Chrystia Freeland entend se lancer dans la course à la direction du PLC
OTTAWA — L’ex-ministre des Finances Chrystia Freeland annoncera qu’elle a l’intention de briguer la direction du Parti libéral du Canada tout juste avant l’assermentation du président élu des États-Unis, Donald Trump, le 20 janvier.
Une source près de son éventuelle équipe de campagne a confirmé lundi ces informations à La Presse Canadienne.
Cette personne, qui s’est vue accorder l’anonymat puisqu’elle n’était pas autorisée à parler publiquement de ces questions, a fait savoir que la première politique que proposera l’ancienne vice-première ministre est un plan de mesures de représailles équivalentes, dollar pour dollar, aux tarifs que M. Trump promet d’imposer sur les importations canadiennes.
Un peu plus tôt lundi, une autre source a fait savoir que, du côté d’un autre candidat pressenti, François-Philippe Champagne, une annonce est prévue mardi.
Le ministre québécois compte faire savoir s’il se lance ou non alors qu’il doit prendre la parole devant le Canadian Club, à Toronto, a-t-on précisé.
La Presse Canadienne a également accordé l’anonymat à cette personne puisqu’elle n’était pas autorisée à discuter publiquement de cette question.
Cette source n’a pas voulu préciser, à l’avance, si M. Champagne signalera qu’il tentera de succéder au premier ministre sortant, Justin Trudeau, ou s’il annoncera plutôt qu’il passe son tour.
Selon l’avis aux médias, l’événement, qui prendra la forme d’une «causerie» animée par la journaliste économique Amanda Lang, portera sur «les thèmes de l’intelligence artificielle, des technologies émergentes, de la sécurité économique, des chaînes d’approvisionnement, des minéraux critiques et des stratégies énergétiques dans le contexte de la nouvelle administration américaine».
Le ministre Champagne a affirmé, mercredi dernier, qu’il «considère sérieusement une candidature pour le leadership», ajoutant qu’il attendait de connaître les règles de la course.
Le Conseil national de direction du PLC a, depuis, divulgué de premières modalités, comme l’exigence de chaque aspirant candidat de recueillir au moins 300 signatures de «libéraux inscrits» pour être officialisé, dont au moins 100 de trois provinces ou territoires différents.
«C’est clair que moi j’ai une vision ambitieuse du Canada, un Canada confiant (…) qui peut gagner au XXIe siècle», avait déclaré M. Champagne.
Les aspirants candidats ont jusqu’au 23 janvier pour officialiser leur candidature; le résultat du scrutin sera connu le 9 mars.
Déjà, lundi, sept candidats potentiels à la direction avaient affiché sur le site internet du PLC des formulaires pour recueillir les signatures nécessaires.
Ainsi, une variante du même document apparaît concernant Mme Freeland, l’ancien directeur de banques centrales Mark Carney et l’ancienne première ministre de la Colombie-Britannique Christy Clark. Il en va de même pour les ministres Karina Gould et Jonathan Wilkinson, le député fédéral ontarien Chandra Arya et l’ancien député montréalais Frank Baylis.
Lundi, le député Mi’kmaq de la Nouvelle-Écosse, Jaime Battiste, s’est ajouté aux deux autres premiers aspirants candidats à avoir annoncé publiquement leurs intentions, MM. Baylis et Arya.
Aucun formulaire n’a été trouvé par La Presse Canadienne concernant M. Champagne.
S’il décide de se lancer dans la course à la chefferie, il pourrait être la première candidature fort attendue issue du Québec à se déclarer.
La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, et son collègue Steven MacKinnon, au Travail, ont tour à tour décidé de ne pas briguer la chefferie.
Pour l’ex-ministre Sean Fraser, tous les libéraux savent qu’ils doivent avoir «un positionnement vibrant au Québec pour réussir», et ce, «peu importe quelle province ils appellent »chez eux »».
«J’hésite à projeter la signification précise de la représentation des provinces dans une course au leadership (…), mais soyez assurés que (…) l’importance du Québec est comprise par chaque député du caucus libéral et, j’oserais dire, par chaque membre inscrit du parti à travers le pays», a dit vendredi, en entrevue, le député de la Nouvelle-Écosse.
Du côté du Nouveau-Brunswick, le ministre des Finances, Dominic LeBlanc, a aussi soutenu qu’il ne compte pas être sur la ligne de départ.
Même son de cloche chez la députée ontarienne et ministre des Transports, Anita Anand.
D’anciens stratèges libéraux estiment que les frais d’entrée dans la course, qui s’élèvent à la rondelette somme de 350 000$, peuvent décourager des personnes tentées de se présenter d’aller de l’avant.
Cela a pour effet, selon le président de la firme de lobbying Kan-Strategies, Greg MacEachern, d’écarter, ce qu’il appelle des «tire kickers», en anglais, une expression qui réfère au geste de s’assurer d’avoir assez d’air dans ses pneus avant de prendre la route.
«Des gens qui sont très conscients qu’ils n’ont pas de grande chance de gagner, mais qui le font pour la visibilité, par exemple, a-t-il résumé. Le Parti libéral n’a littéralement pas le temps pour ça en si peu de temps.»
Sandra Aubé, ex-cheffe de cabinet de Mme Joly qui travaille désormais pour le cabinet TACT, partage cette analyse. «C’est ça, en politique, de pouvoir mobiliser des forces, avoir les équipes autour de nous, de pouvoir rallier, et puis de pouvoir aller chercher du financement pour ultimement pouvoir faire campagne.»
L’ancien gouverneur de la Banque du Canada Mark Carney pourrait confirmer cette semaine qu’il présentera sa candidature; il aurait déjà fait part de ses intentions à son équipe de campagne.
Des organisateurs libéraux tentent depuis une dizaine d’années d’intégrer au sein du parti ce technocrate vedette du monde de la finance mondiale.
L’ancienne première ministre de la Colombie-Britannique Christy Clark réfléchit elle aussi à la possibilité de participer à la course. En entrevue à l’émission «The House» de CBC Radio, elle a mentionné que sa réflexion était «très sérieuse», mais elle a reconnu qu’elle était déçue du court échéancier de la course.
– Avec des informations de Michel Saba