Des investisseurs soumettent une offre révisée pour l’acquisition de Lion Électrique
MONTRÉAL — Un groupe d’investisseurs a déposé une offre révisée pour l’achat du constructeur automobile québécois Lion Électrique, lançant ainsi une bouée de sauvetage à l’entreprise en difficulté.
Cette nouvelle offre fait suite au refus du gouvernement du Québec d’injecter davantage de fonds publics dans le constructeur de véhicules électriques de Saint-Jérôme, ce qui a entraîné l’échec d’une transaction antérieure.
Selon des documents juridiques, les acheteurs ont conclu une entente avec le gouvernement du Québec pour renouveler un programme de subvention pour les autobus électriques d’écoliers qui a récemment expiré. Vendredi, ils ont présenté leur nouvelle offre d’achat pour l’entreprise, qui avait demandé la protection de ses créanciers en décembre.
«C’est extrêmement positif, a témoigné lundi Jean-François Nadon, spécialiste en restructuration chez Deloitte, le contrôleur judiciaire de Lion, à un juge de la Cour supérieure du Québec. On va sauver des emplois, sauver une entreprise.»
Le 5 mai, M. Nadon a déclaré au juge que l’entreprise serait très probablement liquidée à la suite de la décision du gouvernement de ne plus fournir de fonds publics. Les investisseurs avaient déjà fait une offre d’achat, mais celle-ci était conditionnelle à ce que le gouvernement du Québec «accepte de participer et d’investir dans les activités futures du Groupe Lion», selon les documents juridiques. Des articles de presse récents mentionnaient que le groupe d’acheteurs cherchait à obtenir 24 millions $ de Québec pour relancer l’entreprise.
Le 30 avril, la ministre de l’Économie du Québec, Christine Fréchette, a annoncé qu’il serait irresponsable d’offrir davantage de fonds publics à Lion. Elle a ensuite déclaré aux journalistes qu’elle se serait attendue à une plus grande implication du secteur privé.
Le Québec a déjà investi massivement dans Lion Électrique, et le premier ministre François Legault a indiqué que la province risquait de perdre environ 140 millions $ avec l’entreprise, qui construisait des autobus d’écoliers et des camions électriques.
S’adressant aux journalistes lundi, M. Legault a répété que le gouvernement «n’investira pas plus d’argent dans Lion».
À la suite de l’audience de la semaine dernière, Lion Électrique a poursuivi les discussions avec le groupe d’investisseurs et avec d’autres entreprises intéressées par la liquidation de ses actifs, selon les documents judiciaires. Vendredi, les investisseurs ont conclu une entente avec le gouvernement du Québec pour renouveler un programme expiré en mars et offrir des subventions pour aider les exploitants de transport scolaire à assumer le coût plus élevé des autobus électriques.
Ce programme a joué un rôle essentiel dans le succès de Lion au Québec, où le gouvernement exige depuis 2021 que tous les nouveaux autobus d’écoliers soient électriques. On compte actuellement environ 1175 autobus Lion en circulation dans la province.
Les investisseurs ont alors soumis une nouvelle offre de rachat de la société qui ne nécessite pas de financement public, a indiqué M. Nadon. Il a ajouté que l’accord devrait être finalisé d’ici mercredi et qu’il espère le soumettre à l’approbation du tribunal lors d’une audience prévue vendredi.
M. Nadon a précisé que les acheteurs proposaient un prix inférieur aux offres précédentes et a admis qu’il ne s’agit pas du «résultat préféré» des créanciers de la société. «Mais dans les circonstances, les créanciers garantis croient que c’est l’offre qui doit être acceptée et que c’est une offre qui évite la liquidation», a-t-il expliqué.
Lion Électrique est à la recherche d’un repreneur depuis décembre, avec un plan de restructuration qui se concentrerait uniquement sur les autobus d’écoliers et ramènerait toute la production au Québec. L’entreprise a interrompu la production d’une usine en Illinois l’an dernier, après plusieurs vagues de licenciements. Elle a maintenant mis à pied tous ses employés, sauf 12.