Blocus : « Il y a clairement quelqu’un quelque part qui bloque le processus »

LA TUQUE.  Flanqué de conseillers municipaux et de la direction générale, le maire de La Tuque Luc Martel n’a pas mâché ses mots lundi matin concernant le blocus forestier et l’inaction du gouvernement du Québec. Le maire Martel somme le gouvernement et la Sûreté du Québec (SQ) d’intervenir alors que le sort de l’économie de la région se trouve entre les mains « d’un individu qui se fait justice soi-même » et demande qu’une enquête publique fasse la lumière sur ce dossier qui perdure depuis plus d’un an.

« Je ne suis pas le gars qui règle mes problèmes dans les médias et sur la place publique, mais je n’avais pas le choix de sortir publiquement en raison de l’inaction de notre gouvernement dans ce dossier, exprime d’entrée de jeu le maire Luc Martel. C’est une situation qui dure depuis plus d’un an, et selon nous, devrait faire l’objet d’une enquête publique. Personne n’a le courage d’agir pour régler le problème. Les inondations et les feux de forêt on fait mal à notre économie, on doit vivre avec parce qu’on n’a aucun contrôle. Mais trois blocus sur un chemin forestier en plus d’un an, ça n’a pas aucun sens! Surtout qu’on parle d’un individu qui n’est même pas reconnu par sa population et qui se fait justice lui-même au Québec. Il a même menacé la Ville de La Tuque à la radio locale en faisant une déclaration de guerre, ce n’est pas rien! On a fait une plainte à la SQ pour se faire dire qu’elle est non recevable. Si quelqu’un faisait une menace publiquement à une personne, dans l’heure qui suit, la police serait à sa maison pour saisir ses armes et un processus judiciaire serait enclenché! Y’a-t-il deux lois au Québec? »

Le premier magistrat poursuit en indiquant avoir réalisé son chemin de Compostelle dans ce dossier en multipliant les rencontres et les discussions avec plusieurs ministères, des députés, des chefs de cabinet, en plus de lettres envoyées au premier ministre Legault, des rencontres avec la SQ, les compagnies forestières, avec le Conseil de la nation Atikamekw (CNA) et le Conseil des Atikamekw de Wemotaci. Une rencontre avec tous les acteurs a été réalisée le 8 janvier dernier afin de trouver une solution.

« C’était unanime de tous les partis présents, on doit faire appliquer la loi au Québec. Quand je parle à la SQ, je me fais dire que les ordres viennent d’en haut. Quand je parle au gouvernement, on me dit que c’est un dossier de la SQ. Ça tourne en rond et il n’y a rien qui se passe. Il y a clairement quelqu’un quelque part qui bloque le processus. On a des usines sur le point de fermer, on a des travailleurs qui vont perdent leur job. Ce n’est pas la Ville qui peut mettre un terme au blocus, alors on a décidé de dénoncer la situation publiquement. »

« L’impact de leur inaction, ce sont des pertes d’emplois et en plus, le blocus commence à attirer des extrémistes, poursuit le maire Martel. Ils attendent quoi à Québec? Une crise sociale comme celle qui a eu lieu à Ottawa? Ce blocus prend toute la région de la Mauricie en otage et on ne fait rien. C’est complètement aberrant. Ça me dépasse. Si quelqu’un comme moi, ou une autre personne dans cette salle bloquait une route, on se ferait arrêter dans les minutes qui suivent. On espère que notre cri d’alarme sera entendu à Québec. »

M. Martel ajoute avoir l’appui de la députée Marie-Louise Tardif, mais si les autres députés de la Mauricie se joignaient à elle, elle serait peut-être écoutée. 

« Une entreprise forestière a demandé une injonction pour faire respecter les lois du Québec, ce n’est pas rien. Qu’une entreprise privée doive aller en cour pour faire respecter une loi au Québec, on a un méchant problème. Cet individu intimide les villégiateurs et les touristes. Nous avons déjà vu arriver des annulations dans nos pourvoiries pour cet été. Ce n’est pas juste La Tuque qui souffre, c’est l’économie de toute la Mauricie qui est prise en otage par un individu qui se fait justice lui-même. Je pense que peu importe la couleur de notre peau ou nos origines, on ne peut pas se faire justice soi-même au Québec. Les lois doivent être appliquées pour tout le monde. À moins qu’il y ait deux lois au Québec, et si oui, on est vraiment rendu une république de bananes. Je demande une enquête publique pour faire la lumière sur cette situation qui dure depuis trop longtemps. Je vais sûrement demander de l’aide de l’opposition officielle », ajoute le maire.

Lors de la rencontre du 8 janvier, le député fédéral François-Philippe Champagne était aussi sur place et il a indiqué qu’il pourrait aider La Tuque. La Ville n’envisage toutefois pas de faire appel à l’armée canadienne.

« Je vais rappeler au gouvernement que la foresterie vient au troisième rang dans l’économie du Québec. On entend le gouvernement parler de l’acier vert, et de l’aluminium vert, c’est beau, mais j’ai un message pour nos politiciens à Québec : la journée qu’ils vont aller aux toilettes et s’essuyer avec une feuille d’aluminium, ils vont trouver ça rough! », ajoute-t-il.