D’où provient le phosphore du lac St-Louis?

Plusieurs rumeurs circulent en ville à propos des algues bleues du lac St-Louis. Y-a-t-il un lien avec l’usine? Est-ce qu’on peut vider le lac pour l’améliorer? Afin de répondre à quelques questions, L’Écho a demandé au directeur général adjoint, Louis Loiselle, de nous expliquer le phénomène des cyanobactéries du lac St-Louis.

« Il n’y a pas une condition similaire au Québec quant aux lacs aux prises avec le problème des algues bleues, indique M. Loiselle. Dans le milieu agricole, ce sont les agriculteurs qui sont pointés du doigt, mais il n’y a aucune étude sérieuse qui est réalisée. Pour le lac St-Louis, la seule étude sérieuse a été faite en 1984, et l’échantillonnage indiquait qu’il n’y avait pas de lien de cause à effet par rapport à l’usine. Les gens pensaient aussi qu’il pouvait y avoir une source souterraine entre le lac Vert, le lac abattoir et le lac St-Louis, mais aucun lien n’a été trouvé. »

Une des hypothèses envisagées par Ville de La Tuque est l’activité humaine. « Ça fait plus de 80 ans que le lac St-Louis doit subir l’activité humaine, poursuit le directeur général adjoint. Le lac a accumulé beaucoup de biosolides au fil du temps. Le lac était devenu mort et c’était pour renverser le processus que nous avons revitalisé le lac il y a quelques années. La revitalisation a entraîné une digestion plus rapide des éléments du lac. Il se nettoie mieux, mais en se nettoyant, il libère aussi des odeurs. Le lac avait vieilli de façon trop rapide et il était engorgé de matière organique. Comme il existe une source souterraine, il existe des colonnes d’eau qui vont du bas vers le haut du lac. Le mouvement du phosphore du bas vers le haut du lac est une hypothèse. Le problème, c’est que tout le monde veut renverser la machine du temps. On parle d’années avant qu’il redevienne correct. »

Et les aérateurs achetés au coût de 10 000 $, sont-ils installés? « Non, puisque pour les installer, nous devons voir le fond du lac. Alors, nous devons attendre. De toute façon, les aérateurs n’auraient pas fait de différence pour cette année. »

Et si on vidait le lac? « Le ministère de l’Environnement ne veut pas, répond M. Loiselle. Comme il existe des espèces naturelles et une flore importante, elles pourraient être détruites. Ça pourrait être une solution, mais le lac n’est pas une piscine. L’humain ne devrait jamais faire des interventions d’envergures dans un lac. Les experts disent que ça serait la dernière chose à faire. Si on se met à jouer dans le fond du lac, ça pourrait libérer d’autres éléments organiques ce qui pourrait faire encore plus de tort au lac. On avait d’ailleurs baissé le lac de quatre pieds et demi au printemps 2001 et les berges risquaient de s’effondrer. Présentement au niveau provincial, il n’existe aucun plan au niveau curatif, il s’agit de plan pour la prévention. Alors, les municipalités aux prises avec le problème doivent faire avec. »

Et les odeurs, y a-t-il un moyen de les atténuer? « Il n’y a rien qu’on puisse faire contre les odeurs », indique M. Loiselle.