Commonwealth plywood: l’impact de l’incendie de l’usine de La Tuque
INDUSTRIE. Les employés de l’usine Commonwealth plywood de Shawinigan, 70 au total, ont reçu il y a deux semaines un avis de de licenciement collectif qui entrera en vigueur dans 5 semaines en raison d’un manque d’approvisionnement en bois.
Ce n’est pas la première fois que l’usine de Shawinigan doit arrêter sa production, mais c’est assez rare aussi tôt au début de l’été. Il s’agit d’un effet collatéral à l’incendie qui a ravagé l’usine de sciage de La Tuque le 7 mars 2021.
Il faut savoir que le bois utilisé par la compagnie pour sa production doit être d’une qualité supérieure pour produire du contre-plaqué qui répond aux attentes des clients. La compagnie n’a plus l’accès au même volume de bois attribué par le ministère des Ressources naturelles en lien avec l’incendie qui a détruit l’usine de La Tuque.
« Normalement à l’été, ce n’est pas la période de production de déroulage du bois, puisqu’il va avoir tendance à se dégrader avec les températures chaudes. Il y a 4 ans, on arrêtait pour les semaines de la construction, puis on repartait. Ensuite, ça été pendant un mois en juillet, après c’était pendant deux-trois mois. Mais là, on ne sait pas, c’est pour une durée indéterminée, le temps qu’on soit capable de rebâtir les inventaires de bois ronds. Ça va aller probablement plus à l’automne pour la reprise », affirme Christian Léveillé, directeur foresterie Mauricie pour Commonwealth plywood.
Une reconstruction à La Tuque?
M. Léveillé revient sur les impacts de l’incendie de l’usine de La Tuque, notamment pour le volume de bois attribué à la compagnie. « Ça prend un volume minimal de volume de bois pour faire opérer les équipements d’une usine. Celle de La Tuque avait une attribution de 36 000 m3 de bois par année. Ce n’est pas suffisant pour justifier la construction d’une nouvelle usine. On a donc demandé au ministère de vérifier s’il n’y avait pas des volumes de disponibles pour pouvoir permettre la reconstruction de l’usine. Je ne dis pas que l’usine de La Tuque ne pourra pas être reconstruite, mais pas avec si peu de volume. On investirait des millions pour une usine qui fonctionnerait que le tiers du temps, les volumes ne sont pas suffisants pour justifier cet investissement. »
Le déroulage du bois doit être pratiquement sans nœuds afin qu’il soit de haute qualité pour l’usine de Shawinigan pour la production de contre-plaqué. Par exemple, pour une quantité de 100 000 m3 de bois après le déroulage, c’est environ 15 000 m3 qui va à l’usine de Shawinigan.
« Il reste donc 85 000 m3 de bois. Donc, ce que la compagnie avait tenté de faire, depuis les années 70-80, c’était d’intégrer un peu la chaîne. C’était d’avoir des usines qui allaient utiliser de 85 000 m3 de bois qui allaient rester. Donc, c’est pour ça qu’on avait une usine de sciage à La Tuque. Elle venait scier les volumes qui n’étaient pas possibles d’envoyer à Shawinigan parce qu’elles étaient de qualité inférieure », ajoute M. Léveillé.
La reconstruction de l’usine de La Tuque est donc directement liée avec le volume de bois consenti par le ministère. « On continue de se battre tous les jours pour qu’on ait des volumes », ajoute le directeur régional.
Combien de temps la compagnie pourra-t-elle faire survivre l’usine de Shawinigan avec les volumes actuels? « Je ne sais pas combien de temps vous êtes capable de retenir votre souffle sous l’eau », image-t-il. « Présentement, on réussit à vivre grâce au brio, du génie de tous les employés. On essaie d’alimenter l’usine de Shawinigan comme on peut. Je me vois comme un prospecteur minier. On essaie d’aller forer tous les endroits où est-ce qu’il y a de la qualité. »
Des appuis des villes
Il y a quelques mois, la Ville de La Tuque a donné son appui à la compagnie afin de demander au ministère des Ressources naturelles et des Forêts de consentir le volume de bois approprié afin que la compagnie puisse maintenir ses opérations en Mauricie.
Lors de son assemblée publique de juin, les élus de Shawinigan ont aussi appuyé la compagnie dans ses démarches auprès du ministère afin qu’il adopte une vision cohérente du développement forestier régional.