CNA : le projet de bioénergie et les logements dans la mire

ATIKAMEKW.  Voilà maintenant 10 ans que le Grand Chef de la nation atikamekw Constant Awashish a été élu pour une première fois. Celui qui est à la tête du Conseil de la nation atikamekw (CNA) a notamment pris les rênes du dossier des revendications territoriales avec le gouvernement du Québec. Le CNA est le porteur du dossier du projet Bioénergie La Tuque (BELT), en plus de s’attaquer à la crise du logement.

Pour des raisons personnelles, le président de BELT Dany Chilton s’est retiré, si bien que c’est le Grand Chef Constant Awashish et l’équipe du CNA qui reprend ce dossier si important économiquement autant pour la communauté atikamekw de Wemotaci que pour La Tuque.

« On entre dans la phase de préparation des consultations et des études d’ingénierie avec la troisième phase du projet. À ce jour tous les éléments sont positifs », commente M. Awashish.

L’objectif de BELT demeure la transformation de la coupe forestière en biocarburant. Le CNA collabore avec la société finlandaise Neste Corporation, mais aussi avec des promoteurs potentiels pour la production de carburant industriel et gaz renouvelable deuxième génération.

La première phase pour les études de faisabilité est survenue entre 2017 et 2020. La deuxième phase consistant en des essais de transformation de la biomasse en biocarburant s’est échelonnée de 2019 à 2023 avec l’usine pilote en Europe.

La troisième phase qui est en cours consiste à maîtriser les éléments critiques pour la réussite du projet. On retrouve notamment le besoin d’élargir le pont de la route 25 pour l’acheminement des résidus forestiers vers la future usine à La Tuque, l’analyse des choix de sites qui est complétée à 80%, les besoins d’infrastructures locales, dont les logements, l’eau et le traitement des eaux usées, la logistique d’approvisionnement et d’expédition, tandis que les études pour l’entreposage sécuritaire d’hydrogène sont presque faites.

Il sera aussi nécessaire de traverser les étapes du Bureau d’audience publique en environnement (BAPE) qui sont prévues sur une période de 18 mois.

Une fois les audiences terminées et le financement ficelé, la construction pourrait débuter vers 2028-2029.

À terme, il est question d’une usine avec une capacité de 200 millions de litres de biocarburants, correspondant à 140 000 véhicules et pouvant créer 500 emplois directs et indirects, dont une centaine d’emplois occupés par des Atikamekw.

La crise du logement

Pour Constant Awashish, il affirme qu’avec le gouvernement fédéral, il faut trouver une solution pour réaliser du rattrapage concernant la crise du logement dans les communautés, tout en avançant la moyenne de 8,2 individus par résidence. « Ce n’est pas une situation facile. De plus en plus, les jeunes restent en ville parce qu’il n’y a plus de place dans les communautés. On voit de plus en plus d’Atikamekw travailler dans les commerces ou entreprises. C’est pourquoi nous avons des projets de construction pour des immeubles à loyers modiques pour les Autochtones à La Tuque. »

Le CNA a déjà procédé à l’acquisition du terrain de l’ancienne Taverne Beaudet pour la construction d’un immeuble d’une douzaine de portes, un projet de 4 à 5 M$. Les détails devraient être annoncés prochainement puisque la construction devrait commencer cette année.

Le CNA lorgne aussi le terrain de l’ancien jardin communautaire à proximité de la Maison de Jeunes. Il est question d’un immeuble pour des loyers abordables pour Autochtones et le CNA croit pouvoir ajouter 18 portes. « Il n’y a déjà pas de logements à La Tuque, et c’est très difficile pour les Atikamekw de se trouver un loyer. C’est pourquoi ces deux projets pourraient aider à contrer la crise du logement. »

Le CNA a aussi été impliqué dans un projet d’un immeuble de 24 logements à Roberval dont la première pelletée de terre a déjà été faite. « On a déjà une certaine expérience dans la gestion de l’immobilier, notamment avec l’achat du Carrefour La Tuque depuis plusieurs années. »