« Les professionnels en soins ne vont pas baisser les bras » – Patricia Mailhot 

Un an après avoir vu leurs conditions de travail être unilatéralement modifiées par leur employeur, les professionnelles en soins subissent une nouvelle vague de mesures néfastes. Selon eux, l’employeur y va de sa plus grande créativité afin de contraindre les professionnelles en soins à davantage de flexibilité, et ce au détriment de leur expertise. 

« C’est un non-sens. Ça fait un an que les professionnelles en soins dénoncent ces changements et leurs conséquences, et malgré tout, l’employeur persiste et signe dans la même voie avec une nouvelle série de mesures qui seront catastrophiques pour les professionnels en soins, mais également pour les patients de la région. Les infirmières, infirmières auxiliaires et inhalothérapeutes refusent de continuer à être les cobayes de la mobilité tant souhaitée par le ministre de la Santé, Christian Dubé », lance d’abord Patricia Mailhot, présidente par intérim du Syndicat des professionnelles en soins de la Mauricie et du Centre-du-Québec (FIQ-SPSMCQ). 

« Les membres ne vont pas baisser les bras. Ils vont continuer à dénoncer sur toutes les tribunes possibles que l’employeur a toujours la même vision tunnel dans sa gestion des soins et des services en Mauricie et au Centre-du-Québec. Jamais les professionnels en soins et les patients ne sont au cœur de ses motivations et de ses décisions. Pouvoir boucher un trou ici et là, en remplissant des tableaux Excel, voilà comment l’employeur gère le CIUSSS. C’était inacceptable il y a un an et ce l’est toujours tout autant aujourd’hui. »

Devant la sourde oreille de l’employeur à l’endroit des revendications des professionnelles en soins, la mobilisation se poursuivra. Rappelons que toute cette mobilisation des professionnels en soins a pris vie il y a un an quand l’employeur du CIUSSS MCQ a modifié leurs conditions de travail sans tenir compte de leur expertise, ni de leurs compétences en les déplaçant dans des secteurs d’activités où elles n’ont soit jamais travaillé ou soit jamais mis les pieds depuis des années. 

« On a fait une demande d’accès à l’information récemment. On voit que depuis le 6 février 2023, la date où se sont amorcées les mesures, il y a eu 665 employés qui sont partis. On ne peut vraiment confirmer s’ils sont tous reliés aux mesures, mais on en a rejoint 200 par téléphone qui ont confirmé que c’était en lien avec les mesures », ajoute Mme Mailhot.

« On n’a pas fini de voir des départs ou des congés de maladie. Les infirmières ne veulent pas donner des soins qui ne sont pas dans leur expertise, parce qu’elles ne sont pas à l’aise et ça vient créer de l’anxiété. Il faut que le message soit clair aujourd’hui. Nos membres veulent travailler les week-ends et ils sont d’accord, mais dans leur secteur, dans leur champ d’expertise. On donne des soins à des humains alors on n’a pas le droit à l’erreur. Les infirmières sont d’accord pour travailler des heures supplémentaires, mais dans leur secteur. Or, dites-lui qu’elle est dirigée au bloc opératoire ou en chirurgie, elle sera déstabilisée par les protocoles et les surveillances à faire avec les patients. On ne peut pas prendre une infirmière qui travaille milieu scolaire, non plus, pour cette tâche. »

La mobilisation se poursuivra 

Mme Mailhot confirme que cette lutte n’est pas que régionale et que les membres se tiendront debout.

« Cette lutte que nous pensions régionale, eh bien on l’a vu se transporter à l’ensemble du Québec. C’est exactement ce que le gouvernement cherche à obtenir dans le cadre de la négociation nationale. Les autres régions sont venues à nos manifestations et elles se disent derrière nous. Et malgré cela, le gouvernement veut appliquer la même recette dans tous les établissements du Québec? »

« Lorsqu’on parle aux autres régions, elles se questionnent. Les conditions de travail doivent s’améliorer, pas se dégrader. Par ailleurs, ça prend la bonne professionnelle en soins à la bonne place et dans de meilleures conditions de travail. Ça s’appelle le gros bon sens et c’est exactement ce que les professionnelles en soins ici, comme ailleurs, demandent. Les conditions de travail et les conditions de soins sont intimement liées et c’est le message que nous continuerons à marteler jour après jour », conclut-elle.