Une première bioraffinerie forestière commerciale au Canada à La Tuque ?

BIOMASSE . Le maire, Normand Beaudoin, le directeur général, Marco Lethiecq et le directeur forestier et diversification économique de Ville de La Tuque, Patrice Bergeron, sont revenus fort enthousiastes de leur voyage dans les pays scandinaves, du 27 septembre au 5 octobre.

«C’était une mission extraordinaire», a indiqué d’entrée de jeu le maire Beaudoin. Les trois représentants de Ville de La Tuque ont rencontré une trentaine de personnes, des leaders mondiaux du bioraffinage, qui oeuvrent dans différentes organisations en Suède et en Finlande dans le cadre de cette mission qu’ils ont intitulée «Vision La Tuque 2023».

Ce voyage, selon M. Beaudoin, constitue une étape importante dans l’objectif de doter la région d’une bioraffinerie forestière. Il y aurait actuellement, chaque année, 650 000 tonnes de résidus forestiers disponibles, actuellement non utilisés dans les forêts du Haut-St-Maurice, qui pourraient servir pour la biomasse. C’est l’essence même du projet. En contrepartie, les pays scandinaves, s’ils sont avancés dans la technologie, disposent de moins de ressources en matières premières que le Haut-St-Maurice, puisque 75 % de leurs forêts seraient privées. Les gens rencontrés, selon le maire de La Tuque, étaient tous impressionnés par la vaste quantité de biomasse disponible dans le Haut-St-Maurice.

La délégation latuquoise a visité des entreprises et des centres de recherche et présenté ses projets aux ambassades du Canada, à Stockholm en Suède et Helsinki en Finlande ainsi qu’aux gens d’Investissement Québec, en Suède.

Le message a été véhiculé en trois points. La biomasse est disponible en quantité suffisante à La Tuque pour assurer la rentabilité de plusieurs projets ; il y a une volonté politique régionale avec l’appui des gouvernements et pour réaliser le projet, La Tuque cherche des partenaires et des investisseurs.

« Nous avons vu une usine de ce type en Finlande, et ça coûte entre 250 et 300 millions $. Donc ça prend des partenaires majeurs. Et cela peut créer entre 205 ans et 300 emplois directs, sans compter les emplois indirects», évalue le directeur général de ville de La Tuque, Marco Lethiecq.

«Nous avons vécu une très belle expérience. Je reviens de là-bas confiant et la tête pleine d’idées. Nous avons été très bien accueillis. C’est impressionnant de voir tout ce qu’ils font avec les résidus forestiers là-bas. Les gens que nous avons rencontrés ont compris que nous sommes sérieux dans nos démarches, ils ont démontré de l’ouverture à nous aider et certains sont intéressés par nos projets. Je tiens à remercier M. Patrice Mangin de l’UQTR qui a organisé cette mission économique avec nous. Nous avons grandement profité de son expérience et de ses contacts en Suède et en Finlande. Tout était parfaitement bien orchestré. Cette mission s’est déroulée à merveille même si nous avions un horaire très chargé dans le but de rencontrer le plus de gens possible ».

Objectif de 8 ans

Derrière un échéancier de réalisation qu’on estime à 8 ans, se trouve un objectif financier important. Il faudra «des centaines de millions $» pour mettre le projet en branle et c’est là-dessus que l’on travaillera ces prochaines années.

«En travaillant avec les partenaires, on peut espérer raccourcir les délais» pense le professeur et chercheur de l’Université du Québec à Trois-Rivières, M. Patrice Mangin, qui s’est rendu dans les pays scandinaves avec la délégation latuquoise.

De l’aveu du maire Beaudoin, le projet pourrait se réaliser, par exemple, avec des investissements de compagnies pétrolières qui sont à la recherche de matières premières.

«C’est un projet qui est majeur il faut prendre le temps de faire des études, des choix technologiques par rapport à cela. Est-ce que ce sera de l’éthanol, du méthanol, il faut vraiment voir quel type de produit on va utiliser, en plus du temps de la construction, c’est pour cela qu’on parle d’un projet d’entre 7 et 8 ans», poursuit M. Lethiecq.

La délégation latuquoise s’attend à des relances de la part des gens qu’ils ont visité au cours de leur mission économique.

Un site idéal

Le maire de La Tuque croit avoir trouvé le site idéal où pourrait s’implanter une bioraffinerie forestière. Le site Vallières serait, selon lui, fort approprié pour le projet. Il justifie sa proposition par la proximité avec le réseau routier, la matière première et les moyens de communication disponibles. « Le site Vallières est à peine 10 kilomètres de la ville», évalue aussi le maire de la Tuque.