Erin O’Toole lance un appel à la prudence concernant la «politique de spectacle»

OTTAWA — Si les élus fédéraux ne se méfient pas des dangers de la «politique de spectacle» et de la chasse aux mentions «j’aime» sur les réseaux sociaux, on pourrait bien assister au déclin de la politique canadienne, prévient Erin O’Toole.

L’ancien chef conservateur et député ontarien a profité de son dernier discours à la Chambre des communes, lundi, pour demander à ses collègues politiciens de se concentrer sur les vrais enjeux qui déterminent l’avenir du Canada.

Et ils devraient le faire au lieu de «chercher à nourrir des algorithmes qui sont source de division» — comme le font trop d’élus actuellement à son avis.

«On se fie de plus en plus au nombre de mentions « j’aime » pour mesurer la popularité d’un député, alors que c’est sur le nombre de vies changées dans le monde réel qu’on devrait se fier», a affirmé M. O’Toole.

«La politique de spectacle alimente la polarisation. Trop souvent, nous utilisons cette Chambre uniquement pour aller chercher la « clip », plutôt que pour discuter d’enjeux sérieux.»

M. O’Toole quittera la vie politique fédérale à la fin du mois de juin, après avoir été élu pour la première fois lors d’une élection partielle en 2012.

Avant que les conservateurs soient chassés du gouvernement, en 2015, l’avocat de formation a été nommé ministre des Anciens Combattants à un moment crucial pour ce ministère, puisque le pays était en train de s’ajuster avec le retour des soldats qui ont combattu en Afghanistan.

Après la défaite électorale de 2015, M. O’Toole a décidé de viser la direction du parti, se classant troisième dans sa course à la direction de 2017 qui avait pour but de trouver un successeur à Stephen Harper. Il a finalement remporté son pari en 2020, au terme d’une campagne qu’il a dû mener au plus fort des restrictions sanitaires liées à la COVID-19.

M. O’Toole a dirigé la campagne conservatrice lors des élections fédérales de 2021, qui a vu les libéraux être élus dans un gouvernement minoritaire. Le chef conservateur a ensuite été chassé de son rôle de chef début 2022 par les membres de son caucus, au terme de plusieurs mois de conflits internes.

Son successeur à la direction du parti, Pierre Poilievre, a affirmé lundi aux Communes que M. O’Toole «reste un membre reconnu dans notre parti». Il l’a aussi remercié pour ses années passées à servir la population canadienne.

Lundi, lors de son discours d’adieu, M. O’Toole a évoqué le climat extrêmement divisé qu’il a pu constater lors de la campagne électorale de 2021, jetant une partie du blâme sur les réseaux sociaux.

«Les réseaux sociaux n’ont pas construit ce grand pays, mais ils commencent à démolir sa démocratie», a-t-il prévenu.

Il a également averti que si le Parlement ne se méfie pas de leur pouvoir, la prochaine génération d’électeurs n’aura jamais été confrontée à des opinions divergentes.

«Aujourd’hui, trop souvent, nous permettons à des théories du complot sur l’ONU ou le Forum économique mondial d’être acceptées sans même être contestées», a déploré M. O’Toole.

«Nous devenons des abonnés de nos abonnées, alors que nous devrions être des meneurs.»