Quinze mois de prison pour Alain Bellemare

JUSTICE. Accusé de voies de faits graves à l’endroit d’une fillette de cinq ans, Alain Bellemare, un résident de Wemotaci a été condamné à 15 mois de détention fermes au Palais de justice de La Tuque.

Dans le jugement de 21 page lu en français et ensuite traduit en Atikamekw, le juge a relaté les faits : une fillette de cinq ans qui a été brûlée sur plusieurs partie de son corps à 25 reprises.

La décision a été prise avec, en toile de fond, un rapport de type «Gladue», qui fait état des dommages collatéraux liés aux violences subies par les autochtones dans les pensionnats. « Le tribunal va s’y référer pour expliquer les réalités historiques et systémique vécues par les Atikamekws en Haute-Mauricie», a précisé le juge Guy Lambert.

Alors Grand Chef du Conseil de la Nation Atikamekws, Eva Ottawa avait indiqué, lors d’un séminaire sur la justice autochtone destiné aux juges de la Cour du Québec qu’il fallait toujours garder en tête le passé individuel et collectif de l’autochtone qui se retrouve devant eux. « Les pensionnats ont laissé d’énormes séquelles. Nous savons que ça va prendre 7 génération pour réparer cette plaie et je représente la troisième génération», avait-elle laissé entendre.

A cet égard, le juge a rapporté le climat dysfonctionnel de la famille dans laquelle l’accusé a été élevé, lui qui aurait subi de la violence de la part de ses frères aînés, tout cela, dans un fond d’alcoolisme et toxicomanie.

La poursuite avait réclamé une peine de quatre ans de prison puisque, selon elle, les faits reprochés à l’accusé sont très graves. « La jeune enfant a dû souffrir, on ne la jamais amenée à l’hôpital. Il ne s’agit pas d’un geste isolé».

Quant elle, la défense a plaidé que l’accusé n’a pas d’antécédents judiciaires, que les faits se sont produits il y a cinq ans et qu’aujourd’hui, il est de nouveau en couple et a deux autres enfants. Il a suivi une thérapie en milieu naturel est suivi par un psychologue. La défense avait proposé de surseoir à la sentence et d’imposer une progression de trois ans avec des conditions spécifiques.

Impassible pendant les deux heures où la sentence a été lue, l’accusé a pleuré à la toute fin.

Sans dire s’il ira en appel, le procureur des poursuites criminelles et pénales, Me Eric Thériault, croit que la peine a été clémente même si le juge a pris en considération des principes qui doivent guider les juges dans des dossiers autochtones.