Des points positifs à la fessée?

Le débat sur la fessée est relancé et part dans toutes les directions et sur tous les tons. En tant qu’organismes travaillant à la prévention de la violence faite aux enfants, notre position est claire. Espace Mauricie ainsi que tous les autres membres du Regroupement des organismes Espace du Québec considèrent la fessée comme une méthode disciplinaire inacceptable et comme une mauvaise utilisation du pouvoir de l’adulte pour contrôler l’enfant.

Cependant, culpabiliser les parents qui recourent à la fessée risque de les isoler davantage ce qui n’améliorera en rien le sort des enfants. Nous croyons qu’il importe plutôt de rejoindre les adultes pour susciter leur réflexion sur les risques et les impacts de la fessée.

Qu’apprenons-nous réellement à nos enfants en les frappant? Que c’est correct de frapper? C’est notre rôle de parent d’éduquer nos enfants, voulons-nous le faire avec amour ou avec violence? Voulons-nous établir avec nos enfants une communication saine basée sur le respect mutuel ou sur la crainte? Qui peut avoir confiance en quelqu’un qui le frappe? Finalement, quels peuvent être les impacts positifs de se faire frapper?

Ces questions ne sont que quelques-unes de celles que l’on doit se poser comme parent ou comme personne intervenant auprès d’eux. Il convient sans doute de faire une différence entre la petite tape sur les fesses donnée à l’occasion et les corrections physiques régulières. Bien sûr, l’impact et les conséquences sur l’enfant vont varier suivant son âge, sa personnalité, la qualité de sa relation avec ses parents, la gravité et la régularité des gestes posés. Ces nuances s’imposent, mais pourquoi retenir la fessée comme moyen disciplinaire alors que nous disposons maintenant de nombreuses alternatives efficaces et constructives, donc véritablement éducatives?

On peut comprendre un parent dépassé, débordé, qui tape son enfant. Il reste que les parents devraient utiliser leur autorité, leur pouvoir judicieusement pour assurer le bien-être des enfants. Ils devraient aussi se rappeler que c’est ce même pouvoir qui, mal utilisé, peut mener à l’abus de pouvoir qui se traduira en gestes de violence qu’elle soit physique, psychologique, verbale ou sexuelle.

Le débat actuel autour de la fessée et l’intérêt manifesté pour ce sujet par les parents qui participent à nos ateliers Espace ne font que confirmer l’importance de faire de la prévention. Culpabiliser les parents n’aide en rien la situation. Les excuser ou banaliser leurs gestes non plus. Les parents doivent plutôt se responsabiliser et recourir, si nécessaire, aux ressources qui les aideront à reprendre la situation en main. Les parents sont là pour guider leur enfant et, pour ce faire, calme et sérénité font mieux que force ni que rage. L’enfant a besoin pour s’épanouir de balises claires et cohérentes et d’adultes solides et aimants pour les encadrer. Cela peut se faire sans recourir à la fessée.

Diane Tremblay, au nom de la collective d’Espace Mauricie

Membre du Regroupement des organismes Espace du Québec oeuvrant en prévention de la violence faite aux enfants