Victor, trucker géant, féru de littérature

LIVRE. Francine Brunet a un intérêt pour les personnages atypiques, qui sortent de l’ordinaire. Après Le Nain, son premier roman paru un 2014, elle passe à l’autre extrême avec Le Géant.

Le géant dont il est question, c’est Victor Scarpa, six pieds sept pouces, trucker féru de littérature habitant La Tuque avec sa compagne herboriste Franie au passé mystérieux, leur fille Babal, dont on découvrira une facette inusitée au fil de la lecture, et Rosie, la fille de Victor, calculatrice prodige et ado en déséquilibre.

«C’est justement parce qu’ils sortent de l’ordinaire qu’ils m’intéressent, souligne l’auteure latuquoise. J’ai un amour naturel pour les gens qui ne sont pas pareils. J’ai peut-être une certaine familiarité à les décrire. Je suis visuelle. J’aime les imaginer. Ce sont des personnages qui sont dans ma tête depuis belle lurette déjà. Là, enfin, je peux les déverser.»

Cette histoire est née des longs voyages en voiture de Francine Brunet et son conjoint artisan verrier. Il n’était pas rare qu’ils avaient à se rendre à New York, Philadelphie ou Toronto. Souvent, ils arrêtaient manger dans les truck stops.

«On savait que la nourriture est bonne et on se tannait de manger des frites. Dans les truck stops, il y avait toujours des boutiques qu’on allait toujours voir. On y retrouvait, dans le temps, des livres audio. Je ne connaissais pas ça. À un moment, on a pris un livre audio d’Isaac Asimov. C’est là que ça a commencé. Je me suis intéressée aux disques audio. C’est là que je me suis dit que ce serait tripant de créer un trucker qui adore la littérature», raconte Francine Brunet.

Il en ressort des moments savoureux autour de la table ronde du ClubAudi, tenu dans un truck stop, moments lors desquels des camionneurs échangent sur la littérature.

Par ailleurs, ceux qui ont lu Le Nain retrouveront quelques personnages du premier roman de l’auteure qui font des apparitions au fil de l’histoire.

«J’avoue que j’ai été influencée par les gens qui ont lu Le Nain et qui étaient déçus de devoir dire adieu aux personnages. Ça m’a encouragée à les ramener pour faire trempette», explique-t-elle.

Le Nain a reçu un bon accueil du public, se frayant même une place parmi les finalistes du Grand Prix littéraire Archambault du meilleur premier roman en 2014. Francine Brunet admet qu’elle craignait que Le Géant soit «plate» comparativement à son premier roman.

«J’avais hâte d’avoir la réaction de mon éditrice et de mon mentor, hâte qu’ils me disent qu’il est meilleur que le premier. J’ai ce souci d’avoir une évolution dans mon écriture. Je trouvais aussi que j’étais plus fluide et que l’écriture me venait plus naturellement dans ce deuxième livre. Je me suis laissé aller. Je me sentais plus en confiance.»

Francine Brunet a déjà commencé à visualiser son prochain roman. Impossible de soutirer des informations, sinon qu’on aura le bonheur de retrouver quelques personnages auxquels les lecteurs se sont attachés.

Le Géant | Éditions Stanké | 222 pages | Disponible en librairie