Le feu dans les yeux!

Des pompiers de la Société de protection des forêts contre le feu (Sopfeu) se sont rendus en Ontario il y a quelques semaines afin de prêter main-forte pour combattre un immense feu de 40 000 hectares. Un Latuquois était du groupe; Daniel Chauvette nous raconte son expérience et du quotidien d’un pompier forestier.

Le Montréalais d’origine est arrivé à La Tuque il y a 19 ans, et cela fait 15 ans qu’il travaille pour la Sopfeu. Il a d’abord réussi un cours en foresterie à l’École forestière de La Tuque. «Comme je n’avais aucune expérience en forêt, ç’a été difficile de me trouver un emploi. Je pensais même retourner à Montréal. J’ai postulé à la Sopfeu et j’ai eu l’emploi.»

L’homme de 48 ans parle de son métier passionnément. «J’aime tout ce qui entoure mon métier. C’est un challenge de combattre un incendie de forêt. Il y a de l’adrénaline! On peut faire des voyages, et on est dans le bois. Mais c’est un métier très physique. Il ne faut pas que tu sois frêle pour être pompier forestier. On est constamment dans la poussière, la fumée, et les mouches! De plus au Québec, on peut faire 24 jours consécutifs, et de 10 à 15h par jour. Puis, nous sommes obligés d’avoir deux jours de congé, puis on peut refaire une autre série de 24 jours. L’an dernier, il y a des collègues qui ont fait cinq séries de 24 jours.»

Lorsque M. Chauvette s’exprime à propos des gros feux qu’il a combattus, ses yeux deviennent brillants. «Quand tu débarques sur un feu pour une attaque initiale, c’est toi contre une bête, le diable! Tu te dis que c’est toi contre lui et qu’il ne gagnera pas! De l’adrénaline à l’état pur. J’ai deux mots pour décrire mon travail : rock’n roll et le Viet Nam. Tu te réveilles le matin avec des hélicoptères qui te tournent autour! Mais la sécurité est très importante. On n’est pas des Supermans, on sauve des arbres et peut-être des chalets. On n’a pas à risquer nos vies.»

Les voyages

Le Latuquois d’adoption revient tout juste de l’Ontario où il était chef d’équipe avec trois jeunes de Val-d’Or. Il devait protéger la ligne de feu et établir le campement à cet endroit. De quatre à cinq jours au même endroit à protéger la ligne, puis lorsque tout est sécurisé, les pompiers sont transférés dans un endroit plus à risque. «L’Ontario est la seule province canadienne où les pompiers couchent dans des tentes sur la ligne de feu. C’est spécial, parce qu’on doit s’occuper de la malle, les hélicoptères viennent tous les deux jours pour chercher la commande de nourriture, et on se fait à manger. Mais on est bien équipé et on mange comme des rois. Par exemple, des gros T-Bones bien épais! Comme on est sur la ligne de feu, on se fait gâter! Pour toutes les autres provinces, on couche dans des campements et nous n’avons rien à nous occuper. Puis, en Ontario, les pompiers font un maximum de 14 jours consécutifs.»

En plus d’avoir lutté contre le gros feu en Ontario, Daniel s’était rendu en Alberta en 2002, et en Colombie-Britannique à deux reprises en 2003.

«Ce sont mes plus beaux souvenirs de mon travail. Surtout en 2003 en Colombie-Britannique avec les paysages qu’il y avait.»