Les routes de la Mauricie vues par les camionneurs

Les camionneurs sont nombreux à circuler sur les routes de la Mauricie, eux qui doivent composer avec les automobilistes pressés et les conditions climatiques. TC Media a discuté de la situation avec quelques-uns d’entre eux.

Le tronçon entre La Tuque et Shawinigan a souvent eu la réputation d’être une route dangereuse, opinion que ne partagent pas nécessairement les camionneurs. «J’ai une compagnie de transport depuis 25 ans et j’ai voyagé à peu près partout, que ce soit sur la Côte-Nord, le nord de Montréal, le Bas-St-Laurent, etc. À mon avis, la route entre Baie-Comeau et Fermont est la plus dangereuse au Québec. Il y a des courbes et des côtes, l’une après l’autre. Je l’ai faite à deux reprises et ça implique une surcharge des assurances pour les camionneurs. Je ne connais pas de route plus dangereuse. La 155, ce n’est même pas comparable», a lancé Mario Morin.

Même son de cloche du côté de son bon ami Gilles Brochu. «Je fais la route La Tuque/Montréal de cinq à six fois par semaine et je ne crois pas que ce soit la route la plus dangereuse. Il y a certains secteurs plus dangereux. En 2012-13, ça va bien, même s’il y a certaines places à refaire. Personnellement, je n’aimerais pas faire du transport entre La Tuque et Roberval. C’est plus croche et il y a plusieurs montagnes».

Plusieurs automobilistes ont tendance à avoir le pied pesant, question de sauver quelques secondes. «Je fais la 155 toutes les semaines et je vois souvent des automobilistes dépasser sans attendre les lignes pointillées pour sauver trente secondes. Les gens sont trop pressés et il est vrai que certaines personnes ralentissent pour observer le paysage, mais j’ai appris avec les années que ce sont les usagers qui rendent le tout dangereux. De mon côté, je m’adapte selon la vitesse de la voiture devant moi», a affirmé Mario.

Ces deux camionneurs d’expérience s’entendent sur le fait que la vitesse de 90km/h indiquée entre La Tuque et Shawinigan est idéale. «Pour un camionneur, 95km/h est parfait, car ça te donne le temps de réagir. Au final, tu économises sur tes frais de déplacement», a souligné Gilles.

Quelques corrections à apporter

Même si plusieurs travaux ont été réalisés sur la 155 au fil des années, certains tronçons doivent encore être améliorés selon les camionneurs. «Il reste quelques corrections à faire, mais dans mon livre à moi, ce n’est pas une route dangereuse. Il y a eu beaucoup de corrections apportées sur la route de La Tuque avec Mme Julie Boulet. Je dirais qu’il y a peut-être la section entre Saint-Roch et Grandes-Piles qui est plus à risque. Personnellement, je n’ai jamais vu l’un de mes employés avoir un accident», a raconté Mario Morin.

Les camionneurs devront bientôt composer avec le nouveau carrefour giratoire à la hauteur de Saint-Georges-de-Champlain. «C’est du gaspillage d’argent. Il y a beaucoup de trafic sur cette route de camions et ce n’est pas ce qui est recommandé. L’idéal, c’est un système de lumières comme on retrouve à Saint-Célestin. Sur une table à dessin avec un ingénieur, ça va bien, mais en pratique, c’est autre chose», a laissé tomber Gilles Brochu.

Les conditions hivernales nuisent souvent à une conduite sécuritaire des camionneurs et automobilistes. «Lorsqu’il y a une nouvelle compagnie de déneigement, ça devient bien après trois ans. Depuis les années 70, le trafic a quadruplé et ils ne procèdent plus de la même façon. Les compagnies doivent fournir leur sable/sel. Le ministère du Transport s’en lave les mains et au lieu d’aider les compagnies, il veut les prendre en défaut. Lorsque j’ai commencé, on devait déneiger la côte à la main à Mattawin», s’est-il rappelé.