Jean-Paul Néashish : sentence le 11 octobre

JUSTICE. L’ex-chef de police de Wemotaci, Jean-Paul Néashish, connaîtra sa sentence le 11 octobre prochain au Palais de justice de La Tuque.

C’étaient les représentations sur sentence dans ce dossier d’agressions sexuelles pour lesquels il a été reconnu coupable en février dernier. À cette occasion, le procureur de la couronne, Me Eric Thériault, a demandé une peine de 7 ans de pénitencier au juge Jacques Lacoursière de la Chambre criminelle et pénale de la Cour du Québec. L’avocat de Néashish, Me David Monaghan, suggère «une peine provinciale», soit deux ans moins un jour ou moins.

«40 ans, c’est une vie d’agressions», a fait valoir Me Thériault, soulignant le fait que les agressions se soient produites entre 1966 et 2006.

Selon lui, le juge ne devrait pas tenir compte d’un arrêté de type Gladue qui a été rédigé, lequel met en perspective les effets dévastateurs des pensionnats sur les autochtones, pouvant être à l’origine de problèmes avec la justice que certains peuvent vivre. Malgré tout, estime-t-il, Jean-Paul Néashish a très bien réussi sa vie professionnelle, lui qui a été chef de police, conseiller au conseil de bande et négociateur adjoint pour le Conseil de la Nation Atikamekw.

« C’était un policier en fonction pour deux des cinq victimes, a poursuivi Me Thériault, évoquant au passage les événements de Val d’Or, qui ont malmené la confiance des autochtones envers les policiers. Les policiers ont de la difficulté à faire parler les gens». Deux des agressions se sont produites alors que Jean-Paul Néashish était policier, dans le véhicule de police.

L’avocat de la couronne a aussi fait ressortir le manque d’empathie de l’accusé face à ses victimes et le fait qu’il les ait qualifiées de menteuses. Il a aussi indiqué que l’accusé est sobre depuis 1981 et qu’on ne peut attribuer les crimes reprochés à une consommation d’alcool. Il a aussi mis en relief le fait que Néashish était élevé dans la hiérarchie sociale de la communauté.

Pour sa part, l’avocat de Néashish, Me David Monaghan, a livré un bref plaidoyer. Il croit que le rapport Gladue confectionné dans ce cas, devrait, au contraire, être pris en compte. « Ce n’est pas parce qu’il a réussi sa vie professionnelle qu’il n’a pas de traumatismes (liés au pensionnat)», a-t-il signalé.

Il a aussi fait ressortir devant le juge le fait que l’accusé à une mobilité réduite, qu’il souffre de diabète et qu’il a certains problèmes de vision. Ce à quoi Me Thériault rétorquait que l’ex-lieutenante-gouverneure du Québec, Lise Thibault, avait été incarcérée «même en chaise roulante».

«Son CV montre qu’il a fait du bien auprès de sa communauté», a poursuivi l’avocat de la défense.

«Deux thèses s’affrontent», a dit le juge Lacoursière, devant les visions opposées de la couronne et la défense. 

Cinq victimes

Arrêté en 2012, Néashish a été reconnu coupable en février d’agressions sexuelles sur 5 personnes, dont trois mineures. Le juge Jacques Lacoursière a publié une ordonnance de non publication empêchant de publier tout élément permettant de les identifier.

Parmi les événements reprochés, alors qu’il était policier en uniforme, on lui reproche d’avoir agressé une femme dans un véhicule de police. Elle était intoxiquée par l’alcool. En chemin, ils auraient croisé Marcel Boivin, un autre accusé dans cette affaire et tous deux se seraient livrés à une agression sexuelle complète sur la dame. Également dans le début des années 80, une autre femme, âgée de 23 ans, aurait subi des attouchements dans le véhicule de police. Il lui aurait conseillé de ne pas en parler et que de toute façon « personne ne la croira». Alors qu’elle était intoxiquée, il aurait eu une relation sexuelle complète avec elle.

Parmi les accusations relatées en cour, il y a des attouchements sur une victime d’âge mineure, en 1966. Une autre, dans le début des années 80 qui était âgée à l’époque entre 7 et 10 ans, aurait été victime d’attouchements une dizaine de fois. Au début des années 2000, soit jusqu’en 2006, il a commis des attouchements sur une fillette âgée entre 7 et 14 ans.