Amoindrir la pauvreté en élargissant le Programme de revenu de base
NICOLET. Des militants de la Coalition pour les droits des personnes assistées sociales de la Mauricie et du Centre-du-Québec étaient réunis lundi (13 mai) à Nicolet pour se faire voir du premier ministre François Legault. Ils ont manifesté devant la microbrasserie La flûte à bec et demandé à ce que le Programme de revenu de base puisse s’appliquer à toutes les personnes bénéficiant de l’aide sociale.
« Nous évaluons que le coût d’étendre le Programme de revenu de base (PRB) à l’ensemble des bénéficiaires de l’aide sociale serait très faible en valeur monétaire, et pratiquement nul si on tenait compte des impacts sociaux et sanitaires d’une telle mesure », plaident-ils.
Le porte-parole du groupe, Pierre Blanchet, explique qu’il y a actuellement quatre programmes principaux à l’aide sociale et que les prestations versées varient de 807$ par mois à 1627$. Ce dernier montant est le plus élevé qu’une personne puisse recevoir et c’est dans le cadre du PRB qu’il est versé. Or, ce programme s’adresse seulement aux personnes ayant des contraintes à l’emploi sévères et persistantes.
« On demande que toutes les personnes à l’aide sociale puisse avoir ce montant de prestation afin de simplifier le quotidien. Chaque année, il y a indexation des prestations, mais ça ne suit pas l’augmentation réelle du coût de la vie. Le loyer, l’épicerie, les vêtements, les produits pharmaceutiques en vente libre, les produits d’hygiène; tout augmente. Avec l’évolution du coût de la vie, la prestation de base ne permet que de combler que 46 % des besoins essentiels. Cela amène de graves conséquences pour la santé des gens et c’est nous tous qui devons en assumer les conséquences en bout de ligne. »
« Depuis quelques années, de plus en plus de personnes nous disent vivre dans leur voiture ou dans la rue. Avec un loyer moyen autour de 800 $ par mois pour un 3 ½, comment voulez-vous arriver? Qui accepterait de vivre avec 35 $ par jour pour combler tous ses besoins? », ajoute-t-il.
M. Blanchet affirme que » le PRB pour toutes les personnes à l’aide sociale, ce serait une solution très facile et à coût nul pour le gouvernement pour améliorer leurs conditions de vie de façon très importante. «
L’économiste Alain Dumas a étudié la question et a évalué que le coût d’une telle mesure serait de 460 millions de dollars par an, sans tenir compte des économies que ferait le gouvernement, quant aux coûts de la pauvreté en ce qui concerne le système de santé, l’hébergement dans des lits de refuge et la criminalité. En 2011, le Centre d’étude sur la pauvreté et l’exclusion estimait ces coûts à 17 milliards de dollars par an.
Le porte-parole de la Coalition est conscient que la prestation du PRB est d’un montant moins élevé que celui de la Mesure du panier de consommation de Statistique Canada. Toutefois, cela représenterait, selon lui et la Coalition, pas très important pour améliorer les conditions de vie des personnes les plus vulnérables de la société.
« Elle permettrait à environ 180 000 adultes au Québec, dont 13 800 en Mauricie et Centre-du-Québec, qui ne font pas partie du PRB présentement, de pouvoir en bénéficier. Cela réduirait leur stress quotidien de façon considérable, entre autres, en mangeant et en dormant mieux, et leur permettrait ainsi participer plus activement à la communauté et au marché du travail, au lieu d’être en mode survie constamment. »
La Coalition croit qu’il est grand temps que la loi de l’aide sociale soit modernisée pour être un programme qui respecte le droit de chacun d’avoir accès à un revenu décent.
Rappelons qu’une » modernisation » de la loi de l’aide sociale a été annoncée par la ministre Chantal Rouleau. Par son action, la Coalition a souhaité faire entendre à M. Legault une proposition qui changerait la donne pour une partie significative de la population.
La Coalition pour les droits des personnes assistées sociales de la Mauricie et du Centre-du-Québec regroupe les organismes suivants : Comité pour la défense des droits sociaux de La Tuque; Droits Devant/Érable; Groupement pour la défense des droits sociaux de Trois-Rivières; Mouvement d’action solidaire des sans-emploi des Chenaux; Regroupement pour la défense des droits sociaux de Nicolet; et Regroupement pour la défense des droits sociaux de Shawinigan.