La remontée du ski à La Tuque
De toute évidence, il y aura d’importants changements au Centre municipal de ski cet hiver. Des changements majeurs avec un investissement considérable qui montre qu’il est là pour rester. Cela, conjugué à une promotion voulant faire grimper le nombre d’adeptes de ski. Imaginez : vous pourriez sauver 100 $ sur votre abonnement si vous recrutez un nouvel abonné et celui-ci ne paiera que 100 $ pour dévaler les pentes. Belle et audacieuse promotion.
D’autres changements sont attribuables à un chambardement des heures d’ouverture, donc, par ricochet, de nos habitudes de skieurs. Règle générale, tout le monde semble bien vivre avec le nouvel horaire du Centre de ski. À part une petite exception.
Le ski ne sera plus possible le samedi soir, une décision économique qu’a prise le conseil municipal mardi dernier. Plusieurs attendaient du maire Normand Beaudoin, un gestionnaire issu du milieu des affaires, dès son élection, que les services municipaux qui perdent de l’argent subissent une réorientation.
Devant la Chambre de commerce en février, il a déjà affirmé que les manques à gagner annuels du Centre de ski devaient s’amenuiser : «Le Centre de ski a un déficit chaque année. Le Conseil veut que ce déficit s’améliore et nous le ferons en consultant les utilisateurs», avait-il dit en février dernier. C’est exactement ce qui est en train de se produire.
Or, cette semaine, on a senti une grogne dans les réseaux sociaux de la part de gens qui se demandent ce que feront les jeunes le samedi soir en l’absence de ski. Il est vrai qu’on en voit passer des planches, en soirée les week-ends, dans les pistes. Et, vous diront les parents : « au moins, on sait où ils sont ». Mais à deux équipes de hockey cette année, on peut croire que les jeunes auront une option pour des matchs au Colisée municipal. Le conseil municipal a prouvé qu’il était à l’écoute des skieurs en ramenant de 24 à 33 heures la période skiable chaque semaine. Combien sont-ils dans les pentes, le samedi soir? Si le nombre en vaut l’effort, peut-être sera-t-il sage de ne pas abandonner cette plage horaire, quitte à réaménager autre chose. Quant à elles, les autres mesures mises de l’avant ne laissent pas place à discussion.
En effet, il est impératif de se demander dans un tel cas ce qui adviendrait, si pareil site de loisir était administré par l’entreprise privée, surtout avec un trou annuel de 250 000 $ à 300 000 $. La compression budgétaire serait sans doute drastique au point où la survie même du centre pourrait être remise en question. Petite région, petit bassin d’utilisateurs, petits revenus. Grosses dépenses, en revanche. Combien de fois avons-nous entendu que les Latuquois ont de la chance de compter sur une structure comme le ski? Cette chance, elle est attribuable au fait que ce loisir est municipalisé.
Les skieurs se font moins nombreux depuis quelques années, mais les frais d’exploitation, eux, demeurent et augmentent. Il faut donc aller au-delà du débat d’une ville qui sabre aveuglément dans l’industrie touristique en se fichant de ceux qui aiment skier en soirée. Ce n’est pas le cas. On ne coupe pas par plaisir, mais par respect pour les contribuables non skieurs qui épongent, par leurs taxes, les sempiternels déficits du Centre de ski.
Peut-être que remettre le ski en soirée le samedi contribuerait à limiter le nombre de skieurs qui souhaitent se désabonner. C’est assurément vrai. Tout comme le fait que remettre le ski à l’horaire le samedi soir est un argument de plus pour que des gens viennent nous visiter. Peut-être aussi que si on est solidaire auprès de l’infrastructure en la fréquentant assidûment, on favorisera une remontée du Centre de ski.