Affaire Elghawaby: Québec solidaire fait maintenant cavalier seul

Québec solidaire (QS) fait désormais cavalier seul dans l’affaire Elghawaby. 

Tous les autres partis à l’Assemblée nationale ont signifié que les excuses de la nouvelle conseillère spéciale de Justin Trudeau dans la lutte à l’islamophobie ne suffisaient pas et qu’elle devait démissionner.

Mme Elghawaby a soulevé un tollé en raison de nombreuses déclarations désobligeantes envers les Québécois, mais QS préfère néanmoins la rencontrer avant de prononcer son verdict définitif.

Après le Parti québécois (PQ) et le gouvernement caquiste mercredi, le chef libéral Marc Tanguay a à son tour expliqué jeudi que l’acte de contrition de la militante controversée était insuffisant et arrivait trop tard.  

«Je ne vois aucun, aucun changement de perception fondamental chez elle par rapport aux Québécois», a justifié M. Tanguay en mêlée de presse au parlement. 

«L’analyse est faite. Est-ce que c’est la meilleure personne pour être conseillère spéciale dans la lutte à l’islamophobie? Nous, on ne croit pas. (…) On pense qu’il serait et qu’il est nécessaire de trouver une autre personne.»

Le chef parlementaire de QS, Gabriel Nadeau-Dubois, n’est pas de cet avis. Les excuses sont «un pas dans la bonne direction», a-t-il argué, en ajoutant qu’il voulait «construire des ponts puis miser sur le dialogue».

La rencontre entre Mme Elghawaby et QS devrait avoir lieu la semaine prochaine, selon ce qu’il a laissé entendre.

Il a donné l’exemple du nouveau commissaire à la langue française nommé par le gouvernement caquiste – Benoît Dubreuil, une nomination que QS avait refusé d’entériner, mais que le parti accepte après l’avoir rencontré.   

«C’est la preuve qu’avant de dire que quelqu’un est bon ou mauvais pour la job, le rencontrer, c’est important», a plaidé M. Nadeau-Dubois. 

Il a assuré qu’il n’avait pas reçu d’appel de sa base très militante pour cautionner la nomination de Mme Elghawaby. 

«Non, je n’ai pas eu d’appel là-dessus, je n’ai pas eu d’appel, ni de texto, ni de message sur Facebook», a-t-il conclu. 

Propos controversés

Mme Elghawaby a déjà écrit que «la majorité des Québécois sont (guidés) par un sentiment antimusulman».

En juin dernier, lors d’une réunion d’un comité sénatorial qui se penchait sur l’islamophobie, elle a soutenu en parlant de la loi québécoise sur la laïcité que les Québécois font «une fixation» sur les minorités religieuses.

Cela crée, selon elle, «l’idée que quelque chose ne va pas avec les femmes qui, comme moi, portent le foulard, et que nous méritons presque d’être attaquées et de faire l’objet de discrimination, que ce soit par le harcèlement, les attaques et autres».

En 2019, dans le quotidien torontois The Globe and Mail, elle écrivait que «l’approche du Québec considère plutôt les immigrants potentiels avec suspicion, imposant un fardeau inversé pour prouver qu’ils ne viennent pas avec des attitudes en contradiction avec le caractère imaginaire et supérieur de la province».

En 2013, dans le Toronto Star, elle affirmait que les propos du philosophe John Ralston Saul quant à «la peur de perdre la pureté – la pureté du sang, la pureté de la race, la pureté des traits nationaux, des valeurs et des liens» pourraient s’appliquer aux Québécois.