Dissolution du Centre de Prévention Suicide

SANTÉ MENTALE. Le Centre de Prévention Suicide (CPS) a convoqué ses membres en assemblée générale spéciale afin de procéder à sa dissolution.

« Depuis 2015, l’Agence de santé nous avait demandé de restructurer les services du CPS afin de répondre plus précisément à la mission du centre qui est d’offrir une aide personnelle à des gens à hauts risques suicidaires et leurs proches ainsi que les gens endeuillés par le suicide. Avec les années, l’offre de services s’était éloignée de la mission première du Centre» a indiqué en assemblée générale Louise Armstrong, présidente du conseil d’administration.

Selon cette dernière, des actions ont été prises pour travailler dans cette direction. Le conseil d’administration avait interrompu des services de rencontres individuelles en janvier 2016, tout en maintenant la ligne d’écoute téléphonique. Il est important de mentionner que cette ligne téléphonique est toujours disponible 24 h par jour, sept jours par semaine avec des gens qualifié pour accompagner des personnes en détresse.

« L’objectif avec l’interruption des services locaux étaient de restructurer des postes à l’interne pour bien desservir les clientèles visées par le Centre, tout en maintenant un réseau de collaboration dans le milieu. Malheureusement, les objectifs de restructuration ont pas été atteints, le conseil d’administration doit se résigner à dissoudre l’organisme», a poursuivi Mme Armstrong.

Une lettre en ce sens sera acheminée au CIUSSS pour les en aviser. Selon le CPS, il restera à déterminer de quelle manière seront offertes les formations et le soutien au réseau Sentinelle dans le Haut-St-Maurice, pour laquelle une centaine de personnes avaient reçu une formation. Les administrateurs ont indiqué en assemblée noter les proccupations des gens et en faire le suivi auprès des instances adéquates.

Le deuil

Une divergence a semblé exister entre les visions du CIUSSS et du CPS quant à sa mission première. Selon les dirigeants du CPS, le CIUSSS aurait souhaité que l’organisme se tourne davantage vers le deuil, alors qu’eux identifiaient la prévention du suicide comme son objectif premier.

«On a fait beaucoup de rencontres, mais chaque fois, il n’y avait jamais rien de positif», déplore Louise Armstrong qui a répété avoir tout tenté au prix de nombreuses heures de travail pour garder le CPS en opération.

«Notre mission, c’est la prévention du suicide. Le conseil d’administration s’est rendu compte que c’était plus axé vers le deuil. On comprend que, suite à un suicide, il y a un suivi qui peut se faire au niveau du deuil. Mais ce n’est pas Prévention Deuil», enchaine Robert-Antoine Allard, administrateur. L’organisme a ensuite vainement tenté de se restructurer, mais a dû se résigner, ne disposant plus de revenus.

«On faisait telle chose, telle chose et ça ne convenait pas. On a dit : qu’est-ce que vous voulez ? Ça n’a jamais été clair et net», a poursuivi M. Allard. Le CPS a même embauché un spécialiste pour tenter de se redéfinir.

Ce dernier a rappelé que le CPS était un organisme de première ligne dont la vocation était de diriger les personnes à risques suicidaire vers des ressources compétentes.

«On ne fait pas ça de gaieté de cœur», lance Robert Antoine Allard

Le site web de l’organisme et sa page Facebook du CPS ont été désactivés.

Services toujours offerts

La conseillère cadre en communication au CIUSSS MCQ, Geneviève Jauron, a indiqué à TC Media que le CIUSSS a été informé de la fermeture du CPS.

«La grande majorité des services offerts avant la fermeture sont assurés par le CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec  en collaboration avec un Centre de prévention suicide du territoire», a dit Mme Jauron, rappelant du même coup l’existence d’une ligne téléphonique d’intervention provinciale.

«La ligne d’intervention provinciale 1-866-APPELLE (277-3553) est maintenue et doit demeurer une ressource bien connue de la population tout comme le programme Sentinelle qui est également assuré par le CIUSSS . Ce programme offre de la formation sur mesure en milieu de travail auprès des travailleurs qui leur permet de détecter des signaux de détresse auprès de collègues et de les référer aux ressources existantes. Pour les autres services qui étaient dispensés par l’organisme, nous en ferons l’évaluation dans un avenir très rapproché», indiquait la conseillère en communication.

Selon elle, il n’est pas souhaité par le CIUSSS de changer la mission de l’organisme pour s’orienter davantage vers le deuil. «La volonté du CIUSSS MCQ est de maintenir les services en prévention du suicide disponibles pour la population du Haut St-Maurice», a complété Mme Jauron.