Des taxes plus élevées sur le tabac et le vapotage figurent dans le budget fédéral

OTTAWA — Le gouvernement fédéral s’attend à ce que ses derniers efforts visant à décourager les Canadiens de fumer, contenus dans le budget fédéral déposé mardi, génèrent 1,7 milliard $ en nouveaux revenus.

L’augmentation des flux de trésorerie coïncide avec le lancement d’un nouveau régime d’assurance-médicaments de 1,5 milliard $ qui offrira une couverture universelle pour les médicaments contraceptifs et contre le diabète.

Les deux programmes ont été présentés comme de nouvelles mesures sanitaires dans le budget déposé mardi à la Chambre des communes par la ministre des Finances, Chrystia Freeland.

«Les contraceptifs gratuits sont essentiels au droit des femmes à contrôler leur propre corps, a indiqué Mme Freeland dans son discours. C’est un droit fondamental des femmes.»

Le ministre de la Santé, Mark Holland, a annoncé le lancement d’un nouveau programme d’assurance-médicaments en février à la suite de négociations difficiles avec les néo-démocrates.

Le NPD a poussé le gouvernement à couvrir plusieurs catégories de médicaments, mais les libéraux ont fait valoir les coûts importants, invoquant un «cadre financier difficile».

M. Holland était réticent à divulguer le coût du programme à ce moment et affirmait que la facture serait susceptible de changer en fonction des négociations avec les provinces et les territoires.

À l’heure actuelle, le gouvernement prévoit dépenser 59 millions $ au cours de la prochaine année et augmenter ses dépenses annuelles pour atteindre 477 millions $ d’ici 2027.

Les nouveaux coûts seront entièrement compensés par les efforts prévus dans le budget pour décourager les gens de fumer et de vapoter.

Le gouvernement augmentera la taxe d’accise sur une cartouche de cigarettes de 4 $ à compter de mercredi, ce qui, en plus de l’augmentation automatique de l’inflation de 1,49 $, devrait rapporter 1,36 milliard $ sur cinq ans, selon les libéraux.

La taxe sur les produits de vapotage augmentera quant à elle de 12 % en juillet et rapportera 310 millions $ sur cinq ans.

Le coût des taxes d’accise se répercute souvent sur les consommateurs avec des prix plus élevés, ce qui, espère le gouvernement, dissuadera les gens de commencer à fumer.

«Attirés par un marketing tentant, les millénariaux et les jeunes de la génération Z adoptent de nouvelles formes de mauvaises habitudes, vapotant presque aussi souvent que les baby-boomers fumaient des cigarettes», peut-on lire dans le document budgétaire.

Taxer les cigarettes est un moyen «facile» de financer les promesses de dépenses, a réagi le responsable des affaires réglementaires d’Imperial Tobacco, Sébastien Dolan. Il a averti que la décision du gouvernement pourrait pousser les gens vers des marchés illégaux et non réglementés pour le tabac et les produits de vapotage.

De son côté, la Société canadienne du cancer a qualifié ces hausses de «gagnant-gagnant, améliorant à la fois la santé publique et les revenus publics».

«L’augmentation des taxes est la stratégie la plus efficace pour réduire le tabagisme, en particulier chez les jeunes», a avancé Rob Cunningham, analyste politique principal de l’organisme, dans un communiqué.

L’objectif de la stratégie antitabac du Canada est de réduire le taux de tabagisme à moins de 5 % d’ici 2035.

Selon la dernière enquête gouvernementale de 2022, le taux de tabagisme chez les personnes de 15 ans et plus était de 10,9 % et le taux de vapotage était de 30 %.

Les libéraux tiennent leurs promesses faites aux néo-démocrates 

Même si le programme d’assurance-médicaments constitue de loin la plus importante nouvelle promesse en matière de soins de santé du budget, les libéraux sont toujours en voie de consacrer 13 milliards $ sur cinq ans à un nouveau programme de soins dentaires destiné aux familles non assurées à revenu faible ou moyen. Ils ont aussi promis aux provinces des milliards de dollars pour renforcer les systèmes de santé en difficulté.

Le porte-parole conservateur en matière de santé, Stephen Ellis, a déclaré que le programme de médicaments sur ordonnance des libéraux visait «en réalité à préserver la coûteuse coalition et leur accord pour reporter les élections fédérales».

Il s’est prononcé mardi contre le programme lors de la deuxième lecture du projet de loi gouvernemental sur l’assurance-médicaments à la Chambre.

Toutes ces conditions étaient celles de l’entente de soutien et de confiance avec le NPD, en vertu de laquelle les néo-démocrates soutiennent les libéraux minoritaires lors de votes parlementaires clés, y compris le budget.

Le plan de dépenses de mardi annonce également des efforts pour tenir la dernière promesse faite au NPD en matière de santé : une loi sur les soins de longue durée. Ceux-ci relèvent toutefois des champs de compétence des provinces et des territoires. 

La pandémie a mis en lumière les établissements de soins à travers le pays qui ont été ravagés par l’épidémie de COVID-19. La ministre des Finances s’est engagée à déposer un projet de loi pour établir des normes nationales pour les foyers de soins, mais elle laisserait aux provinces et aux territoires le soin de décider de les adopter ou non.