Des frappes israéliennes touchent Rafah, dans le sud de la bande de Gaza
RAFAH, Palestine — Une série de frappes israéliennes se sont abattues sur Rafah, ville de la limite sud de la bande de Gaza où 1,4 million de Palestiniens ont fui pour échapper aux combats, tôt lundi matin, heure locale.
Israël a prévenu que son offensive terrestre à Gaza pourrait bientôt se diriger vers cette ville densément peuplée située à la frontière égyptienne.
Les frappes ont eu lieu autour d’un hôpital, selon ce qu’a pu constater un journaliste de l’Associated Press qui se trouve à Rafah. Certains des blessés lors des frappes ont été transportés à l’hôpital.
L’armée israélienne a soutenu avoir frappé «des cibles terroristes dans la région de Shaboura», qui se trouve à être un district de Rafah. Dans son communiqué, l’armée a confirmé que la série de frappes est terminée, mais elle n’a pas fourni de précisions sur les cibles ou évalué les dégâts.
Les responsables palestiniens de la santé n’ont pas immédiatement fourni d’informations sur d’éventuelles victimes.
Dimanche, le président américain Joe Biden avait averti le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou qu’Israël ne devrait pas mener d’opération militaire contre le Hamas à Rafah sans un plan «crédible et exécutable» pour protéger les civils.
M. Biden, qui a qualifié la semaine dernière la réponse militaire israélienne à Gaza d’«exagérée», a également demandé des mesures «urgentes et spécifiques» pour renforcer l’acheminement de l’aide humanitaire.
Selon des médias locaux, la conversation entre les deux hommes a duré 45 minutes.
La possibilité de conclure un accord de cessez-le-feu a occupé une grande partie de l’appel, a indiqué un haut responsable de l’administration américaine. Après des semaines d’efforts diplomatiques, un «cadre» est désormais «à peu près» en place pour un accord qui pourrait permettre la libération des otages qui sont toujours détenus par le Hamas.
Cette source, qui s’est exprimée sous couvert d’anonymat, a reconnu qu’il y a encore certaines «lacunes», mais a refusé de s’avancer davantage.
Le bureau de M. Nétanyahou a refusé de commenter la conversation du premier ministre avec M. Biden.
L’Égypte menace de suspendre le traité de paix
Par ailleurs, l’Égypte a menacé de suspendre son traité de paix avec Israël si des troupes israéliennes sont envoyées à Rafah.
La menace de suspendre les accords de Camp David, pierre angulaire de la stabilité régionale depuis près d’un demi-siècle, a fait surface lorsque M. Nétanyahou a affirmé que l’envoi de troupes à Rafah était nécessaire pour gagner la guerre contre le Hamas.
Plus de la moitié des 2,3 millions d’habitants de la bande de Gaza ont fui vers Rafah pour échapper aux combats dans d’autres régions. Ils sont entassés dans des camps et des abris gérés par l’Organisation des Nations unies (ONU) près de la frontière.
L’Égypte craint un afflux massif de centaines de milliers de réfugiés palestiniens qui pourraient ne jamais être autorisés à rentrer chez eux.
En entrevue à l’émission américaine «Fox News Sunday», M. Nétanyahou a plaidé qu’il y a «beaucoup de place au nord de Rafah pour eux» après l’offensive israélienne ailleurs à Gaza.
Il a assuré qu’Israël dirigerait les personnes évacuées, notamment avec «des dépliants, des téléphones portables et des couloirs sûrs».
Un couloir sécuritaire en péril
L’impasse entre Israël et l’Égypte, deux proches alliés des États-Unis, a pris forme alors que les groupes d’aide ont averti qu’une offensive à Rafah aggraverait la situation humanitaire catastrophique à Gaza, où environ 80 % des habitants ont fui leurs maisons et où, selon l’ONU, un quart de la population est confrontée à la famine.
Une opération militaire terrestre à Rafah pourrait empêcher l’accès à l’une des seules voies disponibles pour acheminer à Gaza les denrées alimentaires et les fournitures médicales dont les gens ont cruellement besoin.
La chaîne de télévision Al-Aqsa du Hamas a cité un responsable anonyme du Hamas qui a déclaré que toute invasion de Rafah «ferait sauter» les pourparlers médiatisés par les États-Unis, l’Égypte et le Qatar visant à obtenir un cessez-le-feu et la libération des otages israéliens.
Le ministère de la Santé palestinien, contrôlé par le Hamas, a annoncé dimanche la découverte de 112 corps sur l’ensemble du territoire de Gaza au cours des dernières 24 heures. Il a aussi indiqué que 173 personnes blessées ont été transportées à l’hôpital.
Le bilan des victimes depuis le début de la guerre s’est donc alourdi à 28 176 morts, selon les autorités palestiniennes.
La guerre a commencé avec l’attaque du Hamas dans le sud d’Israël le 7 octobre dernier. Les combattants palestiniens ont tué quelque 1200 personnes, principalement des civils, et en ont enlevé environ 250 autres.
Plus de 100 otages ont été libérés en novembre lors d’un cessez-le-feu d’une semaine en échange de 240 prisonniers palestiniens. Certains des otages restants sont morts.
Deux otages libérés
L’armée israélienne a également annoncé lundi avoir libéré deux otages qui étaient retenus dans la bande de Gaza.
Les deux otages rescapés sont Fernando Simon Marman, âgé de 60 ans, et Louis Har, âgé de 70 ans.
Les deux otages ont été enlevés par des militants du Hamas lors de l’attaque initiale du 7 octobre qui a déclenché la guerre.
Ils ont été sauvés à Rafah et sont en bonne santé, selon l’armée.
Ils font partie des 136 otages qui, selon Israël, restent captifs du Hamas.