Le parti au pouvoir au Kosovo remporte les élections, mais sans une majorité

Les résultats préliminaires ont montré que le parti du premier ministre Albin Kurti a remporté les élections législatives au Kosovo dimanche, mais sans la majorité nécessaire pour gouverner seul. Cette issue survient alors que les négociations sur la normalisation des relations avec la Serbie rivale sont au point mort et que le financement étranger de l’un des pays les plus pauvres d’Europe est remis en question.

Avec 73 % des votes comptabilisés, le parti de gauche Autodétermination de M. Kurti, ou Vetevendosje! en albanais, a remporté 41,99 % des voix, ce qui ne lui donne pas la majorité nécessaire pour gouverner seul, laissant ouverte la possibilité que les trois autres prétendants rejoignent les rangs s’il ne parvient pas à former un cabinet.

Les autres adversaires comptent le Parti démocratique du Kosovo (PDK), dont les principaux dirigeants sont détenus au tribunal pénal international de La Haye et accusés de crimes de guerre, qui a remporté 22,68 % des voix. Vient ensuite avec 17,9 % des voix la Ligue démocratique du Kosovo (LDK), le plus ancien parti du pays, qui a perdu une grande partie de son soutien après la mort en 2006 de son leader, Ibrahim Rugova. Le troisième candidat est l’Alliance pour l’avenir du Kosovo, de l’ancien premier ministre Ramush Haradinaj, avec 7,56 % des voix.

«Le peuple a gagné. Vetevendosje! a gagné. Nous sommes le sujet gagnant qui doit former le prochain gouvernement», a déclaré M. Kurti aux journalistes, devant des groupes de partisans en liesse.

Le vote s’est terminé à 19 h, heure locale, «sans problèmes qui pourraient porter atteinte à son intégrité», selon la Commission électorale centrale Valmir Elezi.

La page web de la commission a été temporairement inaccessible, car elle était surchargée «en raison du grand intérêt des citoyens à connaître les résultats sur la plateforme», selon la commission, l’organisme électoral principal.

Le taux de participation préliminaire après le dépouillement de 92 % des votes était de 40,59 %, soit 7 % de moins qu’il y a quatre ans.

Les partis ont fait de grandes promesses d’augmentation des salaires et des retraites du secteur public, d’amélioration des services d’éducation et de santé, ainsi que de lutte contre la pauvreté. Cependant, ils n’ont pas expliqué d’où viendrait l’argent, ni comment ils attireraient davantage d’investissements étrangers.

La relation avec la Serbie préoccupe

M. Kurti est en désaccord avec les puissances occidentales depuis que son cabinet a pris plusieurs mesures qui ont accru les tensions avec la Serbie et les Serbes ethniques, notamment l’interdiction de l’utilisation de la monnaie serbe et des transferts de dinars de Serbie à la minorité ethnique serbe du Kosovo, qui dépend des services sociaux et des paiements de Belgrade.

Les États-Unis, l’Union européenne (UE) et la force de stabilisation dirigée par l’OTAN, la Force pour le Kosovo (KFOR), ont exhorté le gouvernement de Pristina à s’abstenir de toute action unilatérale, craignant la résurgence du conflit interethnique.

C’est la première fois depuis l’indépendance en 2008 que le parlement du Kosovo achève un mandat complet de quatre ans. Il s’agit du neuvième vote parlementaire au Kosovo depuis la fin de la guerre de 1998-1999 entre les forces gouvernementales serbes et les séparatistes albanais ethniques qui ont chassé les forces serbes après une campagne aérienne de 78 jours de l’OTAN. La Serbie ne reconnaît pas l’indépendance du Kosovo.

Le vote déterminera qui dirigera le Kosovo dans les négociations avec la Serbie, qui se sont de nouveau enlisées l’année dernière.

Certains fonds d’aide sont suspendus

L’UE a suspendu le financement de certains projets et posé des conditions à leur reprise progressive, en lien avec les mesures prises par le Kosovo pour apaiser les tensions dans le nord, où vit la majorité de la minorité serbe.

Le Kosovo souffre également du gel de 90 jours imposé par Washington sur le financement de différents projets par l’intermédiaire de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), qui a joué un rôle clé dans la promotion de la croissance du pays.

Près de deux millions d’électeurs éligibles éliront 120 législateurs parmi 1280 candidats issus de 27 groupes politiques. Un candidat indépendant se présentait également. Le parlement kosovar compte 20 sièges réservés aux minorités, quels que soient les résultats des élections, dont 10 pour la minorité serbe.

Le Kosovo, avec une population de 1,6 million d’habitants, est l’un des pays les plus pauvres d’Europe, avec un produit intérieur brut annuel de moins de 6000 euros par personne.

La KFOR a renforcé sa présence au Kosovo après les tensions de l’année dernière avec la Serbie ainsi que pour les élections.

Une équipe de 100 observateurs de l’UE, 18 du Conseil de l’Europe et environ 1600 autres d’organisations internationales ou locales surveillaient le scrutin.