Fondation Trudeau: un ex-PDG pas au fait de mise en garde autour du don lié à Pékin

OTTAWA — L’ancien dirigeant de la Fondation Pierre Elliott Trudeau, Morris Rosenberg, affirme n’avoir jamais été mis au courant de préoccupations au moment d’un don important fait à la fondation par deux hommes d’affaires chinois liés à Pékin.

Sa successeure, Pascale Fournier, a déclaré à un comité parlementaire que des personnes liées aux donateurs avaient communiqué avec des employés de la fondation au sujet d’informations manquantes sur un reçu fiscal relatif au don de 140 000 $ du milliardaire Zhang Bin et d’un autre homme.

M. Rosenberg, qui était le président et chef de la direction à l’époque, a soutenu qu’il n’avait pas eu connaissance de ces courriels et qu’il faisait confiance à ses employés pour gérer correctement les dons, ajoutant que cet enjeu n’avait pas été soulevé dans les propres audits de la fondation ou par l’Agence du revenu du Canada.

«Je ne me souviens pas qu’il y ait eu une mise en garde à ce sujet», a-t-il déclaré.

M. Rosenberg, un ancien fonctionnaire qui a également rédigé un rapport sur la manière dont le Canada a géré l’ingérence étrangère lors des élections fédérales de 2021, s’exprimait lundi devant un comité parlementaire.

Il a raconté que, pour lui, toutes les personnes impliquées avec le don travaillaient dans l’intérêt du Canada à l’époque.

«Le monde entier courtisait la Chine, qu’il s’agisse d’entreprises, d’institutions universitaires ou de gouvernements», a fait valoir M. Rosenberg.

M. Zhang est le président d’une organisation culturelle chinoise qui affirme fonctionner sous la «direction totale» du gouvernement communiste et avoir été créée avec l’approbation du Conseil d’État de la Chine — synonyme de gouvernement central.

M. Zhang est également cité dans de nombreux registres d’entreprises privées chinoises comme président de Millennium Golden Eagle International, la société à laquelle la Fondation Trudeau a récemment restitué le don.

M. Rosenberg a affirmé que le conseil d’administration de la fondation savait qu’il avait affaire à des Chinois et qu’il ne l’avait pas caché à l’époque.

«Nous n’étions pas méfiants, je présume, en partie parce que nous pensions que rien ne nous obligeait à faire quoi que ce soit de fâcheux, a-t-il déclaré. Nous avons eu toute latitude pour faire ce que nous voulions avec cet argent.»

Également le fait que les donateurs aient demandé que le reçu soit établi à l’ordre de Millennium Golden Eagle International n’a pas soulevé d’inquiétude, a souligné M. Rosenberg. 

«Des personnes contrôlent des sociétés et décident, pour une raison ou une autre, d’utiliser la société», a-t-il dit.

Selon M. Rosenberg, le don n’apparaissait pas comme une grande préoccupation, car le montant n’était pas très significatif.

«Nous étions, vous savez, en train d’organiser ces grandes conférences, et la majeure partie de notre énergie était consacrée à cela», a-t-il déclaré.

M. Rosenberg a toutefois indiqué qu’il ne savait pas que M. Zhang avait participé à une collecte de fonds coûteuse organisée par les libéraux, connue sous le nom de «cash-for-access» (un accès privilégié en échange de contribution). 

«Nous ne le savions pas à l’époque. Si quelqu’un m’avait dit que cela s’était produit, je pense que cela m’aurait fait réfléchir et que nous aurions certainement mené une enquête plus approfondie.»

M. Rosenberg a déclaré aux membres du comité qu’il s’inquiétait de l’avenir de la Fondation Trudeau et a appelé à une résolution rapide des controverses en cours.

«Je pense qu’il sera difficile de trouver un nouveau président tant que ces questions n’auront pas été clarifiées. Je pense qu’il en va de même pour ce qui est de trouver de nouveaux membres au conseil d’administration et c’est pourquoi je pense que cela doit être fait rapidement», a-t-il fait valoir.