Une voix prometteuse du cinéma autochtone

PREMIÈRES NATIONS. La jeune comédienne Mirociw Chilton, 15 ans, originaire de Wemotaci, a fait ses débuts au grand écran dans Soleils Atikamekw, le plus récent film de la réalisatrice Chloé Leriche. 

Un rêve d’enfance devenu réalité pour l’adolescente qui incarne le rôle d’Angèle dans ce drame inspiré d’une histoire vraie. « Je suis très contente, je suis très heureuse, parce que c’était un de mes rêves d’enfant, en vrai », confie-t-elle.

Invitée à prendre part à la 26e édition des Prix Arts Excellence, organisée par Culture Mauricie, en tant que récipiendaire du Prix du CALQ – Artiste de l’année en Mauricie décerné à la cinéaste Chloé Leriche, la jeune Mirociw Chilton a exprimé toute sa fierté de vivre un moment qu’elle qualifie de marquant.

« Quand je voyais des événements comme ça à la télé, je me me disais que j’aimerais être dans un événement comme ça. Aujourd’hui, l’enfant en moi est très heureuse », poursuit-elle.

Passionnée par les arts depuis son plus jeune âge, Mirociw Chilton a trouvé dans la création un refuge et un moyen d’expression personnel. « C’était une porte de sortie. J’ai eu des moments difficiles au début de mon adolescence. J’ai commencé à faire des rôles avec mes amis pour rire, puis j’ai commencé à dessiner, ensuite à faire de la musique. Ça m’aide beaucoup avec l’anxiété quand je ne vais pas bien », explique-t-elle.

La rencontre avec Chloé Leriche s’est faite par l’intermédiaire de son père qui a appris que la réalisatrice cherchait une jeune adolescente pour un rôle important dans son prochain film. « Je suis partie faire mon audition et ça a vraiment impressionné Chloé. Elle m’a dit que j’étais prise », raconte Mirociw.

Malgré des doutes initiaux, elle a décidé de poursuivre le projet. « J’ai beaucoup hésité au début. À la dernière minute, j’ai voulu arrêter. Mais finalement, je me suis dit que c’est important pour moi, mais aussi pour la famille qui a vécu ce drame-là. C’est important aussi pour ma communauté, de pouvoir évoluer avec le racisme systémique, de pouvoir arrêter ça. »

Le film, tourné en 2024 et lancé en salle la même année, traite d’un drame non élucidé survenu en 1977. Il s’inscrit dans une démarche de mémoire collective, impliquant étroitement la communauté atikamekw. Pour Mirociw, ce projet va bien au-delà d’une simple expérience artistique. « Ce n’est pas nécessairement juste de l’argent que je veux. C’est vraiment une passion pour moi. »

Actuellement étudiante, elle jongle entre l’école et son intérêt pour le cinéma. « En ce moment, je suis à l’école tout le temps, puis je fais le cinéma à côté. Ça se passe bien pour l’instant », dit-elle.

À 15 ans, Mirociw Chilton envisage déjà une carrière dans le domaine artistique. » Depuis que je suis jeune, je ne savais pas c’était quoi être actrice. Je pensais vraiment que c’était des vraies personnes. Quand j’ai su ce que c’était, j’ai dit à mes parents que je voulais en être une. C’est vraiment une carrière que je veux continuer. »

Elle espère aussi inspirer d’autres jeunes autochtones à suivre leur passion. « Je dirais à ceux qui ont ce rêve-là de ne pas s’arrêter parce qu’ils sont gênés ou qu’ils ont peur du jugement. S’ils sont heureux là-dedans, qu’ils continuent. Et si c’est des films vraiment représentatifs pour les communautés, qu’ils le fassent, pour que ça aide dans le futur. Même si c’est une histoire réelle, comme moi, que ça aide la famille, que le monde sache l’histoire. »