Le TDAH démystifié

La psychologue clinicienne Martine Verreault était de passage à La Tuque, la semaine dernière, afin de jeter un peu de lumière sur une problématique affectant 2,5% de la population adulte, mais qui apparaîtrait en fait dès la petite enfance : le trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité, mieux connu sous le nom de TDAH.

«Bien que les enfants soient généralement amenés en consultation pour un TDAH entre l’âge sept et neuf ans, le trouble pourrait faire son apparition plus tôt encore, débute-t-elle. Cela dit, les principaux symptômes sont alors très difficiles à distinguer, compte tenu que l’inattention et l’activité intense sont fréquentes et normales à un âge aussi bas.»

Comportant une composante héréditaire dans une majorité de cas, le TDAH est en fait lié à des anomalies de développement et de fonctionnement du cerveau. Contrairement à ce que l’on croit parfois, il n’est pas causé par des besoins affectifs non comblés ou par des problèmes psychosociaux, bien qu’il puisse être exacerbé par ces facteurs.

«Les personnes atteintes peuvent en outre présenter des symptômes tels qu’une agitation motrice, un tempérament difficile, une humeur changeante ou un sommeil perturbé, en plus d’avoir beaucoup de difficulté à établir une routine et une relation harmonieuse avec leurs parents, poursuit Mme Verreault. Enfin, on note parfois chez elles un retard de développement; cela dit, il faut préciser qu’aucune lien n’existe entre le TDAH et l’intelligence de la personne.»

Évidemment, de tels symptômes peuvent engendrer des problèmes majeurs chez l’enfant, et tout particulièrement l’adolescent. Parmi eux, Martine Verreault note une multiplication possible des conflits avec les pairs, la fabulation, le rejet ou le retrait social, la négation de la responsabilité, la faible estime de soi, la difficulté à percevoir et évaluer le danger, de même qu’une faible tolérance à la frustration.

«En plus d’affecter l’enfant ou l’adolescent, ces impacts se répercutent souvent sur la vie familiale. Ils peuvent mener à la détérioration de la relation avec l’enfant, de même qu’à un fort sentiment d’incompétence parentale. Parfois, les parents auront même tendance à s’isoler afin de ne plus avoir à faire face au regard des autres, et ils présentent davantage de risques de dépression, d’anxiété et d’autres types de détresse personnelle.»

Chez les adultes souffrant d’un TDAH, on remarque en général une diminution de l’hyperactivité, mais divers troubles cognitifs attentionnels demeurent bien présents, dont la distractibilité, la bougeotte des idées, la tendance à la procrastination ou à l’éparpillement, la difficulté à commencer et à terminer ses tâches, la difficulté avec la notion du temps, ainsi que l’impulsivité. Ce faisant, on comprendra aisément que ces personnes sont beaucoup plus à risques que les autres de perdre leur emploi fréquemment….

«Pour cette clientèle en particulier, il est bon de mentionner que le TDAH n’est en aucun cas causé par l’immaturité du cerveau, ni par une surconsommation d’aliments riches en caféine ou en sucre. Il n’est en outre lié à aucune cause sociale et frappe sans égard au statut socio-économique, les riches autant que les pauvres.»

Rappelons en terminant que la conférence de Martine Verreault s’inscrivait dans le cadre d’un colloque en santé mentale qui s’est déroulé durant toute la semaine à la Place du Parc, et auquel ont pris part une soixantaine de parents, intervenants et d’éducateurs.