non maîtrisés, selon les informations fournies par le gouvernement fédéral. La superficie de forêt brûlée depuis le début de la saison des feux s’élevait alors à 4,7 millions d’hectares.

«On peut donc maintenant parler, malheureusement, de la pire saison des incendies de forêt du 21e siècle au Canada», a affirmé le ministre Blair lors d’un point de presse à Ottawa pour faire le point sur la situation.

Partout au pays, environ 5000 pompiers ont été déployés pour affronter les feux qui continuent de donner du fil à retordre aux équipes sur le terrain. Des centaines d’autres pompiers venant des États-Unis, du Chili, du Costa Rica, de l’Espagne et du Portugal devraient arriver dans les prochains jours.

Les renforts de l’international ont eu un réel effet bénéfique au Québec, où des milliers de personnes ont pu commencer à regagner leur domicile lundi, puisque les combattants du feu ont été en mesure d’éviter que les flammes s’approchent des communautés.

Mais la situation n’est pas aussi joviale partout au pays. Près de 32 000 personnes qui ont été évacuées dans les dernières semaines ne pouvaient toujours pas retourner à la maison lundi en raison de la menace posée par les incendies.

D’autres renforts en Alberta

En Alberta, les équipes s’affairaient toujours lundi à tenter de maîtriser l’imposant incendie qui a forcé l’évacuation de 8400 personnes dans la municipalité d’Edson, à l’ouest d’Edmonton, vendredi soir. Pour les résidents de cette petite ville, il s’agissait d’une deuxième évacuation en quelques semaines seulement en raison des feux.

Selon le maire d’Edson, Kevin Zahara, l’incendie se trouvait toujours à moins de 1,5 kilomètre de la limite sud de sa ville lundi.

«Si le feu reprend de l’ampleur, nous n’aurons pas beaucoup de temps pour réagir. C’est toujours très dangereux», a mentionné M. Zahara lors d’un point de presse virtuel pour expliquer à sa population pourquoi les ordres d’évacuation sont maintenus.

Tout près d’Edson, le comté de Yellowhead a aussi été évacué en raison des feux. Plusieurs routes et autoroutes restent fermées, ce qui fait en sorte que les citoyens ne doivent pas s’attendre à pouvoir rentrer chez eux avant mercredi au plus tôt.

Cependant, certains résidants d’Edson ont choisi de défier les ordres d’évacuation et de rentrer à la maison malgré tout. La directrice administrative de la ville, Christine Beveridge, n’était pas contente de l’apprendre.

«Si en plus de lutter contre les incendies, il faut que nos équipes aillent faire sortir des gens qui sont retournés chez eux, cela rend la situation encore plus difficile pour les intervenants sur le terrain, ainsi que pour vous-mêmes», a réitéré Mme Beveridge.

Elle a rappelé que plusieurs facteurs doivent être pris en compte avant d’autoriser le retour des résidents. Il faut notamment que les autorités municipales s’assurent que les infrastructures essentielles sont en bon état et que l’hôpital local est prêt à accueillir des patients.

Près de 500 équipes, tant au sol que dans les airs à bord d’hélicoptères et d’avions-citernes, luttent actuellement contre les flammes près d’Edson.

Les vents ne collaborent pas en Colombie-Britannique

En Colombie-Britannique, des centaines d’autres résidences ont été évacuées dans le nord-est de la province lundi, puisque des vents violents ont ravivé un gigantesque incendie de 4660 kilomètres carrés, soit le deuxième plus important jamais enregistré dans la province.

Le service de lutte contre les incendies de la province a toutefois noté que les vents responsables des problèmes qui ont eu lieu près de Fort Nelson la fin de semaine dernière ont aussi aidé les pompiers à lutter contre un autre incendie, cette fois au sud de Fort St John.

Plus de 80 incendies étaient toujours actifs dans la province lundi, dont un particulièrement tenace de 2,5 kilomètres carrés sur l’île de Vancouver, ce qui a obligé le prolongement de la fermeture de l’autoroute 4, principal lien routier de la région.

Des convois de camions visitent donc les communautés isolées deux fois par jour pour livrer de l’essence, de la nourriture et d’autres produits essentiels, mais ils doivent faire un long détour qui leur prend quatre heures.

Dans le nord de l’Ontario, le nombre de feux de forêt actifs a aussi augmenté, passant de 62 dimanche à 68 lundi.

Même si certaines prévisions annoncent un peu de pluie pour les prochaines heures, les autorités de partout au pays préviennent que la saison des incendies sera encore longue.

«Nous ne sommes qu’à deux mois et demi d’une période de sept mois qui s’étend jusqu’à la fin du mois d’octobre», a rappelé le ministre de la Sécurité publique et des Services d’urgence de l’Alberta, Mike Ellis.

«L’été pourrait être long et très difficile.»