Quand on se plaint le ventre plein…
Un véritable choc culturel qu’a été mon séjour à Cuba. Sans aucun doute, les quelque 20 km de plage avec ses sables blancs et sa mer turquoise tapent l’œil à Varadero, mais le choc s’installe avec la découverte de l’arrière-scène de Cuba, où ses habitants demeurent accueillants et souriants même dans la misère. Ce qui est très loin des hôtels luxueux qui abritent la capitale touristique de la plus grosse île des Caraïbes.
La partie de plage de Varadero s’unit par le biais d’un pont de fer au reste de la localité de Varadero où vivent les Cubains. Les hôtels les plus luxueux se trouvent à l’est de la péninsule, et avant 2008, aucun Cubain n’y avait accès. Situé dans la province de Matanzas, Varadero n’est nullement à l’image du pays communiste. C’est seulement lorsqu’on traverse ce pont de fer que la pauvreté du communisme cubain frappe.
Au Québec, on fait la une d’un bulletin de nouvelles avec un dépotoir à ciel ouvert dans le quartier Côte-des-Neiges à Montréal. L’arrière-scène de Cuba est un dépotoir en soi. Les sacs de poubelles sont une denrée rare, et c’est pourquoi plusieurs déchets jonchent le sol partout hors de la ville la plus visitée par les touristes.
La capitale de la province, Matanzas est située à plus ou moins une cinquantaine de kilomètres à l’ouest de Varadero, et à environ 120 km à l’est de la capitale du pays, La Havane. Matanzas est une importante région agricole avec d’énormes plantations de cannes à sucre, de bois de cédratiers, de bananes et de fermes de bétail. Toutefois, le mot ferme n’est peut-être pas celui approprié. Comment penser que les vaches, les chèvres, les chevaux et les cochons peuvent s’engraisser avec du foin brun séché par le soleil. Le plus frappant, la peau sur les os orne ces animaux. Mais tous les résidants de la campagne de Matanzas conservent le sourire.
Communisme: «doctrine prônant l’abolition de la propriété privée au profit de la propriété collective.»
Mais vu de l’intérieur, le communisme, ou le «socialisme» comme les Cubains aiment l’appeler, n’a vraiment rien d’enchanteur. On manque de tout à Cuba. Un petit conseil, il faut traîner du papier hygiénique, sinon vous devrez débourser un peso cubain –l’équivalent 1,35 $ canadien- pour recevoir un petit carré.
Il n’existe pas de publicité à Cuba, celle-ci ayant fait place à la propagande sur les murs. Même si les soins de santé et l’éducation sont gratuits, les médicaments demeurent très onéreux.
Tous les Cubains sont des travailleurs de l’État. Ils travaillent six jours par semaine pour un salaire de 20 pesos par mois (l’équivalent de 27 $ canadien). Pour «arrondir» leur fin de mois, les habitants tentent de vendre sur le marché noir les cigares, le rhum et le café.
Les Cubains ont droit à 2750 g de riz, 1380 g de sucre roux, 1380 g de sucre raffiné, 550 g de légumes secs (notamment des haricots noirs), 340 g de café, 1/4 l d’huile, 280 g de sel, 500 g de mortadelle, 460 g de poisson, 6 œufs… ils doivent se nourrir avec cela pendant un mois. Non vraiment, quand on se compare on se console.
Les Cubains doivent attendre minimum trois ans avant de pouvoir rouler en voiture… une voiture qui ne leur appartient pas. Plusieurs familles différentes vivent dans la même maison, puisqu’une demande pour devenir locataire d’une résidence peut s’étaler sur plus de 10 ans. Et la maison appartient toujours à l’État. Nous pouvons trouver certaines similitudes avec nos frères Amérindiens, qui vivent eux aussi à plusieurs familles dans un immeuble, qui appartient au Conseil de bande.
Malgré tout, les Cubains brillent par leur humour et leur nature accueillante. Nous pouvons apercevoir un sourire qui s’étend jusqu’aux oreilles lorsque nous leur offrons un gilet ou une casquette. Et qui dit Cuba, dit la fête. Ce pays est très réputé pour ses festivités nocturnes. D’ailleurs, Cuba est le lieu de naissance de ces musiques qui font danser le monde : la salsa, le mambo, la rumba et le chachacha.
La plupart des Cubains vous saluent sur la rue. Les Latuquois sont aussi réputés pour leur nature accueillante, mais dites-vous bonjour aux gens de l’extérieur lorsque vous les croisez dans la rue?
C’est difficile à croire que ce pays a arrêté d’évoluer après sa révolution en 1959. Comment penser qu’en 2009, un pays continue à vivre retranché du monde moderne.
Il est question cette semaine de l’embargo des États-Unis à l’endroit de Cuba. Barack Obama a évoqué pour une première fois depuis de nombreuses années la fin de l’embargo, qui signifierait une preuve de l’évolution de la politique américaine. Le président américain a levé le 13 avril dernier les restrictions imposées aux déplacements des Cubano-Américains sur l’île et aux envois d’argents par ses émigrés aux États-Unis. Obama est disposé à discuter d’une amélioration des relations à condition que Cuba adopte des mesures démocratiques.
Est-ce que ce serait le début de la fin du communisme à Cuba?