Hockey Canada: la défense suggère que la femme aurait elle-même guidé les relations

Un avocat représentant l’un des cinq joueurs de hockey jugés pour agression sexuelle suggère que la plaignante était celle qui a pris les rênes lors de sa relation sexuelle avec son client.

Daniel Brown, qui représente Alex Formenton, a suggéré lors du contre-interrogatoire que la femme avait conduit Formenton aux toilettes pour avoir des relations sexuelles après qu’il a déclaré ne pas vouloir le faire devant les autres joueurs dans la chambre d’hôtel.

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Me Brown a affirmé qu’une fois isolée, la femme a touché l’entrejambe de Formenton et lui a dit qu’elle l’aiderait à avoir une érection. Elle a également baissé son pantalon et ses sous-vêtements, a-t-il continué, et a introduit son pénis en elle, pensant que leur différence de taille rendrait la chose difficile.

L’avocat de la défense a suggéré que la femme avait dit à Formenton qu’il n’était pas obligé de porter de préservatif, car elle prenait utilise une autre méthode de contraception, et lui avait demandé de ne pas éjaculer en elle, ce qu’il a respecté.

La femme, dont l’identité est confidentielle en raison d’une ordonnance de non-publication, a déclaré que Formenton portait un préservatif, mais qu’elle ne se souvenait pas d’avoir discuté avec lui à ce sujet ou de quoi que ce soit d’autre dans les toilettes. Elle ne se souvenait pas non plus des actes suggérés par la défense.

«Je sais que je me suis levée pour aller aux toilettes et que quelqu’un me suivait. Au vu de la conversation, et du fait que [les hommes présents dans la pièce] se criaient dessus pour que quelqu’un couche avec moi, je me suis résignée à l’idée que c’était ce qui allait se passer dans la salle de bain», a-t-elle déclaré.

Agression de groupe

Formenton et ses anciens coéquipiers du mondial de hockey junior, Michael McLeod, Carter Hart, Dillon Dube et Callan Foote, ont plaidé non coupables d’agression sexuelle en lien avec une rencontre survenue à l’hôtel Delta de London, en Ontario, aux premières heures du 19 juin 2018.

McLeod a également plaidé non coupable à une accusation supplémentaire de participation à l’infraction d’agression sexuelle.

Les procureurs allèguent que McLeod, Hart et Dube ont obtenu une fellation de la femme sans son consentement, et que Dube lui a giflé les fesses alors qu’elle était en train de se livrer à un acte sexuel avec quelqu’un d’autre.

Ils allèguent aussi que Foote a fait le grand écart sur son visage et s’y est frotté les parties génitales sans son consentement. Formenton n’aurait pas eu le consentement de la plaignante pour leurs rapports sexuels vaginaux dans les toilettes.

Les événements au cœur du procès se sont déroulés alors que de nombreux membres de l’équipe canadienne de hockey junior étaient à London pour célébrer leur médaille d’or.

La plaignante, qui témoigne par vidéo depuis le 2 mai, a précédemment rapporté avoir rencontré certains des joueurs dans un bar du centre-ville et être retournée à l’hôtel avec McLeod. Elle et McLeod ont alors eu des relations sexuelles qui ne font pas partie du procès.

La femme raconte avoir été effrayée lorsque, d’autres hommes sont entrés dans la pièce alors qu’elle était encore nue. Elle était ivre et s’est mise en mode «pilote automatique», se livrant à divers actes sexuels qu’elle croyait être ceux que les hommes attendaient d’elle, a-t-elle déclaré.

Lorsqu’elle tentait de partir, ils la faisaient revenir en lui passant le bras sur les épaules, a-t-elle ajouté.

À la recherche d’une «nuit endiablée»

Les avocats de la défense, quant à eux, suggèrent qu’elle a demandé à McLeod d’inviter ses amis dans la pièce pour qu’ils puissent «s’amuser», car elle souhaitait une «nuit endiablée».

La défense a suggéré qu’elle aurait incité les hommes à se montrer joueurs, leur demandant si quelqu’un accepterait de coucher avec elle.

La plaignante maintient qu’elle ne se souvient pas d’avoir tenu ces propos et que cela ne ressemble pas à ce qu’elle dirait. Si elle les avait tenus, a-t-elle ajouté, cela témoignerait avant tout de son état d’ébriété.

Lundi, l’avocat de Dube a suggéré qu’à une occasion, l’un des joueurs avait répondu à ces paroles en donnant à la femme une tape «joueuse» sur les fesses. À ce moment-là, la femme a répliqué en lui demandant à nouveau s’il voulait bien coucher avec elle, a suggéré Lisa Carnelos. La plaignante a déclaré que les seules gifles dont elle se souvenait étaient celles reçues lors d’une fellation au sol, puis sur le lit, vers la fin de la soirée.

Me Carnelos a également suggéré qu’un des joueurs aurait dit à la femme que certains d’entre eux ne voulaient rien faire avec elle parce qu’ils étaient en couple. La plaignante a répondu qu’elle ne se souvenait pas avoir entendu quelqu’un dire cela.

«Je ne comprendrais pas pourquoi ils seraient même rentrés dans la pièce si c’était le cas», a-t-elle déclaré.

Les textos échangés par la femme avec sa meilleure amie le 19 juin et dans les jours qui ont suivi ont également été présentés au tribunal lundi. La femme avait déjà appelé son amie en pleurs depuis le hall de l’hôtel Delta, selon un précédent témoignage. Elle ne se souvient plus des détails de cette conversation.

Dans l’un des messages du 19 juin, la femme évoque un ton «un peu trop dramatique» lors de leur appel téléphonique, expliquant lundi qu’elle se sentait mal d’avoir réveillé son amie et ne voulait pas l’inquiéter davantage.

Elle a confié à son amie qu’elle se sentait «sale et utilisée» et qu’elle n’aurait pas dû se mettre dans cette situation. Quelques jours plus tard, dans un message daté du 22 juin, la femme a raconté à son amie qu’elle s’était rendue à la police et à l’hôpital suite à «la situation survenue lundi soir».

«Les gars de ce groupe sont tous des joueurs de hockey haut placés», a-t-elle écrit dans le message.

Me Carnelos a insisté auprès de la femme sur les raisons pour lesquelles elle avait attendu des jours avant de dire à sa meilleure amie qu’elle pensait avoir été agressée sexuellement. La femme a répondu qu’elle n’avait initialement eu ces conversations qu’avec sa mère.