Doug Ford confirme qu’il déclenchera mercredi des élections en Ontario

TORONTO — Le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, a annoncé vendredi qu’il déclencherait des élections mercredi afin d’obtenir un mandat pour lutter contre la menace des tarifs douaniers des États-Unis.

Le déclenchement des élections enverrait les Ontariens aux urnes le 27 février, plus d’un an avant la date fixe des élections de juin 2026.

M. Ford se trouve vendredi dans le secteur électoral clé de Brampton pour annoncer qu’il prévoit construire un tunnel dans la ville pour un projet de système léger sur rail.

Le premier ministre Ford utilise la menace de tarifs de 25 % du président américain Donald Trump pour justifier son déclenchement d’élections anticipées, affirmant que les tarifs tels que proposés affecteront toutes les industries et toutes les familles de l’Ontario.

«Avec un mandat fort, nous serons en mesure de lutter contre Donald Trump pour nous assurer de mettre fin aux tarifs», a-t-il déclaré vendredi lors d’une conférence de presse.

M. Ford, qui a déjà un gouvernement majoritaire, a laissé entendre qu’il n’était pas satisfait des 79 sièges sur 124 que son parti détient actuellement.

«Nous avons besoin du plus grand mandat de l’histoire de l’Ontario», a-t-il soutenu.

«Lorsqu’on a un mandat fort en politique, et qu’on a un mandat fort de la part du peuple pour les quatre prochaines années, pour les quatre années de l’administration Trump, je peux dire que l’opposition nous traite avec un peu plus de respect, contrairement à lorsqu’on est vulnérable. Dans ces cas-là, les gens pensent toujours: « OK, ils vont déclencher des élections ».»

Son parti progressiste-conservateur doit tenir un «super caucus» samedi pour parler des tarifs et de «ce qui se passe ici en Ontario». Selon ce qu’a appris La Presse Canadienne, cette rencontre doit aussi servir à préparer le terrain en vue d’élections.

Le premier ministre Ford était à Brampton pour annoncer qu’il prévoyait construire un tunnel dans la ville pour un projet de métro léger. Les sièges à Brampton et dans le reste de la région de Peel, qui comprend Mississauga et Caledon, pourraient être plus en jeu lors de cette élection, l’ancienne mairesse de Mississauga, Bonnie Crombie, étant désormais cheffe des libéraux de l’Ontario.

Une élection inutile, selon l’opposition

Les partis d’opposition ont soutenu que l’élection anticipée n’était pas nécessaire parce qu’ils auraient appuyé les dépenses de relance, et que le premier ministre Ford a déjà le mandat de protéger les intérêts de l’Ontario.

M. Ford s’est décrit comme l’homme de la situation face à Donald Trump. Il a attaqué ses principaux rivaux, Mme Crombie et la cheffe du NPD Marit Stiles.

«Imaginez Bonnie Crombie ou Marit Stiles assises en face du président Trump en train de négocier un accord. Ce serait un désastre absolu, a-t-il déclaré. Et que Dieu nous vienne en aide si cela se produit un jour.»

Le premier ministre cherche à avoir un tête-à-tête avec M. Trump, mais aucune rencontre de ce type n’a eu lieu.

Mme Crombie a répliqué sur les réseaux sociaux: «À tous les tournants, Doug Ford a montré que la seule personne pour laquelle il est là, c’est lui-même».

«Déclencher une élection anticipée à un moment aussi crucial pour notre province n’en est qu’un autre exemple.»

Les rumeurs d’élections anticipées circulaient depuis le printemps dernier, et Mme Stiles a déclaré que M. Ford avait invoqué les tarifs douaniers comme justification.

«Je pense qu’il cherche simplement une excuse, une excuse pour détourner l’attention du fait que son gouvernement fait l’objet d’une enquête criminelle de la GRC, a-t-elle déclaré. Il dit qu’il a besoin d’un mandat pour se battre pour les emplois en Ontario? J’ai un message pour lui: vous êtes le premier ministre de cette province. C’est votre mandat, chaque jour, de vous battre pour les emplois des travailleurs de cette province.»

La menace des tarifs douaniers est exactement la raison pour laquelle le premier ministre ne devrait pas déclencher d’élections, a soutenu le chef du Parti vert, Mike Schreiner.

«Nous devons faire preuve de force par l’unité pour défendre les travailleurs canadiens, les emplois canadiens et les entreprises canadiennes, a-t-il écrit dans un communiqué. Mais Doug Ford fait passer son travail avant le vôtre.»

La GRC enquête sur la décision du gouvernement d’ouvrir des parties de la ceinture de verdure, au développement de logements — une politique désormais annulée qui a permis à une poignée de promoteurs de bénéficier de plus de 8 milliards $, selon le vérificateur général.

M. Ford a déclaré qu’il était convaincu qu’aucun acte criminel n’avait eu lieu.

Les élections provinciales de 2022 ont coûté 145 millions. Élections Ontario a déclaré ne pas encore avoir de budget pour les élections anticipées.

L’ombre de la menace tarifaire

Doug Ford a assuré qu’il sera en mesure de continuer à remplir ses obligations de premier ministre tout en faisant campagne comme chef des progressistes-conservateurs. Il prévoit toujours se rendre à Washington deux fois en février pour «faire valoir notre point de vue» auprès des législateurs américains afin d’éviter les tarifs.

M. Ford s’attend à ce que d’éventuels tarifs douaniers imposés par M. Trump frappent durement l’Ontario, en particulier le secteur automobile. Il a déjà affirmé que l’Ontario pourrait perdre plus de 500 000 emplois si M. Trump mettait à exécution sa menace de tarifs de 25 %.

«Lorsque les tarifs douaniers frappent, cela affecte les médias, cela affecte le secteur manufacturier, cela affecte tous les secteurs de la province», a-t-il déclaré en réponse à la question d’un journaliste qui lui demandait s’il publierait un programme entièrement chiffré.

«Alors, vous feriez mieux de prier pour que nous soyons élus, car je vais protéger l’emploi de tout le monde, y compris celui des médias.»

Les partis d’opposition, quant à eux, estiment qu’une élection anticipée n’est pas nécessaire, car ils appuieraient les dépenses de relance. M. Ford a déjà le mandat de protéger les intérêts de l’Ontario, font-ils valoir.

«Aujourd’hui, Doug Ford s’est choisi lui-même plutôt que notre province», a dénoncé la cheffe libérale Bonnie Crombie, jeudi, dans une publication sur les réseaux sociaux.

«L’insouciance au lieu de la responsabilité. Sa propre carrière politique au détriment des innombrables travailleurs de l’Ontario qui risquent de perdre leur emploi en cette période d’instabilité historique.»

Opportunisme

Avant la guerre commerciale qui s’annonce avec les États-Unis, les partis d’opposition posaient le logement et les soins de santé, en particulier la pénurie de médecins de famille, comme deux des principaux enjeux de campagne. Ces deux enjeux sont encore susceptibles d’attirer beaucoup d’attention dans le contexte des négociations sur les tarifs douaniers.

Tous les partis se préparent à la possibilité d’élections anticipées depuis le printemps dernier.

Dans l’énoncé économique automnal du gouvernement ontarien, M. Ford a annoncé un plan de 3 milliards $ pour envoyer des chèques de 200 $ au début de 2025 à chaque contribuable ontarien et à leurs enfants. Le premier ministre a présenté cette mesure comme un moyen d’aider les Ontariens dans le contexte d’une crise persistante du coût de la vie, mais l’opposition y a plutôt vu un stratagème pour acheter des votes avant les élections.

Depuis la victoire de Donald Trump aux États-Unis, en novembre, M. Ford occupe le devant de la scène parmi les premiers ministres provinciaux du pays, faisant pression sur Ottawa pour qu’il se prépare à accueillir le nouveau président. M. Trump s’est engagé à imposer des tarifs de 25 % sur les produits canadiens, une menace qui n’a pas encore été concrétisée, mais qui continue de planer.

À Ottawa, le gouvernement libéral de Justin Trudeau a implosé à la mi-décembre après la démission de sa ministre des Finances, Chrystia Freeland. Quelques semaines plus tard, M. Trudeau a annoncé la prorogation du Parlement, jusqu’au 24 mars, et a indiqué qu’il compte démissionner comme premier ministre une fois que la personne qui lui succédera à la tête de son parti aura été choisie.

Un nouveau chef libéral fédéral doit être élu le 9 mars. Les partis d’opposition fédéraux ont promis de déclencher des élections si le Parlement revient comme prévu le 24 mars, ce qui laissait à M. Ford une fenêtre étroite pour organiser des élections provinciales avant une probable campagne fédérale.