Gabriel Nadeau-Dubois doit changer des choses, selon Vincent Marissal

QUÉBEC — Écorché dans la démission de la co-porte-parole Émilise Lessard-Therrien, Gabriel Nadeau-Dubois doit changer la façon dont il gère Québec solidaire (QS), a laissé entendre le député Vincent Marissal mardi.

M. Nadeau-Dubois était absent du parlement mardi et QS a indiqué qu’il était ébranlé par l’éclatement de la direction bicéphale du parti et qu’il avait besoin d’un moment pour lui.

Des élus de son caucus se sont toutefois portés à sa défense en affirmant que les critiques qui le visaient étaient injustes, mais d’autres ont évité de répondre aux questions des journalistes. Aucun député n’a osé aller jusqu’à remettre en question clairement le modèle singulier de deux co-porte-parole, masculin et féminin. 

Dans son message de démission diffusé sur les réseaux sociaux lundi, Mme Lessard-Therrien laissait entendre que la direction du parti était noyautée par l’entourage de M. Nadeau-Dubois et qu’elle avait eu du mal à y trouver son «espace».

Le co-porte-parole doit-il changer son style de direction? 

«La réponse courte, c’est oui», a répondu M. Marissal en mêlée de presse avant le séance du caucus, tout en lui réitérant sa confiance. 

«La réponse longue, c’est: qu’est-ce qu’on change? On change tous les jours. Il s’ajuste tous les jours. Il est dans une position qui n’est pas toujours facile.» 

«Je trouve que les critiques qui sont faites à son égard sont injustes, actuellement, puis j’ai pleinement confiance en lui, a déclaré la députée Christine Labrie. Je pense qu’on a besoin de lui pour la suite des choses.»

Adversaire de Mme Lessard-Therrien dans la course au co-porte-parolat, Mme Labrie aurait préféré que Mme Lessard-Therrien, élue à la fin de novembre dans son nouveau poste, persévère un peu plus longtemps dans ses fonctions. Elle a rappelé qu’elle disposait d’un budget de plusieurs dizaines de milliers de dollars pour payer ses déplacements et accomplir ses mandats. 

«Je trouve ça regrettable que, dans la discussion actuelle, on cherche, on dirait, à tout prix, un coupable», a poursuivi son collègue Alexandre Leduc. 

Pour sa part, M. Marissal, qui était le seul député à avoir appuyé Mme Lessard-Therrien publiquement dans la course au poste de porte-parole féminin l’année dernière, se sentait même coupable de ne pas l’avoir suffisamment soutenue quand elle a exprimé son malaise.

«C’est un échec» pour le parti, a-t-il conclu, tandis que ses collègues M. Leduc et Mme Labrie ont rappelé la lourdeur des instances du parti. 

Des députés sont passés en coup de vent pour se rendre à la séance de leur caucus et ont refusé de parler à la presse parlementaire, notamment Sol Zanetti et Alejandra Zaga-Mendez.

Ancienne députée de Rouyn-Noranda-Témiscamingue battue au scrutin de 2022, Mme Lessard-Therrien a été élue co-porte-parole féminine par une courte marge au deuxième tour face à la députée Ruba Ghazal. 

Elle avait à coeur d’enraciner son parti dans les régions et en avait fait une mission, alors que la majorité des sièges de QS se trouvent sur l’île de Montréal et que le parti plafonne bien en dessous de 20 % dans les intentions de vote, sondage après sondage. 

Dans sa lettre de démission, elle a dit qu’elle voulait «essayer d’insuffler un nouveau souffle au parti, ou enfin, un souffle qu’il possédait avant», mais que sa vision s’est «heurtée à un blocage organisationnel».

À la fin de mars, elle avait annoncé qu’elle prenait un congé pour des raisons de santé. Et c’est lundi qu’elle a finalement lancé la serviette.  

De son expérience, elle écrira: «je m’y suis sentie bien seule et j’ai eu du mal à y trouver mon espace. Les différentes visions se sont entrechoquées, me paraissant difficilement compatibles, grafignant au passage mes motivations profondes à être co-porte-parole de Québec solidaire.»

Elle a aussi affirmé avoir été réprimandée et ne pas avoir été écoutée. 

«(….) Je me suis fait gronder ou culpabiliser pour des prises de paroles sincères, pour avoir donné des opinions ou suivi mon intuition. On m’a invalidée quand j’ai nommé des besoins.»