Les conducteurs de chiens de sang font leur preuve

L’expérience acquise au fil des ans, jumelée aux données recueillies, fait en sorte qu’aujourd’hui, le recours à un conducteur de chien de sang se veut presque un incontournable pour la recherche de gibiers blessés. C’est, du moins, l’opinion de Steve Durocher de Saint-Samuel.

«Il faut que ça devienne incontournable, cela devrait être vu comme un geste de gros bon sens, d’où le slogan de l’Association Bon sang, appelez-nous», plaide Steve Durocher, directeur, depuis le printemps dernier, au sein de l’Association des conducteurs de chiens de sang du Québec (ACCSQ).

Selon l’ACCSQ, un chasseur, ayant tiré sur un gibier, devrait se faire un devoir d’appeler un conducteur de chien de sang pour retrouver son gibier, qu’il y ait ou non des indices et du sang.

D’autant plus que les recherches entreprises par ces conducteurs portent fruit. Avec les années, des statistiques ont été compilées. «Avec l’expérience acquise et les données recueillies, on est en mesure d’établir un diagnostic assez précis sur la blessure et la fuite du gibier, souligne Steve Durocher. Un conducteur peut démontrer au chasseur que son gibier a été tué ou blessé de façon superficielle, la réaction du gibier lors du tir, la couleur du sang retrouvé, les poils relevés, la distance parcourue… Autant d’indices qui servent aux conducteurs pour interpréter la situation.»

Le recours au service de l’ACCSQ, fait-on valoir, contribue à améliorer la qualité de la chasse en favorisant la bonne gestion du cheptel de gibier. «Avec le service des conducteurs de chien de sang, les chasseurs participent au maintien des populations et évitent ainsi le double abattage. Le nombre de chasseurs ayant beaucoup augmenté, l’utilisation de chiens de sang devient de plus en plus un outil intéressant, voire même essentiel», soutient Steve Durocher.

Les conducteurs de chiens de sang de la région effectuent, en moyenne, une soixantaine de recherches par année. Depuis trois ans, Steve Durocher, Denis Marcoux, Denis Fortier et Chantal Bellemare ont effectué quelque 150 recherches.

De ce nombre, 70 gibiers ont été retrouvés, 45 autres ont été diagnostiqués blessés non mortellement. «C’est normal qu’on ne retrouve pas les animaux qui ne sont pas morts», note Steve Durocher. Et seulement 35 des 150 gibiers n’ont pas été récupérés. Différents facteurs peuvent expliquer cet état de fait, comme des obstacles infranchissables, un cours d’eau, un terrain privé, entre autres.

Ainsi, on estime à environ 75% le taux de réussite en incluant le gibier non mortellement atteint.

Mais les conducteurs de chiens de sang se réjouissent surtout du taux de satisfaction des chasseurs, un taux frôlant les 100%. «Ils sont heureux même si on ne retrouve pas leurs gibiers, car on leur explique la situation, que l’animal n’a pas subi une blessure mortelle. Ils sont contents et ont l’esprit tranquille en sachant que leur gibier n’ira pas mourir en forêt. En général, les animaux morts, on les retrouve tous», explique Steve Durocher.

Le résidant de Saint-Samuel raconte aussi que bien des chasseurs s’émerveillent en voyant les chiens en action, des teckels à poil dur. «C’est la race la plus utilisée, précise-t-il. C’est aussi la race la plus polyvalente, la moins difficile à dresser et celle qui vivra le plus longtemps. Et que le teckel soit âgé de six mois ou de 11 ans, les deux travaillent aussi bien.»

En Europe, fait-il remarquer, les conducteurs emploient sept ou huit races. Mais le teckel à poil dur demeure le plus populaire dans une proportion de 65% à 70%.

Steve Durocher en dresse des chiens. Il en possède lui-même quatre. Sa philosophie consiste principalement à laisser le chien travailler. «Tant qu’il travaille, la recherche se poursuit», dit-il.

Il arrive parfois que le chien connaisse une moins bonne journée. «Dans ce cas, j’y retourne le lendemain ou j’emmène un autre chien», confie-t-il.

L’ACCSQ

L’Association des conducteurs de chiens de sang du Québec compte environ 200 membres, dont une centaine de conducteurs.

«Le nombre varie d’une année à l’autre, des nouveaux arrivent, d’autres ne renouvellent pas», mentionne M. Durocher.

Dans la centaine de conducteurs, certains s’adonnent à leur art pour leurs proches et leurs familles. D’autres, une cinquantaine, proposent leurs services à la population.

«Ici, dans la région, nous sommes sept ou huit. Notre région, dit Steve Durocher, est la mieux desservie. Tout a commencé vers 1992. Depuis, ça a beaucoup évolué, la demande ne cesse de croître. On n’arrive pas à répondre à la demande. Il manque de conducteurs dans certains secteurs. C’est le cas au nord de La Tuque.»

L’Association pilote, par ailleurs, certains dossiers, comme celui de l’accréditation des conducteurs. Une démarche pour témoigner de la qualité et de la compétence du conducteur.

«L’accréditation permettra d’évaluer le conducteur, d’évaluer ses compétences, par exemple, sur la façon d’effectuer une recherche, d’achever un animal en le poignardant d’une manière efficace, d’interpréter des indices, sur la façon de sortir du bois, d’utiliser un GPS. Voilà un outil qui permet notamment de sauver du temps», observe Steve Durocher.

L’ACCSQ travaille aussi à éclaircir certains aspects de la loi avec le gouvernement. L’Association aimerait, par exemple, pouvoir, à l’aide d’une arme efficace, abréger les souffrances d’un animal. «Actuellement, un conducteur de chien de sang ne peut utiliser qu’un couteau. Et ce n’est pas évident. Si on nous accordait le droit d’utiliser une arme, ce pourrait être une arme de petit calibre et à courte portée, notamment», indique M. Durocher.

L’Association a un site Internet fournissant différentes informations sur ses services, sur les formations, sur les conducteurs avec leurs coordonnées. «C’est une bonne affaire pour éduquer, pour informer, note Steve Durocher. Cela nous aide à grandir, à nous faire voir.»

On peut consulter le site au www.acssq.com.